Réponse à Jean-Louis Pérez-Martel

La cohérence nationale face à l'imposture fédéraliste

Tribune libre

M. Pérez- Martel.

Vous écrivez :

{“[…Pour un patriote la politique ne doit jamais être une opportunité de carrière, sinon un compromis sacré étant la base de son action nationaliste vinculée à la promotion et la défense des intérêts nationaux. Mais cette interaction ne pourra se légitimer si l’ethnie et la langue deviennent des critères marginaux, puisque cette double condition fait qu’une nation soit reconnue comme telle. La naissance du fédéralisme au Canada par l’imposition de la Constitution colonialiste de 1867 a révélé comment la coercition exercée à travers des lois antinationalistes, des verdicts juridiques arbitraires et des politiques d’immigrations ségrégationnistes a conduit le Québec à une dynamique d’autodestruction.

Face à cet état de marginalité politique, d’actes juridiques arbitraires, de désintégration sociale et de décadence culturelle, il n’y a qu’un seul et unique moyen de reprendre le contrôle de notre destinée nationale : la rupture radicale du statu quo prévalant depuis la promulgation de cette Constitution raciste et antidémocratique.

En fait, c’est par la rupture radicale du statu quo que commencerait l’action politique de Pierre Karl Péladeau en prêtant ce serment d’allégeance nationaliste et antimonarchiste, afin de marquer le premier geste d’affirmation indépendantiste, de leadership au sein du PQ et de détermination patriotique envers le peuple québécois :

« Considérant mes profondes convictions patriotiques, républicaines, démocratiques et indépendantistes, je, (Pierre Karl Péladeau), invoque l’article 1.3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, qui reconnait et protège la liberté de conscience de tous les citoyens québécois, pour justifier mon objection de conscience à porter un serment de fidélité et d’allégeance au roi ou à la reine du Canada. » Vladimir de Thézier (extrait de Le serment à la Reine : entre la honte et le compromis par Sébastien Croteau)

Étant donné que ce serment d’allégeance ne serait pas accepté par le secrétaire général de l’Assemblée Nationale en raison de l’inviolabilité du premier de ces deux serments imposés par la Constitution colonialiste de 1867 :

• « Je, (nom du député), jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. »

• « Je, (nom du député), déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j’exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec. »…]”

Étonnante proposition, mais combien porteuse de sens. Il est clair, considérant les résultats obtenus par le PQ à la dernière élection provinciale, que nous avons assisté et continuons d’assister à la fin d’une époque ou d’un cycle quant à l’histoire tumultueuse ce cette formation politique.

Les péripéties de la dernière campagne électorale nous laissent avec le désagréable sentiment que notre députation péquiste nous a trahis et que ceux-là mêmes que nous croyions d’indéfectibles promoteurs de notre avenir en tant que nation libre et indépendante ce sont contentés de faire de la « petite politique » en nivelant par le bas nos idéaux les plus élevés.

On ne saurait faire un pays avec une politique du « deux poids – deux mesures ». On ne saurait non plus s’attirer la sympathie ni l’appui du peuple en louvoyant entre l’intérêt électoraliste et le courage d’aller au bout de ses convictions au nom d’un idéal qui exige que l’on paie de sa personne.

Les grandes nations se sont édifiées sur l’espérance inébranlable de leurs « leaders » et de leurs citoyens, qui constituaient leur véritable force. Cette inébranlable espérance qui maintenant plus que jamais doit être la nôtre, sans que ne vienne s’y mêler de doute, ce qui serait lâcheté, ni de crainte, ce qui serait faiblesse.

Ainsi verrons-nous naître notre pays, pas autrement. La responsabilité nous en incombe, mais pour cela, nous nous devons de faire savoir à nos élus ce que nous attendons d’eux et le leur rappeler chaque fois qu’ils croient pouvoir faire les choses sans nous.

Or, voilà que ce que vous proposez serait pour un homme comme M. Péladeau, tout autant qu’à sa suite pour les chantres du pays que sont supposés être les élus péquistes, une occasion d’être congruents et de nous faire la démonstration de leur indéfectible engagement envers la nation et le pays qu’elle souhaite voir naître.

Les quarante dernières années nous auront démontré jusqu’à l’absurde que cela ne se fera pas en chambre et encore moins dans l’opposition, mais sur le terrain et en contact étroit avec la population.

Lorsque dans les années soixante, le parti libéral décida de nationaliser l’électricité, René Lévesque reprit micro et tableau et fit la pédagogie de l’électrification. Il parla au peuple et le peuple comprit. Son inébranlable confiance en son projet lui gagna celle de ses électeurs et fit force de loi.

Un geste aussi audacieux que celui que vous proposez à M. Péladeau de poser serait porteur, pour tous les indépendantistes, d’une inébranlable espérance parce que ne pourraient s’y mêler ni doute, ce qui serait lâcheté ; ni crainte, ce qui serait faiblesse.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2014

    Quel admirable et efficace "compromis".
    Je dois avouer qu'un tel geste pourrait bien gagner mon "vote" envers cet éventuel candidat à une position prédominante dans la poursuite de notre quête pour un pays républicain.
    Il nous faut revoir notre cadre stratégique, Robert Laplante, 2004.