LE COMBAT OBAMA–NETANYAHU

La revanche

Netanyahu aux USA - mai 2011


De nombreux commentateurs sportifs ayant assisté à la dernière
confrontation Obama-Netanyahu ont déclaré le pugiliste Netanyahu vainqueur
par KO technique, surtout après le 4e round dans la salle du Congrès
américain que le lutteur sioniste a remporté haut la main. Tous ces
analystes oublient simplement que ce n’était qu’un combat qui appelle un
match-revanche qui lui n’aura lieu qu’après 2012, suite à la réélection
possible d’Hussein Obama comme aiment l’appeler les évangélistes
américains.


Passons en revue les quatre premiers rounds de ce récent combat singulier.
Le 13 mai, George Mitchell, l'émissaire spécial de Barack Obama au
Moyen-Orient démissionne, suite à l’échec de sa mission soi-disant de paix.
« En fait, c'est un constat d'échec pour ce diplomate chevronné, qui tire
un mauvais bilan de ses deux années à tenter de briser l'impasse entre
Israéliens et Palestiniens. Navettes, entretiens, pressions, compromis…
Tout y est passé, en vain. Georges Mitchell n'a pas réussi à relancer le
processus de paix, pas même à réunir les deux parties face à face autrement
que pour des « photos », des séances photos sans lendemain comme le
Proche-Orient en a tant connues. » (1)


Quand Barack a été élu à la présidence américaine, il avait sincèrement le
projet de régler l’affaire palestinienne selon le point de vue américain
évidemment, c’est-à-dire d’amener le leadership palestinien accrédité par
Washington (L’Autorité sans autorité) à imposer d’autres compromis honteux
au peuple palestinien en récompense de quoi lui, le Président des
États-Unis (siégeant à dix mille kilomètres de la terre sainte),
accorderait un État (bantoustan) au bon peuple palestinien, ce bantoustan
couvrant la bande de Gaza actuelle et une partie de la Cisjordanie.
L’étendue du terrain en Cisjordanie serait l’objet des négociations entre
le gouvernement qui gère la base militaire américaine au Levant et
l’Autorité palestinienne de l’accommodant Mahmoud Abbas, président illégal
depuis deux ans.
L’une des concessions importantes attendues du traître Abbas concernait les
4 millions et demi de réfugiés palestiniens qui ne devraient avoir droit de
retour que dans l’État bantoustan à venir; l’autre concession concernait
Jérusalem : un village de la banlieue de la capitale israélienne serait
rebaptisé Jérusalem et tiendrait lieu de capitale éternelle pour le peuple
martyr palestinien, comme Yasser Arafat l’avait déjà concédé auparavant.
Enfin. L’État bantoustan devrait être démilitarisé et seuls les services de
sécurité répressifs seraient chargés d’incarcérer les palestiniens refusant
ces concessions. Dernière concession: l’eau disponible dans toute cette
région serait en définitive sous contrôle israélien.

« Une Autorité palestinienne extrêmement souple, comme l'ont montré les «Palestine Papers », les documents de négociation qui ont « fuité » du côté de la chaîne Al Jazeera. Mais un leadership faible, incarné par Mahmoud Abbas » (2)

