La faute de Couillard

Philippe Couillard a manqué de jugement

D'aspirant Premier ministre à lobbyi$te

Philippe Couillard n’aurait pas dû participer aux conseils des ministres des 18 et 25 juin, qui ont élargi la place du secteur privé en santé. À ce moment-là, il avait déjà entrepris des discussions avec Persistence Capital Partners, son futur employeur.
L’ancien ministre a commis une faute. Peu importe que les conversations aient été «générales», elles entachent la légitimité d’une opération d’élargissement au privé lancée ces derniers mois.
Des ministres du gouvernement Charest ont dû avaler de travers en apprenant en début de semaine que Philippe Couillard avait décidé de s’allier à Persistence Capital Partners (PCP), le premier fonds d’investissement privé en santé au Canada. Eux savaient ce qui avait été décidé tout juste avant la démission de leur collègue.
Lundi, bien des citoyens pouvaient encore accorder le bénéfice du doute à Philippe Couillard. C’est ce que nous avons nous-mêmes fait.
C’était avant d’apprendre, plus tard, que le Conseil des ministres du 18 juin avait adopté un décret autorisant les cliniques privées, comme celles de Medisys (que possède PCP), à effectuer une cinquantaine de traitements médicaux ou de chirurgies. Le décret adopté le 25 permet, lui, de réduire de moitié les frais d’établissement pour ces cliniques.
Philippe Couillard a manqué de jugement en participant à ces séances ministérielles. Aujourd’hui, il a l’air de celui qui pourrait profiter personnel­lement de ce qu’il a mis en place. De quoi alimenter le cynisme ambiant.
Abus de pouvoir? Abus de confiance?
M. Couillard ne peut plus avoir le bénéfice du doute. Pas tant qu’il ne se sera pas expliqué.
L’ex-élu de Jean-Talon est un homme intelligent. Il ne cache pas la haute estime qu’il a de lui-même. Mais il devrait mettre son orgueil de côté et reconnaître qu’il a manqué de jugement.
S’il a toujours à cœur le système public de santé et croit que l’apport du privé — pour autant qu’il soit circonscrit et maîtrisé — peut assurer sa pérennité, il doit expliquer en quoi ces élargissements étaient nécessaires.
Sur cet aspect des choses, le gouvernement Charest doit aussi faire son bout de chemin.


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