NATIONALISME ÉCONOMIQUE

Au-delà des slogans

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Sortir des platitudes usées et manifester du nerf face à Ottawa



Le nouveau chef du Parti québécois, M. Jean-François Lisée, a choisi la carte du nationalisme économique pour clore le Conseil national du parti qui se tenait le week-end dernier à Québec. Un choix naturel pour le PQ, mais qui demande à être raffiné pour retrouver sa crédibilité d’antan.





En matière économique, les Québécois accordent généralement plus de crédibilité au Parti libéral. En revanche, c’est au Parti québécois qu’ils reconnaissent la meilleure défense de leurs intérêts dans la fédération. Trouver le moyen de fondre ces deux objectifs est certainement l’un des défis majeurs de Jean-François Lisée en prévision des prochaines élections.


 

Avec l’arrivée de Donald Trump, tous les politiciens en quête de popularité sont tentés d’adopter une approche plus protectionniste, au risque de tomber dans la démagogie. Car une des conclusions que l’on peut tirer de l’improbable succès de Trump, c’est qu’en certaines circonstances historiques, le discours politique n’a pas besoin d’être raisonnable, il doit surtout répondre à la frustration de l’électorat, légitime ou non.


 

Sans qualifier M. Lisée de démagogue, il faut reconnaître que le discours prononcé dimanche dernier sur le thème du nationalisme économique rassemble un tas de clichés plus ou moins convaincants.


 

Du mandat de la Caisse de dépôt, que l’on promet d’orienter vers le développement « régional et sectoriel québécois »,à la réduction de la « paperasse » et de la « réglementation » pour les PME, il n’y a non seulement rien de neuf, mais on est fatigué d’entendre ce discours.


 

De la Caisse de dépôt, le PQ attend comme la CAQ qu’elle intervienne pour protéger les sièges sociaux. « On ne veut plus revivre Rona. » L’intention est bonne, mais la Caisse intervient déjà lorsque la chose est possible et que l’enjeu en vaut la peine. Puis, soyons honnêtes, un gouvernement du PQ n’aurait pas fait mieux que le gouvernement Couillard.


 

M. Lisée propose d’adopter une loi du genre Buy American Act qui forcerait la présence d’une portion majoritaire de contenu québécois lors des appels d’offres « partout où c’est possible ». Le hic, c’est que le même M. Lisée défend l’accord de libre-échange avec l’Union européenne qui ouvrira la plupart des appels d’offres aux entreprises européennes.


 

Dans le cas du Fonds des générations, on propose de consacrer une partie du capital accumulé pour « accélérer la croissance économique durable du Québec […] ». Comme si l’argent déposé dans ce fonds géré par la Caisse (encore elle !) ne faisait pas déjà partie de sa stratégie établie en fonction du risque régional et sectoriel.


 

L’an dernier, l’actif de la Caisse investi au Québec était inférieur à celui de l’année précédente malgré l’ajout de 2 milliards d’argent frais. Heureusement, le reste du portefeuille mondial a permis de générer un rendement global de 9 % pour payer les rentes.


 

La Caisse est partenaire de quelque 550 PME et 100 grandes entreprises québécoises. N’y a-t-il aucun risque à laisser les élus utiliser nos épargnes collectives pour satisfaire leurs ambitions politiques, aussi louables soient-elles ?


 

Des propositions vertueuses, M. Lisée les aligne à la douzaine : favoriser le transport électrique, augmenter la propriété québécoise, faire de la place en épicerie pour les produits locaux, combattre les paradis fiscaux, accroître la productivité, protéger les droits des travailleurs et l’environnement « sans compromis »… Sans compromis, cela va de soi.


 

En fait, le chapitre sur lequel M. Lisée met l’accent avec le plus de conviction reste celui des rapports avec Ottawa. Aucune surprise, mais compte tenu des enjeux, le Parti québécois a tout à gagner à rappeler au gouvernement Couillard que la fédération est en partie responsable de la pauvreté relative du Québec qui justifie l’importance des paiements de péréquation.


 
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