Ayant arraché toutes ces concessions aux négociateurs palestiniens, Barack
Obama croyait l’affaire entendue. Il se heurta au gouvernement fasciste
israélien qui avait justement été placé là par l’aile radicale –
revancharde – du Congrès américain en prévision de ce bras de fer anticipé.
Le gouvernement Netanyahu croit fermement que le temps n’est pas encore
venu de négocier et de régler avec les traîtres palestiniens et que
davantage de terre, d’eau et de concessions peuvent leur être arrachées.
Voilà ce qui oppose les deux pugilistes.
La démission de Mitchell étant annoncée, Barack Obama s’avança dans l’arène
le 19 mai dernier pour faire une grande déclaration impérialiste sur les
affaires des peuples du Proche-Orient. Dans ce discours le président
américain fit simplement le constat d’échec de toute sa politique étrangère
dans cette partie du monde. Après avoir humilié son allié pakistanais, il
le voit se tourner de plus en plus résolument vers l’impérialisme chinois
concurrent, et soutenir les Talibans qui vont finir par chasser l’OTAN de
leurs terres. L’Irak est maintenant dans la sphère d’influence iranienne et
l’Iran poursuit son développement nucléaire et économique sous la houlette
chinoise. Le gouvernement libanais est paralysé mais loin du contrôle
américain. De nombreux pays arabes ont connu des révoltes mais aucune n’est
vraiment apaisée, ni aucun gouvernement à la solde véritablement stabilisé.
La marmite arabe pourrait ré-exploser sous peu. Obama promet un Plan
Marshall pour l’Égypte et la Tunisie notamment, et il promet même de
déposer un milliard de dollars dans la corbeille, alors qu’il ne possède
pas les crédits nécessaires pour payer les fonctionnaires américains qui
pourraient se trouver en chômage technique sous peu. De toute façon, que
serait un milliard quand la Tunisie à elle seule réclame 25 milliards ? Les
chinois, les véritables banquiers du monde (3 000 milliards de réserve),
n’ont pas dit qu’ils contribueraient à ce plan mort né (3).
Sur la question palestinienne par contre, Obama a été très précis dans ce
discours et pour la première fois de l’histoire américaine récente il
annonce un programme complet et compromettant. Il indique qu’il maintiendra
la pression sur les négociateurs palestiniens pour qu’ils ne remettent
aucunement en question les concessions déjà convenues; cela visait
particulièrement le Fatah et le Hamas pour qu’ils ne se lancent pas dans
une surenchère de demandes et de refus pour gagner les élections qu’il a
prévues pour eux l’an prochain. Donc, la question de Jérusalem comme
capitale, la question des réfugiés et la question de l’État démilitarisé ne
devront pas ressurgir lors des négociations qu’il souhaite pour après
2012.
Aux Israéliens, Barack Obama signifia que premièrement il prenait acte de
l’échec de sa politique étrangère les concernant au cours de ce premier
mandat; mais qu’il entendait se reprendre après sa possible réélection et
que, cette fois, pour son dernier mandat, il entendait les faire plier. La
condition qu’il leur a annoncée est précise : il souhaite un accord de paix
entre les deux belligérants et la création d’un État palestinien dont les
frontières devront être fixées À PARTIR DES LIMITES DE 1967, CECI
PERMETTANT DES ÉCHANGES DE TERRITOIRES CONVENUS ENTRE LES DEUX PARTIES.
Chaque mot de cette phrase est très important à comprendre.
Ceci signifie qu’il ne veut pas d’un État palestinien en fromage gruyère
formé d’une constellation de cités emmurées et reliées entre elles par des
tunnels, comme le proposent les sionistes. Qu’il accepte que certaines
colonies sionistes (Ariel par exemple) soient annexées par Israël en contre
partie de territoires quelconques à convenir entre eux.
Obama sait très bien qu’il a étiré la corde pour pendre les leaders
palestiniens à son maximum et qu’il ne peut leur en réclamer davantage au
risque de les obliger à se faire harakiri devant leur peuple. Par contre,
il savait que Netanyahu n’accepterait jamais ces compromis et qu’il se
rebifferait, Obama ne comptait pas obtenir son assentiment et de fait il
annonce sans le dire que ce dossier est clos pour lui jusqu’après les
élections de 2012.
Par contre, pour que cette manigance fonctionne, Barack Obama avertit déjà
la partie palestinienne qu’elle ne doit pas s’enfermer dans les frontières
rigides de 1967 (lui-même utilise le terme « limites » de 1967) par une
malencontreuse résolution bidon à l’Assemblée générale de l’ONU en
septembre, résolution dont le Hamas ou d’autres factions palestiniennes se
serviraient ensuite pour remettre en question d’autres concessions
territoriales à venir pour les palestiniens et l’annexion israélienne de
Jérusalem-Est déjà concédée depuis l’époque d’Arafat.

