ÉDUCATION

La diversité culturelle au programme des futurs profs

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Pour mieux endoctriner nos enfants dans le multiculturalisme

Pauvre en diversité culturelle, la formation des futurs enseignants devra contenir beaucoup plus de cours et une formation de base obligatoire en la matière, réclame le milieu universitaire en éducation. Lancées le mois dernier par le ministre de l’Éducation, les consultations publiques sur une nouvelle politique sur la « réussite éducative » devraient mener à l’adoption de mesures beaucoup plus contraignantes pour aider au vivre-ensemble à l’école.

« De ce que je sais des travaux en cours, c’est qu’il y aura quelque chose », a dit en entrevue au Devoir Marie McAndrew, professeure en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal et spécialiste des questions interculturelles. « Dans le plan d’action [en matière d’intégration scolaire et d’éducation interculturelle] 1998-2002, il y avait déjà des mesures pour sensibiliser les enseignants à la diversité et à la nécessité de l’accentuer dans la formation initiale des maîtres. Ce serait étonnant que 16 ans plus tard, on n’ait pas une mesure qui renforce ça dans la nouvelle politique ! »

D’autant que ces dernières années, la Direction des services d’accueil et d’éducation interculturelle du ministère de l’Éducation a soutenu financièrement la réflexion des universitaires. Le ministère a même tenu à financer un portrait de la formation des maîtres.

« Ça ne veut pas dire qu’on va obliger les enseignants à enseigner l’islam, mais il y a une régionalisation de l’immigration. Les réfugiés sont de plus en plus envoyés en région. C’est pour ça que ça prend une bonne formation pour les profs », explique Maryse Potvin, dans le cadre du 2e colloque du Réseau international éducation et diversité qui se termine aujourd’hui à Montréal.

On ne sait toutefois pas de quelle façon sera introduite la diversité culturelle et religieuse dans la formation des profs. « Est-ce que cela fera l’objet d’une 13e compétence ou si ce sera infusé un peu partout dans les 12 compétences actuelles [que l’enseignant doit avoir développées pour exercer la profession] ? On ne le sait pas, soutient Mme Potvin. On oublie qu’un enseignant va être appelé à agir en contexte de diversité. Comment va-t-il s’informer ? Quelles activités va-t-il faire avec les élèves ? Va-t-il dire à une fille portant le voile “ tu vas m’enlever ça tout de suite ” ? Dans la situation actuelle, personne n’évalue cette compétence-là. Et dans les 700 heures de stage non plus. »

Portrait de la formation

Le Centre d’études ethniques des universités montréalaises (CEETUM) a mené, sous la direction de Maryse Potvin, une vaste enquête sur la formation des maîtres. L’étude a scruté 12 universités, 37 plans de cours, 254 cours et réalisé des entrevues avec 21 professeurs et 12 chargés de cours qui enseignent aux futurs maîtres. Résultat ? La formation est à géométrie variable. Près de 20 % des programmes en enseignement n’ont aucun cours sur la diversité. Et dans 40 % des cours recensés, la portion du cours abordant réellement les enjeux de diversité est de moins de 50 %.

À l’UQAM, sur les 16 programmes de formation des enseignants, 14 rendent obligatoire un cours sur l’éducation en contexte multiculturel. C’est loin d’être le cas en région. « Même à Sherbrooke, reconnue comme une société d’accueil, les enseignants n’ont même pas un cours de trois crédits sur le sujet », souligne Maryse Potvin. Parfois, les étudiants obtiennent leur diplôme sans jamais avoir entendu parler de diversité.

« Il y a des étudiants qui passent quatre ans et ressortent sans avoir eu aucun cours [sur la diversité], a dit Marie McAndrew. Je donne le cours École et environnement social à l’UdeM depuis 25 ans et à ma connaissance, je suis la seule qui passe trois heures sur les autochtones. Et j’ai introduit ça il y a quatre ans seulement. »
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