La laïcité et les jeunes

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Le libéralisme inculqué à l'école favorise la destruction de tout sentiment national


Notre conception de la laïcité est tributaire de l’identité québécoise. Des quelques valeurs qui distinguent le Québec du Canada.


La semaine dernière, j’ai eu le privilège de m’adresser à des jeunes de la fin du secondaire à l’école des Trois Saisons, à Terrebonne. Des jeunes allumés, polis, bien préparés à notre rencontre sur le thème de la laïcité.


C’étaient des jeunes, parmi lesquels se trouvaient des musulmans et des Haïtiens, entourés d’enseignants dévoués et à l’évidence passionnés. Madame la directrice de l’école était aussi présente, une personne chaleureuse, intelligente, à l’opposé de l’image fonctionnarisée et rigide.


Je suis sortie de cet échange avec la conviction que les jeunes Québécois d’aujourd’hui ne comprennent pas les enjeux de la laïcité. En particulier, l’interdiction des signes religieux pour les représentants de l’État.


Opposition


Les jeunes issus des communautés culturelles semblent tous opposés à l’orientation actuelle de la CAQ définie par son projet de loi. Les jeunes musulmans surtout y voient l’expression d’une islamophobie et ils sont de farouches opposants à la laïcité.








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Même les filles présentes, qui ne portaient pas le voile. Mais comment expliquer que les Haïtiennes qui se sont exprimées soient solidaires de leurs camarades sinon par le fait qu’elles ressentent la laïcité comme une menace contre leur propre appartenance culturelle ? On constate donc une sorte d’union « naturelle » de ces enfants de l’immigration.


Mais de jeunes Québécois – appelons-les de la majorité historique – rejettent aussi le projet de loi sur les signes religieux. Ces Québécois sont le plus pur produit d’un relativisme que l’école leur a transmis, à travers le programme Éthique et culture religieuse, qui a eu tendance à présenter toutes les religions et les sectes sur le même pied d’égalité.


Individualisme


Les nouvelles générations baignent dans la culture de l’individualisme. Le « je » a remplacé le « nous ».


C’est à travers ce prisme que nombre d’entre les Québécois « pure laine » perçoivent le voile. « Je peux porter le t-shirt que je veux. Je me sens bien dedans. Pourquoi la femme musulmane, qui se sent bien avec son voile, n’aurait pas le droit, elle ? » m’a demandé un garçon tout souriant, qui semblait fier de son raisonnement logique.


Cette façon de percevoir les réalités sociales et religieuses risque de dépolitiser ces futurs électeurs. D’autant plus que nous sommes face à des générations qui ignorent le sens de la symbolique des choses. Un voile est un morceau de tissu. C’est tout. Point à la ligne. Ces jeunes ignorent aussi qu’à travers l’histoire, l’être humain a toujours sacralisé son environnement, ses gestes, sa nourriture et ses objets.


Les jeunes ont été privés de ces concepts, qui nous permettent de saisir la différence entre le public et le privé, entre un État neutre et une théocratie.


Les jeunes d’aujourd’hui réduisent la liberté à leurs droits personnels. Connaissent-ils les différences de nature entre les droits individuels et les droits collectifs ? Ignorent-ils le concept de nation, de souveraineté ? Savent-ils que l’individu est aussi un être social ? On peut en douter. La laïcité semble plutôt une idée fumeuse pour ces Québécois de demain.