La loi 101 est-elle raciste? Apparemment, selon certains «antiracistes»

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« En gros, si vous n’admettez pas la présence du racisme systémique, vous êtes vous-mêmes raciste. »


Le Conseil interculturel de Montréal est un de ces nombreux conseils qui participent, d’une manière ou d’une autre, à la bureaucratie diversitaire. On y pratique ce que j’appelle l’activisme politico-idéologique publiquement subventionné. Ne soyons pas surpris: le multiculturalisme est une doctrine qui ne parviendrait jamais à s’imposer si elle ne s’appuyait pas sur l’appareil d’État.


La mission de ce machin consiste à produire des rapports, et encore des rapports, pour convaincre la société québécoise qu’elle n’est jamais suffisamment engagée dans sa conversion au multiculturalisme. Dans sa perspective, notre société serait soumise au racisme systémique et ce serait le rôle des théoriciens et militants des «antiracistes» de le révéler publiquement. Ils sont là pour nous délivrer de nos illusions libérales et de notre «daltonisme racial» (p.6) et nous permettre d’admettre publiquement nos fautes, pour mieux nous en repentir. 


Le daltonisme racial consiste, en gros, à ne pas reconnaître le racisme systémique de notre société. En gros, si vous n’admettez pas la présence du racisme systémique, vous êtes vous-mêmes raciste. «Cette forme de racisme justifie par le fait même la non-intervention en la matière» (p.6). Donc si vous n’êtes pas d’accord avec la vision de la société portée par le rapport, vous êtes raciste. Cette forme de racisme «serait particulièrement présente dans la société québécoise en ce moment». Le rapport en donne pour preuve les «réactions suscitées par l’idée d’appropriation culturelle à l’été 2018 ou encore l’annulation de la consultation publique sur le racisme systémique à l’automne 2017. Ces deux exemples montrent à quel point cet angle mort persiste au Québec, notamment. Cette forme de racisme est effectivement dominante de nos jours» (p.6). En d’autres termes, si vous n’étiez pas d’accord avec les protestataires au moment de SLAV, ou si vous vous opposiez à la Commission sur le racisme systémique, vous êtes raciste aussi. Daltonien raciste, ne l’oublions pas. 


C’est ce que le Conseil nous expliquait dans son rapport Racisme systémique: agir pour transformer la culture institutionnelle, changer les attitudes et renforcer les capacités citoyennes, déposé au conseil municipal le 25 mai, en plaidant pour que Montréal se reconnaisse coupable de racisme systémique, pour mieux engager une transformation en profondeur en suivant ses consignes. Il vaudrait la peine d’y consacrer une longue étude qui se pencherait notamment sur l’appareil conceptuel des rédacteurs, qui en viennent à assimiler, d’une manière ou d’une autre, toute résistance à leur vision du monde au racisme. En fait, il serait nécessaire de créer un observatoire de la bureaucratie diversitaire pour voir comment certaines agences gouvernementales ou administratives travaillent explicitement à la rééducation de la population.


Mais arrivons à l’essentiel. On trouvait dans ce rapport une proposition qui dévoile les convictions véritables de cette mouvance, qui au fond d’elle-même, reproche tout simplement au peuple québécois d’exister et de vouloir vivre dans sa langue.  


Il s’agit de la proposition 8. Je la cite. «Que la Ville s’assure que de la documentation et des services soient disponibles dans d’autres langues que le français.» 


Traduisons pour ceux qui ne sont pas familiers avec la littérature idéologico-bureaucratique. 


En d’autres mots, on doit lutter contre le racisme en remettant en question le statut du français comme langue commune. On fera cela progressivement, mais on le fera. Appelons ça l’étapisme multiculturaliste.


Faut-il voir dès lors dans la loi 101 une loi animée implicitement par la logique du racisme systémique? Pour peu qu’on prenne au sérieux ce rapport, c’est bien ce qui y est suggéré. On luttera contre le racisme en contestant le statut du français et en faisant en sorte qu’il ne soit plus nécessaire de le maîtriser pour fonctionner dans la ville.  


En d’autres mots, l’intégration ne passera plus par l’adoption par les populations issues de l’immigration de la langue française et de la culture du pays d’accueil. Au contraire, c’est ce dernier qui doit renoncer à sa langue nationale pour construire une société vraiment inclusive sous le signe de l’antiracisme. 


Le multiculturalisme repose sur l’inversion du devoir d’intégration et en donne encore une fois la confirmation. 


On cherche aujourd’hui à faire passer pour de l’antiracisme le procès de la nation. Au nom de l’antiracisme, on entend démanteler les structures symboliques et identitaires de la société d’accueil — on présente cela comme une simple volonté d’abolir des privilèges injustes. 


La lutte contre le racisme ne devrait pas être ainsi instrumentalisée par une cause qui n’a rien à voir avec elle. Lutter contre le racisme ne devrait pas vouloir dire lutter contre la loi 101. 


Il serait temps de ne plus se laisser bluffer par des mots présentés comme des étendards vertueux. L’antiracisme, dans le document du Conseil interculturel de Montréal, est le masque d’un multiculturalisme radical. Nous saurons nous passer de ses conseils. 


Nous devrions même pouvoir nous priver de ce Conseil. 




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