La crise financière : géopolitique et enjeux d'acteurs

La crise financière apparaît comme la fin de la domination du capitalisme occidental et comme l’entrée dans un capitalisme post-occidental.

Crise mondiale — crise financière



Le G20, qui rassemble les pays du G7 en plus de l'Afrique du Sud, l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Russie, la Turquie et l'Europe des 27, a depuis le début de la crise financière d'août 2007 injecté plus de 12 000 milliards de dollars dans le système financier sous forme de prêts, de garanties de prêts et de recapitalisation des banques, soit l'équivalent de 20 % du PIB mondial. Le G20 s'est mis d'accord sur les techniques financières qui permettent de mieux maîtriser l'instabilité financière en améliorant la transparence et la surveillance des marchés, mais est divisé sur les responsabilités assignées aux marchés et aux États dans la prévention et la gestion des crises financières.
L'objectif principal du G20 est de construire des institutions internationales capables d'influencer le bon déroulement de l'économie mondialisée. Ce positionnement se fonde sur une mondialisation croissante et imparfaite des marchés des biens, des capitaux et des services qui contraste avec des institutions et des politiques très majoritairement nationales. Le dilemme des décideurs est de renoncer soit à la politique d'État nation, soit à la démocratie, car le modèle de réflexion est le triangle d'impossibilités de Mundell basé sur la fixité des changes, l'autonomie de la politique économique et la mobilité des capitaux puisque ces critères se contraignent mutuellement dans leur évolution et que toute modification d'un critère entraîne celle des deux autres.
La viabilité du G20 repose sur la résorption du déficit extérieur des États-Unis et des excédents des pays d'Asie et des pays exportateurs de pétrole. Depuis la fin du système des taux de change fixes de Bretton Woods en 1971, les États-Unis bénéficient d'une hausse de prime sur leurs actifs détenus à l'étranger par rapport aux actifs détenus par les étrangers aux État-Unis. Grâce à l'hégémonie de leur devise, les Américains empruntent dans leur monnaie, mais environ 70 % de leurs actifs étrangers sont en monnaie étrangère. Le risque de change agit à court terme comme mécanisme d'ajustement du déséquilibre de la balance courante américaine, tandis qu'une dépréciation du dollar a un effet sur l'ajustement du déséquilibre du compte courant.
La volonté du G20 de réorganiser le système financier est caractéristique au contexte d'insécurité, de concurrence et de rivalités géostratégiques. Cette volonté est une extrapolation de la géopolitique par l'économie sur le système international. La tendance à privilégier l'économie s'explique par une situation de convergence globale des économies nationales en termes de modèles de croissance et de stratégies de réforme. La principale difficulté réside dans le type de gouvernance qui serait le plus apte à fournir un niveau optimal de biens publics internationaux comme le contrôle des émissions de gaz à effet de serre, la sécurité des approvisionnements énergétiques et les monnaies internationales.
Les systèmes de régulation ont par le passé engendré une gouvernance monétaire dont la vulnérabilité macro-économique est certaine dans des situations où les risques systémiques sont élevés. Aussi, le pouvoir des agences de notation financière, quand elles notent triple A les papiers commerciaux adossés à des actifs financiers PCAA, s'assimile au pouvoir de battre monnaie. Les agences de notation financière ont, par la sélection des emprunteurs primaires, contribué à renforcer l'opacité globale du dispositif d'appréciation des risques transférés. Les interrogations dont elles font l'objet portent sur leur indépendance, sur leur capacité à apprécier des risques de crédit et sur leur place dans les nouveaux dispositifs réglementaires de Bâle II.
Lorsqu'on compare cette situation avec celle des Trente Glorieuses (1945-1975), l'instabilité économique s'est déplacée du secteur des prix à la consommation et à la production vers le secteur des actifs immobiliers, et surtout financiers. De Bâle I sur la solvabilité des banques à Bâle II sur les risques opérationnels, de marché et de défauts des emprunteurs des banques, les cycles financiers relatifs à l'évolution du crédit et à celle du prix des actifs financiers se sont amplifiés. Dans un système financier régi par les lois du marché, la contagion se propage par le canal de la variation des prix, de l'appréciation des risques et du capital social des institutions financières et économiques.
La crise financière apparaît comme la fin de la domination du capitalisme occidental et comme l'entrée dans un capitalisme post-occidental. Les impacts globaux appellent des remises en cause épistémologiques pour faciliter la prise en compte d'une perspective théorique critique qui entend instaurer de nouveaux liens entre les rapports interétatiques, la pensée économique et le développement durable, défini ici comme la réconciliation des dynamiques économique, sociale, environnementale, culturelle et spatiale. La nécessité d'une théorie économique des représentations géopolitiques de la finance et du développement durable est évidente du fait d'un nouveau paradigme sociétal.
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Gilles Couture, MBA, consultant en montage financier

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De 1996 à 2001, l'auteur a séjourné à titre de consultant en montage financier trois mois par année au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

Gilles Couture, MBA
Consultant en montage financier

Gradué en administration de l’Université de Moncton, ancien élève de la section spéciale de l’ENA de l’Institut d’Études Politiques de Grenoble et ex doctorant en études internationale de l’Université Laval, j'ai acquis près de 40 ans d'expérience dans les domaines des montages financiers, la mise en marché, et la gestion de projet. J'ai effectué des missions dans plus de quinze pays ce qui m'a permis d'acquérir une bonne connaissance des problèmes internationaux.





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