La manipulation Radio-Canadienne de l'information

Comment une omission d'information d'un évènement peut diriger l'opinion.

Tribune libre

Pierre Falardeau, dans un temps qui peut nous sembler lointain, a déjà décrit via son personnage fétiche dans ses deux derniers films d'Elvis Gratton la chaine de télévision Radio-Canada avec la terminologie 'Radio-Cadenas', comme si cela impliquait qu'un ou des éléments d'information, ou des présentations de narratif décrivant les évènements, sont mis sous verrou d'un cadenas pour suivre une ligne éditoriale biaisée.

Il n'a jamais pu décrire en publique un évènement précis (abus de licence journalistique) de cette prémisse qu'il énonçait et c'est malheureux pour nous. Je tenterai de tirer un exemple de cette prémisse.

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Dans le discours national actuel de notre Québec moderne, nous avons bien des problèmes et des divisions d'opinions entre nous sur la part que peut représenter Radio-Canada dans le traitement et la livraison d'information (ou d'intox) qu'elle soit de nature structurante ou éphémère que peut porter cette information dans notre société.

La chaine RDI, canal d'information dite 24 heures, sert d'exemple dans cette prémisse que celle-ci, et par implication Radio-Canada, est dans le métier de la manipulation d'information.

Un très bon exemple est dans un traitement d'information dont nous, Québécois(e) de toute allégeance politique ou idéologique, pouvons tous prendre une distance comme observateur et de mettre sous microscope l’évènement comme tel en toute objectivité sans qu'il nous atteigne directement. Cet évènement n'est pas relié dans le discours national actuel, mais peut avoir des répercussions sur notre proche avenir politique et économique: le débat républicain américain et les votes du Iowa Straw Poll de la fin de semaine dernière.

J'ai regardé sur RDI ce matin un bref compte-rendu des résultats du Iowa Straw Poll donné par Michel C. Auger. Il énonce que Michelle Bachmann a gagné devant Mitt Romney (favori de la course selon Mr. Auger) et qu'un nouveau candidat à l'investiture républicaine en la présence de Rick Perry (Gouverneur du Texas) fut annoncé après ce vote.

Les omissions sont légions si l'on suit les événements de ce Iowa Straw Poll.

Les résultats de ces votes sont les suivants: (1) Michelle Bachmann 4,823; (2) Ron Paul 4,671; (3) Tim Pawlenty 2,293; (4) Rick Santorum 1,657; (5) Herman Cain 1,456; (6) Rick Perry 718 (write-in); (7) Mitt Romney 567; (8) Newt Gingrich 385; (9) Jon Huntsman 69; (10) Thad McCotter 35. Votes éparpillés: 162 votes.

Entre les résultats de Mme Bachmann et de ceux de Mitt Romney, il y en a beaucoup qui ne sont pas mentionnés par Mr. Auger. Le plus proche concurrent de Mme Bachmann est Ron Paul avec 152 votes de différence. Pourquoi cette omission de la part de Michel C. Auger? Pourquoi avoir omis que 5 candidats dont Rick Perry (introduit tardivement) furent entre Mme Bachmann et Mr. Romney?

Mais surtout, quelle raison d'omettre les information sur les plateformes préliminaires électorales entre ces divers candidats? Pourquoi Ron Paul est si proche de Mme Bachmann et aucune analyse n'est offerte sur cet évènement?

Des vidéos fournis par PrisonPlanet.com et autres sur les condensés de ces débats montrent que Ron Paul remet en question les interventions et le mode de fonctionnement de la Federal Reserve dans les fraudes financières et les programmes de sauvetages comme le TARP, les guerres et occupations des USA en Iraq, Afganistan, Libye et la possible guerre avec l'Iran, et surtout ce dernier narratif que tous les autres candidats reprochent à Ron Paul sur la menace Iranienne pour la sécurité Étasunienne et mondiale.

Ron Paul est décrit comme un libertarien de l'ancienne frange républicaine qui veut moins d'intervention de l'état dans tous les domaines (comme l'ancien président Dwight Eisenhower). Il y a une vrai menace de la part de Ron Paul contre l'establishment impérialisme de Wall Street et du complexe militaro-industriel! Tous les autres candidats ont tiré au vif sur Ron Paul et celui-ci s'est bien défendu.

Alors, avec la complicité des grands médias comme Fox News, CNN et autres, il faut faire de ce vote serré entre Michelle Bachmann et Ron Paul un non-évènement! Des clips vidéos montrent même des commentateurs politiques comme Howard Kurtz de CNN dénoncer en onde: We are in the business of kicking candidates out of the race.

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Depuis les premières coupes budgétaires de l'époque Brian Mulroney et la fameuse chasse au 'séparatisse' des libéraux de Jean Chrétien envers la chaine de la CBC et Radio-Canada, ceux-ci ont changé de nature éditoriale dans le reportage de l'information et sa livraison pour mieux refléter la réalité canadienne si cela veut dire encore quelque chose. Michel C. Auger, ancien journaliste du Journal de Montréal sous l’ère Pierre Péladeau et de son fils (jusqu'en 2006), ensuite à La Presse (2006-2008) avant de migrer de nouveau vers Radio-Cadenas comme correspondant politique à Washington, ne fait que suivre la ligne éditoriale de la maison: ne pas questionner les évènements autrement que ce que les autres grandes chaines font. L'information présentée par les grands grossistes de l'information comme l'American Press, La Presse Canadienne et Reuters (regardez leurs actionnaires et participants), font de l'information officielle et ne reproduit que des communiqués de la part des lobbys politiques et corporatifs.

