La mystérieuse absence de Bibeau

L’argentier du PLQ plaide ne pas avoir pu témoigner publiquement

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Marc Bibeau se pose en victime de la CEIC






Le mystère entourant l’absence aux audiences publiques de la commission Charbonneau de l’ancien grand «argentier» du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, demeure entier au lendemain du dépôt de son rapport.





Mentionné comme un acteur clé lors de nombreux témoignages devant la commission, M. Bibeau a changé la donne au PLQ en matière de financement lorsqu’il est arrivé au parti au début des années 2000, selon ce qu’on peut lire dans le rapport.




Or, celui qui était un proche de Jean Charest n’a jamais témoigné aux audiences publiques. Et c’est là le tout premier argument qu’il a avancé pour réfuter les blâmes que la commission envisageait de rendre contre lui l’an dernier.




Un argument pour lui




«La [commission] ne peut raisonnablement émettre des conclusions défavorables [...] alors qu’elle a choisi de ne pas convoquer M. Bibeau à témoigner publiquement, ce qui lui aurait permis de donner sa version des faits et de répondre aux allégations à son encontre à titre de témoin (et non au banc des accusés)», peut-on lire dans une lettre des représentants de M. Bibeau rendue publique mercredi.




Pourtant, Marc Bibeau a témoigné pendant 2 heures à huis clos en avril 2014, après quoi il a reçu une citation à comparaître en public.




Blâmes




Mais après des pourparlers quant aux documents à lui fournir, la commission aurait fait volte-face. Elle aurait indiqué que le témoignage public de M. Bibeau «ne sera plus requis», selon ses avocats. Ce qui n’a pas empêché l’homme d’affaires de recevoir un préavis de blâme basé sur les témoignages de 27 individus.




La commission lui a ainsi fait part des reproches qu’elle planifiait lui faire: d’avoir exercé des pressions sur un individu afin qu’il amasse de l’argent pour le PLQ, d’avoir entretenu, auprès des firmes de génie, le lien entre les contributions politiques et l’octroi de contrats ainsi que d’avoir pratiqué du financement sectoriel et d’avoir utilisé sa position au sein du parti pour tenter d’obtenir de l’information sur les contrats d’Hydro-Québec.




Le rapport final ne contient toutefois aucun blâme.




«Injustifiées»




La réponse écrite dans la lettre des représentants de M. Bibeau, qui est administrateur de l’entreprise Schokbeton et de Power Corporation, est vive.




En plus de déplorer de ne pas l’avoir invité à témoigner en public, on y accuse aussi la commission d’avoir manqué à son obligation d’équité, d’avoir ignoré le témoignage à huis clos de M. Bibeau, et d’avoir tiré des conclusions «injustifiées».




Il a été impossible mercredi d’en savoir plus sur les motifs qui ont poussé la commission à annuler le témoignage public de M. Bibeau et à mettre de côté les blâmes envisagés.




La commission ayant été dissoute, les appels du Journal sont restés sans réponse. Le ministère de la Justice n’a pas pu répondre non plus à ces questions. L’avocat de M. Bibeau a refusé de donner suite à la demande d’entrevue du Journal avec celui-ci.




– Avec la collaboration de Sarah-Maude Lefebvre



 



Les «reproches» de la commission et les réponses du PLQ











<b>Jean Charest</b><br /><br>Ex-premier ministre




Photo d'archives


Jean Charest

Ex-premier ministre








- Avoir toléré que soient proposées des rencontres privées avec Jean Charest contre des contributions politiques




«Il serait totalement inexact de prétendre que l'indépendance décisionnelle du premier ministre ait pu (en) être affectée [...]»




Un blâme à ce sujet serait «une atteinte grave à (la) réputation du premier ministre Charest», qui n’a pas témoigné.




- Avoir toléré que Marc Bibeau soit présent [...] lors de rencontres (de financement) avec les députés et ministres du PLQ




Marc Bibeau avait «un grand réseau de connaissances», et «était impliqué dans différentes organisations caritatives». C’est «la seule raison» pour laquelle il participait à des rencontres de la direction du PLQ.




- Avoir pratiqué du financement sectoriel (auprès) des firmes de génie et des entrepreneurs




«Le PLQ n'a jamais autorisé la sollicitation d'entreprises, mais bien la sollicitation de donateurs par l'entremise de dirigeants ou autres personnes à l'emploi d'entreprises ou cabinets de professionnels.»




- Avoir fermé les yeux (sur) le recours à des prête-noms par des entreprises ou des firmes de génie pour des dons




«Aucune preuve ne permet à la commission de conclure que le PLQ a fermé les yeux sur (le) recours aux prête-noms. Une telle conclusion dans le rapport final serait infondée.»




- Avoir fixé des objectifs de financement élevés pour les députés et les ministres, [...] les rendant vulnérables aux pressions indues et à la compromission




«Les objectifs de financement fixés à l'époque [...] ont pu contribuer à alimenter un sentiment de méfiance et de cynisme au sein de la population.»




«Il serait malgré tout erroné de conclure que les objectifs de financement fixés auparavant aux ministres et aux députés ont pu les placer dans une situation de compromission ou de vulnérabilité.»




- Avoir laissé certains chefs de cabinet faire du financement politique




«L’ensemble des chefs de cabinet détenait un certificat de solliciteur afin de s'assurer que la sollicitation [...] respectait les règles [...].»




- Avoir toléré la proximité entre les firmes de génie ou les entrepreneurs et des personnes reliées au PLQ




«Avant que la CEIC ne révèle au grand jour l'utilisation de prête-noms à grande échelle, il était impossible pour le PLQ de pouvoir imaginer l'existence d'un phénomène d'une telle ampleur.»




- Avoir permis à des représentants de firmes de génie et à des entrepreneurs obtenant des contrats publics d'organiser des activités de financement




«Malgré toutes les précautions possibles, certaines personnes ont sciemment fait fi des règles lorsqu'elles proposaient leur aide au PLQ pour la tenue d'activités de financement.»




 




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