Paix au Proche-Orient - L'ambition d'Obama

Netanyahu aux USA - mai 2011



On savait les relations entre Barack Obama et Benjamin Nétanyahou froides. Elles s'annoncent glaciales. En effet, 24 heures après que le président américain eut proposé que tout accord entre Israéliens et Palestiniens doit s'articuler sur la base des frontières de 1967, le premier ministre israélien a exprimé sa ferme opposition. Autrement dit, l'immobilisme va se perpétuer au cours des prochains mois.
Lors de son allocution sur sa politique proche-orientale, le chef de l'exécutif américain s'est démarqué de tous ses prédécesseurs en avançant que la première discussion à un éventuel accord de paix entre les deux parties devrait être consacrée exclusivement à la sécurité et aux échanges territoriaux que suppose l'édification d'un État palestinien dans les frontières de 1967. Après quoi, si entente il y a sur ces sujets, les représentants des deux camps pourront amorcer des négociations sur le statut de Jérusalem et du retour des réfugiés, en réalité les descendants de ces derniers, en Israël.
Ce faisant, le président Obama s'est distingué de George Bush, Bill Clinton et consorts en abandonnant, plus précisément, l'idée d'une présence militaire israélienne en trois lieux enclavés à l'intérieur des lignes de 1967, et pour un temps indéterminé, et en n'écartant pas le dossier des réfugiés. On sait que le retour de ces derniers relève de la fiction à cause notamment de leur poids démographique, mais en prenant à revers la position de Bush et compagnie, Obama alloue de fait aux Palestiniens une monnaie d'échange. Bref, il vient de rompre avec 40 ans de politique américaine sur ce front.
Il vient de rompre parce qu'à la différence de ses prédécesseurs, des potentats arabes ont été renversés, des autocrates ont été fragilisés. On pense notamment à Kadhafi. Il vient de rompre parce qu'il ne veut surtout pas contrecarrer la démocratie en marche en Tunisie et surtout en Égypte. À ce propos, son soutien aux aspirations pour la liberté d'expression, la pluralité politique et autres a été aussi ferme qu'attendu. Ce que craint à cet égard Nétanyahou, soit une possible déstabilisation de l'Égypte, par exemple, lui ne le craint pas.
Pour sa part, le premier ministre d'Israël a fait ce qu'il a l'habitude de faire lorsqu'Obama, le vice-président Joe Biden ou autre annoncent une réorientation politique. Quoi donc? Permis a été accordé à un autre projet de colonisation. Nétanyahou voudrait mettre en relief sa mauvaise volonté qu'il n'agirait pas autrement. Toujours est-il qu'après une rencontre, hier, avec son homologue américain, Nétanyahou a clairement indiqué qu'il n'était pas question, pour l'instant du moins, d'entamer un dialogue sur la base des frontières de 1967.
Qu'il n'est pas question non plus de discuter avec des représentants palestiniens tant et aussi longtemps que le Hamas n'aura pas reconnu le droit à l'existence d'Israël. Quand on sait que le slogan du Hamas est «Israël à la mer», le moins que l'on puisse dire est que la requête de Nétanyahou est fondée.
Cela étant, la pression sur ce dernier pour qu'il pose un geste de bonne volonté sera d'autant plus forte au cours des prochains moins que l'Union européenne a salué le plan Obama. Nous aussi. Et deux fois plutôt qu'une.


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