Donc, selon la ligne éditoriale de Michel C. Auger et Radio-Cadenas, il n'y a que des très conservateurs qui débattent et aucun progressiste conservateur au sein du partie républicain. Ron Paul n'existe pas. Son discours n'existe pas. Ses supporteurs qui ont voté au nombre de 4671 n'existent pas. C'est seulement entre Michelle Bachmann, Mitt Romney et Rick Perry (qui est choisi par l'establishment). 3 ultra conservateurs purs et durs! Donc une seule perception idéologique non dite est communiquée dans son éditorial: la force de l'omnipotence étasunienne sur le monde au sein du parti républicain!

Cette vue étriquée et simplifiée de cet évènement nous montre que le biaisé journalistique que pratiquent la plupart de nos médias est très rapide sur des informations qui sont de nature éphémère comme ce Iowa straw poll. Imaginez maintenant toute l'information qui n'est pas rapportée de façon documentée, et cataloguée mais comme une ligne éditoriale cachée et subtile. Imaginez maintenant les reportages sur nos problèmes politiques et économiques dans le présent et du proche passé au Québec! Comment peut-on prendre des analyses et des conclusions justes avec des infos biaisées de cette amplitude?

Pourquoi ne pas livrer toute l'information pour mieux comprendre le monde qui nous entoure et de prendre des bonnes conclusions, Radio-Canada? Maintenant je comprends mieux le terme Radio-Cadenas créé par Pierre Falardeau!


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2011

    Vous posez les bonne questions de base Mr Charbonneau.
    Je n'ai pas toute l'historique en tête sur nos médias ici au Canada et des divers règlementations, mais je peux suggérer une réponse fortement pondérée: une réforme de la FCC effectué par Ronald Reagan en 1986.
    Qu'a-t-il fait cet héros des néoconservateurs? Il a dérèglementé dans le secteur de l'information télévisuel la séparation des pouvoirs entre le pupitre d'information (ou l'entité nouvelle) et la direction corporative de cette même chaine.
    La raison? Il voulait soit disant promouvoir une saine compétition en augmentant la rivalité entre les entités corporatives et en créant des catégories de nouvelles à prix compétitif! Cela devrait être bon pour le consommateur et la démocratie non? Noooon!
    En diminuant ou anéantissant la division de la direction nouvelle au profil de celui de l'unité corporative, les dirigeants d'affaire et les comptables sont entrés dans l'élaboration de la nouvelle.
    En + ou - 25 ans, pour réduire les coûts de grands médias comme Radio-Canada (la noble de l'époque 1982-1995), TVA, CBS, NBC et autres, on a:
    1) coupé les bureaux à l'étranger pour ensuite acheté de la nouvelle standardisé chez les grossistes comme l'AP, La Presse Canadienne et Reuters.
    2) resserré les critères de la nouvelle critique pour diminuer les couts d'expositions juridique (et par conséquent diminuer ou fermer les comptes capitalisés contre les poursuites) face aux parties qui se sentent lésé par la véracité ou par le choix de libellé de la nouvelle.
    3) coupé les frais de production de documentaires et d'enquêtes journalistiques et créant les émissions ou capsules avec des débats entre panellistes (habituellement 3 'experts' dont on peut diriger l'orientation du débat: 1 faible et 2 fortes têtes).
    4) La division journalistique de l'époque avait l’obligation de suivre les codes de déontologies journalistiques. Il en est beaucoup moins le cas aujourd'hui en évidence avec le pupitre proche ou au même étage que les bureaux corporatifs.
    5) créé des évènements nouvelles près des préoccupation de chez nous ( un chien est mort chez ma tante Alice hier).
    6) Avec les besoins de revenus accrus de la part des publicitaires et commanditaires, des focus groups ont donnés le ton que la nouvelle doit être plus un fait accompli et qu'une solution est déjà pensé pour l'auditeur. On ne veut pas qu'il se mette à penser lui-seul et se lever impulsivement de son divan quand-même! L'annonce de VW, de Toyota ou de Desjardins arrive après cette pause!
    Je devine que c'est malheureusement comme ça que l'on fait de la nouvelle télévisuelle aujourd'hui. Chez FOX, CNN ou Radio-Cadenas.

  • Serge Charbonneau Répondre

    15 août 2011

    Ce texte nous décrit un mystère.
    Un mystère flagrant.
    Le mystère c'est de savoir pourquoi des journalistes professionnels, ayant une éthique professionnelle et connaissant à fond les rouages de l'information, pourquoi ces professionnels en arrivent à livrer la réalité de façon si incomplète?
    Qu'est-ce qui motive ces gens à nous faire de l'info idéologique plutôt que journalistique ?
    Est-ce par conviction idéologique ?
    Est-ce sous la menace ? (Perte de l'emploi et même pire.)
    Est-ce pour le gain ? (Sont-ils payés pour faire ce simili journalisme biaisé ?)
    Est-ce par incompétence ? (Sûrement pas!)
    Comment ces journalistes peuvent-ils se regarder dans une glace en faisant ce genre d'omission ou de présentation qui souvent donne une impression de propagande la moins subtile qui soit ?
    C'est un mystère.
    Un mystère flagrant.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Jonathan Thiffault Répondre

    15 août 2011

    Bonne évaluation du contexte médiatique du Québec/Canada. Les journalistes sont-ils conscients de leur propre lavage de cerveau? Est-ce qu'ils le font exprès ou ont-ils atteint un niveau d'endoctrinement inégalé? Est-ce que ça les déresponsabiliserait pour autant? Bon article, merci beaucoup.
    Jonathan Thiffault, CinqNovembre.com