Quelques semaines après la visite du premier ministre Justin Trudeau en Chine, l’automne dernier, Ottawa annulait une décision du précédent gouvernement d’interdire la prise de contrôle d’une entreprise de haute technologie montréalaise par une société chinoise. Un hasard ?
Voilà une curieuse affaire, qui n’a pas encore fait beaucoup de bruit chez nous, même si elle implique une entreprise montréalaise.
En novembre dernier, nous apprend le Globe and Mail, le gouvernement Trudeau demandait à son ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, de reprendre de zéro l’analyse du dossier d’acquisition de la montréalaise ITF Technologies par O-Net Communications, une firme de Hong Kong.
En juillet 2015, le gouvernement Harper avait refusé de donner son aval à la transaction pour des raisons de sécurité nationale. ITF Technologies se spécialise dans la fabrication de lasers à fibre optique destinés aux télécommunications pour le monde médical, l’industrie, mais aussi à des fins militaires.
Selon les informations compilées par le Globe and Mail, ITF Technologies a participé dans le passé à des recherches sur le cryptage avancé des données en collaboration avec le Conseil national de recherches, le Centre de la sécurité des télécommunications et le ministère de la Défense.
De son côté, O-Net Communications est une firme de Hong Kong dont le quart du capital action est détenu par China Electronics Corporation, qui est « la plus importante société d’État chinoise en technologie de l’information […] sous la responsabilité directe du gouvernement central », selon ce qu’on peut lire sur son site Internet.
Pour les conservateurs, cette présence importante du gouvernement chinois dans les affaires de O-Net avait de quoi susciter un doute raisonnable sur les motifs qui l’ont poussé à s’intéresser à une firme canadienne dont la situation financière était plus que fragile.
La Chine cherche depuis une bonne décennie à acquérir des sociétés étrangères pour accéder aux richesses naturelles et aux technologies de pointe qui lui font défaut.
Selon le Globe, dès 2015, les agences canadiennes de sécurité auraient d’ailleurs averti le gouvernement qu’une prise de contrôle d’ITF par O-Net pourrait permettre à la Chine de rattraper son retard sur l’Occident en matière de technologie au laser à des fins militaires. On comprend les réticences du gouvernement Harper à lui donner accès aussi facilement à des recherches fondamentales et stratégiques financées par l’État.
De son côté, O-Net a toujours prétendu qu’aucun renseignement détenu par ITF ne constituait une menace pour la sécurité canadienne puisque toute l’information et la technologie acquises sont déjà connues.
En réaction à cette nouvelle, hier, l’opposition conservatrice a publié un communiqué accusant le gouvernement Trudeau de « vouloir plaire à la Chine à tout prix. […] Cela n’est pas de bon augure pour les intérêts du Canada, en particulier dans le cadre d’un accord commercial Canada-Chine ».
Dans une courte analyse publiée sur son site Internet, le cabinet d’avocat Osler, Hoskin Harcourt écrivait la semaine dernière que la reprise de l’examen de la transaction O-Net–ITF « semble concorder avec les objectifs du gouvernement libéral de renforcer les relations commerciales avec la Chine et de stimuler les investissements étrangers en provenance de ce pays ».
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