Le débat sur la présence du crucifix à l’Assemblée nationale est un débat de forme que certains mettent en avant pour occulter un débat de fond sur la laïcité de l’État et des institutions publiques.
Il faut d’ailleurs savoir que le crucifix orne le siège du président de l’Assemblée nationale seulement depuis que le premier ministre Maurice Duplessis l’y a fait placer en 1936. C’est un choix politique de ce gouvernement visant à refléter la volonté de sceller à cette époque une alliance entre les pouvoirs temporel et spirituel du Québec.
Après la Révolution tranquille et la régression significative du pouvoir politique de l’Église catholique, ce symbole a perdu son sens dans ce lieu. Mais rien ne presse pour trancher sur cette question de détail qui n’affecte la vie de personne.
Revenons donc aux questions importantes. Je crois que le principe de laïcité, celui qui impose une nette et stricte séparation entre l’État et les religions, est extrêmement important. C’est le nécessaire garant de la liberté de croyance de chaque citoyen et d’une véritable démocratie. Je pense donc que les employés de l’État devraient afficher une neutralité évidente en ce qui a trait à leurs croyances ou à leurs non-croyances. Dans la même optique, je crois que les croyances religieuses ne devraient jamais être une excuse permettant de contourner une loi ou un règlement.
Les critiques envers la Charte de la laïcité du PQ
Mardi dernier, en pleine campagne électorale et donc avec les risques politiques envisageables, le Parti québécois et Pauline Marois ont eu le courage de s’afficher clairement en faveur d’une Charte de la laïcité. Il s’agit d’une première au Québec. Une petite révolution dans les relations entre l’État et les religions. Un immense pas en avant pour le progrès et la démocratie.
Et pourtant, cette proposition audacieuse, moderne et rassembleuse a été durement critiquée par les tenants du statu quo (ou du retour au passé) et ceux de la laïcité prétendument « ouverte », avec des arguments similaires.
Les tenants du statu quo, notamment au PLQ et à la CAQ, jugent que la Charte de la laïcité va trop loin lorsqu’elle propose d’interdire le port de signes religieux ostentatoires par les représentants de l’État. Ces deux partis ne s’affichent pas clairement en faveur de la laïcité, probablement par crainte de trop bousculer l’ordre établi autour des principes du multiculturalisme canadien, cette idéologie qui favorise la présence des religions dans l’espace public et la création des communautés fermées sur elles-mêmes.
Les tenants de la « laïcité ouverte », notamment chez Québec solidaire et dans certains milieux prétendument « progressistes », quant à eux, critiquent le projet du Parti québécois à deux niveaux. D’abord, ils rejoignent la vision du PLQ et de la CAQ en matière du port de signes religieux ostentatoires par les représentants de l’État. Mais leurs critiques les plus virulentes se sont abattues sur la position du PQ quant à la présence du crucifix à l’Assemblée nationale. « Le PQ se prétend laïque mais veut garder le crucifix à l’Assemblée nationale ! », tonnent-ils.
Un grand pas en avant
Il s’agit en fait d’une habile méthode pour détourner le débat sur la forme plutôt que sur le fond. Pendant qu’on fait beaucoup de bruit autour du crucifix, on oublie de se positionner clairement sur les enjeux de fond de la laïcité.
Dans cette optique, j’appuie sans réserve la Charte de la laïcité telle que proposée par Pauline Marois. Jamais un parti politique québécois n’a osé aller aussi loin sur cette question délicate. Pour ceux qui militent pour un Québec laïque et de plus en plus démocratique, c’est le plus grand pas en avant qui ait été proposé depuis la Révolution tranquille.
Concentrons-nous sur ce qui est de toute manière plus urgent et fondamental : luttons contre le retour en force du pouvoir religieux dans la sphère publique tel qu’imposé par le multiculturalisme canadien. Appuyons sans réserve la Charte de la laïcité que propose le Parti québécois.
La question du crucifix fait couler beaucoup d’encre. Mais elle n’est que la poutre dans l’oeil des opposants à la Charte de la laïcité.
***
* Née en Argentine et ayant fait mes études doctorales en Belgique, je suis venue m’établir à Trois-Rivières et au Québec en 1971 et on m’a reçue les bras ouverts. Les Québécois d’origine ne sont pas « des mous » comme le prétend un certain élu qui veut, en plus, nier les droits des Québécois d’adoption en tant que citoyens à part entière. Les Québécois sont des gens accueillants et chaleureux quand on sait les respecter.
Le crucifix à l'Assemblée nationale
La poutre dans l’oeil des opposants à la charte de la laïcité
Pendant qu’on fait beaucoup de bruit autour du crucifix, on oublie de se positionner clairement sur les enjeux de fond de la laïcité.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé