La détresse est-elle québécoise?

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La détresse québécoise est-elle le syndrome de notre impuissance collective ?


Hier, on apprenait qu’une autre catégorie de spécialistes est en détresse. Cette fois, l’étude porte sur les travailleurs sociaux. Après les enseignants, les médecins, les préposés aux personnes âgées, les étudiants et les enfants, il semble qu’une partie des Québécois sont mal dans leur peau au travail.


Est-ce une vision déformante de la réalité ? Est-ce un état pathologique lié à la québécitude ?


Que sont donc devenus les Québécois, ces bons vivants et joyeux lurons qui depuis des décennies n’ont cessé de rire jusqu’à en devenir enragés ? La société ne jure que par la psychologisation des comportements. L’on se rassure en classant systématiquement les gens selon des catégories plus ou moins scientifiques.


Parents débordés


Les troubles d’attention et de comportement définissent rapidement des enfants qu’on appelait jadis tannants, distraits ou paresseux. Ces diagnostics semblent rassurer des parents débordés par leur travail. Ils se sentent alors déculpabilisés, pour ne pas dire déresponsabilisés.


Nombre de parents, d’ailleurs, sont aussi en détresse, incapables de disposer de temps à perdre avec leur progéniture. Cela expliquerait l’encadrement, voire l’embrigadement des enfants dans des activités diverses. Dans certains milieux, les petits ont des horaires d’adultes hyperactifs.








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Le nombre de travailleurs qui rêvent de retraite anticipée, auxquels s’ajoutent des catégories d’enseignants, de personnel hospitalier et d’aides-soignants qui décrochent de leur emploi en dit long sur l’organisation du travail, d’une part, et sur l’incapacité à subir les pressions dans ce monde anxiogène dans lequel nous pataugeons.


Dans l’enseignement, le système de santé, l’école et les services sociaux, qu’au cours des ans on a déshumanisés, dévalorisés, désorganisés selon des modèles sortis de la tête de personnages de films d’horreur mixés à la science-fiction, le bilan est effectivement désastreux.


Dépersonnalisation


Il est inconcevable d’avoir structuré le Québec, une petite société, sur le modèle des pays populeux. Nos technocrates qui ont eu leurs heures de gloire ont démembré nos institutions collectives au nom d’une rationalisation qui a contribué à les dépersonnaliser. Au nom du progrès, cela va de soi.


Cette détresse que l’on observe est l’expression d’un sentiment d’impuissance. Qui peut nier que la vie s’est complexifiée avec l’avènement des technologies et de l’intelligence artificielle ? Qui a prévu que la réalité disparaîtrait au profit de la virtualité à cause des téléphones collés à la main ? Qui a soupçonné que le temps serait compressé au point où l’on établirait des limitations aux consultations à raison de 10 ou 15 minutes entre le médecin et son patient pour des raisons budgétaires ? Qui eût cru que des professionnels soumis à un code de déontologie devraient l’écarter pour répondre aux diktats de leurs patrons-administrateurs, exécuteurs de basses œuvres ? Et ce, avec la bénédiction de responsables politiques.


La popularité exceptionnelle du gouvernement caquiste repose moins sur des résultats politiques que sur l’humanité avec laquelle François Legault s’adresse aux citoyens. La preuve ? Malgré ses tergiversations et ses revirements assumés, les citoyens, même ceux qui sont démunis devant le rythme et les contradictions du monde, se sentent apaisés et protégés en quelque sorte.




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