Benjamin Netanyahu comprend tout cela et il s’empresse, au moment même où
son président fait son discours, d’annoncer sa rébellion et la construction
de nouveaux logements à Jérusalem annexée. Le lendemain il se présente à la
Maison Blanche en rejetant péremptoirement toutes les prémices présentées
par son supérieur. Il court les médias américains pour insulter son hôte et
en remettre toujours davantage. Il se présente enfin au Congrès pour
annoncer son soutien au candidat républicain pas encore choisi; le Congrès
à majorité républicaine l’entend bien ainsi et lui accorde ovation après
ovation. L’élection américaine de 2012 est déjà engagée… Mais les primaires
ne se tiennent pas dans les salons du Congrès.
Pendant ce temps Barack Obama tolère patiemment rebuffade après insulte,
agression verbale après humiliation tonitruante sachant que le poltron
Netanyahu peut bien s’exciter tant et mieux la véritable bataille ne se
gagnera pas là et qu’à trop humilier et insulter publiquement le Président
des États-Unis d’Amérique le larbin nuit à sa propre cause.
Les analystes politiques américains et français ne s’y trompent pas et
annoncent déjà pour l’automne violence et troubles en Palestine occupée. Le
peuple palestinien lui ne dit mot, il écoute et il comprend que des tas de
gens sont à discuter et à se chamailler sur son dos sans aucunement écouter
ses propos.
Les peuples arabes ont accumulé, depuis l’époque des Croisades puis de la
colonisation européenne, une longue expérience de ces batailles contre
l’occupant et de la trahison de certains de ses dirigeants, et ils savent
que souvent il faut beaucoup de temps avant que le vent change de
direction.
L’évolution démographique régionale, l’évolution économique (faillite de
l’économie américaine), l’évolution politique et militaire (défaite
militaire américaine après défaite) jouent toutes en faveur du peuple
palestinien à long terme. Il lui suffit de maintenir ses positions de
principes et de laisser le monde impérialiste occidental s’enferrer
toujours davantage dans cette situation inextricable pour que dans vingt ou
quarante ans la « datte » israélienne lui tombe dans les mains comme un
fruit mûr (4).

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(1)
http://www.rue89.com/2011/05/28/proche-orient-rendez-vous-a-la-prochaine-explosion-de-violence-206380-0
(2)
http://www.rue89.com/2011/05/28/proche-orient-rendez-vous-a-la-prochaine-explosion-de-violence-206380-0
(3) « Et encore, ce qui rend le FMI attirant, est qu'il peut fournir un
soutien financier à ses pays membres. Depuis 2009, les fonds que possède le
FMI ont augmenté, passant de 250 milliards de dollars à 900 milliards de
dollars. Pour vous donner une idée concrète de ces 900 milliards de
dollars, les réserves en devises de la Chine ont déjà dépassé 3 000
milliards de dollars, soit plus du triple. D'ailleurs, les fonds du FMI,
qui ont subitement augmenté, ont un caractère de bulle, du fait qu'ils sont
liés à la politique monétaire souple de la réserve fédérale américaine.
Ainsi à l'heure actuelle, le rôle du FMI est très limité pour sauver
l'Europe de la crise de la dette, bien qu'il soit aux mains des Européens.
Quel résultat y aura-t-il pour les nouveaux pays montants, si un candidat
venant de ces pays émergents est élu directeur général du FMI ? »
http://chine.aujourdhuilemonde.com/une-solution-chinoise-pour-le-fmi
(4)
http://www.foreignaffairs.com/articles/67863/daniel-levy/same-netanyahu-different-israel?page=3

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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