Quel spectaculaire recul du gouvernement libéral dans le dossier du crédit d’impôt en raison de l’âge! Les comptables ayant commencé à remplir les rapports d’impôt sans ce crédit, notre collègue Michel Girard a signé une chronique choc sur le sujet dans Le Journal. Et BOUM!
Les mouvements représentant les gens du troisième âge se sont mobilisés et ont lancé une pétition. De leur côté, les partis d’opposition ont vu des gains faciles: ils ont sauté sur l’affaire comme un fauve sur sa proie. En quelques jours, le gouvernement libéral s’est retrouvé sur la défensive et le pauvre ministre Leitao comme un chevreuil sur la route... euh... l’autoroute.
Sur papier, la mesure libérale visait un objectif valable: encourager les personnes de 65 ans et plus à demeurer un peu plus longtemps sur le marché du travail. La plupart des économistes s’accordent pour dire que cette orientation est souhaitable – pour ne pas dire inévitable – dans le contexte démographique que nous connaissons.
Indéfendable !
Dans les faits, cependant, l’abolition de ce crédit d’impôt ne tenait pas la route. Les personnes avec les revenus les plus faibles mangeaient la claque et aucune autre mesure de compensation ne venait encourager le maintien en emploi. Dans sa forme, la décision est vite devenue indéfendable. Tellement indéfendable que ceux qui ont tenté de l’expliquer ont rapidement manqué de mots et perdu la face.
Le recul du gouvernement n’a pas été chic. Dans un premier temps, le premier ministre a voulu sauver les apparences en jetant du lest et en annonçant une correction dans le prochain budget. Il pensait calmer le jeu. Or, la bête a continué à rugir, et les représentants des aînés ont maintenu la pression et continué à utiliser la formule magique: «On va s’en souvenir!»
Finalement, le ministre des Finances s’est fait expliquer par le bureau du premier ministre qu’il est moins grave d’avoir l’air fou que de perdre les élections. Il a donc convoqué la presse mercredi pour annoncer un recul complet. Le drapeau blanc devant le pouvoir gris.
Il faisait pitié, le monsieur Leitao, dans son annonce. Il pense encore comme un économiste, lui. Pas encore complètement rompu à la politique. Il était convaincu d’avoir raison.
Il ne pouvait pas s’imaginer que la décision devenait purement politique. Une décision prise par des stratèges libéraux qui constatent l’étendue des dégâts et qui hurlent l’urgence d’annuler cette mesure, suspendus aux tuiles du plafond de la salle de conférence. Parce qu’ils connaissent l’importance électorale de la clientèle visée.
Des gens vulnérables ?
Dans la défense de leur point de vue, les associations de retraités ont condamné le gouvernement qui s’attaquait à une clientèle vulnérable. Il est exact que la mesure touchait des gens à faible revenu. Mais une génération sans pouvoir?
Les 65 à 70 ans sont tout sauf vulnérables. Ils sont nombreux, actifs, influents, organisés, politisés. Contrairement à autrefois, ils n’ont plus de fidélité à un parti. Ils sont la terreur des politiciens. Ils peuvent faire et défaire les gouvernements. Vulnérables? Là-dessus, elles avaient tort.
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