La coalition accusée de complicité séparatiste

Stockwell Day a déjà voulu faire front commun avec le Bloc, révèle Duceppe «Il s'agit d'une fabrication de toutes pièces», a contredit l'ancien chef de l'Alliance canadienne et actuel ministre conservateur

Coalition BQ-NPD-PLC



Ottawa - Les accusations de complicité séparatiste du gouvernement conservateur ont fait long feu hier quand le Bloc québécois a révélé que l'ancien chef de l'Alliance canadienne et aujourd'hui ministre du Commerce international, Stockwell Day, avait lui aussi voulu faire front commun avec le parti de Gilles Duceppe pour remplacer le gouvernement.
Pour une seconde journée à la Chambre des communes, l'ambiance était totalement explosive. Les conservateurs s'en sont pris à la coalition du Parti libéral et du NPD parce qu'elle est appuyée par le parti «séparatiste». Les esprits étaient échaudés, le premier ministre hurlant son indignation à Stéphane Dion. «Il a un plan pour détruire le pays», a-t-il lancé. Il est aussi revenu à la charge avec cette histoire de drapeaux canadiens soi-disant absents de la cérémonie de signature de l'entente de coalition. Ils étaient «repoussés à l'extrême sur les côtés», a cette fois soutenu le premier ministre, soulevant l'hilarité générale.
Les chefs libéral et néodémocrate se sont limités à interroger le gouvernement sur des questions économiques, histoire de bien montrer leur motivation profonde dans toute cette saga, laissant à Gilles Duceppe le soin de répondre aux questions relatives à l'unité canadienne. Et il a créé la surprise.
Gilles Duceppe s'est levé, a rappelé que Stephen Harper avait signé une lettre avec lui et le chef du NPD en 2004 destinée à remplacer la minorité libérale. Puis, il a lâché sa bombe. «Cette volonté des vieux réformistes de s'associer aux "séparatistes", comme ils disent, ne date pas d'hier. En effet, le jour même de l'élection de novembre 2000, au nom du chef de l'Alliance canadienne, une proposition détaillée visant à former une coalition était acheminée au Bloc québécois», a-t-il déclaré. Tous les députés des banquettes de l'opposition se sont levés pour l'applaudir.
L'entente en question, intitulée Consensus Leadership for a New Century (Un gouvernement de consensus pour un siècle nouveau), devait être signée le 28 novembre 2000, le lendemain du scrutin. Elle est devenue caduque parce que Jean Chrétien a remporté une troisième majorité et non une minorité. Cette entente stipulait que les chefs de l'Alliance canadienne (Stockwell Day), du Parti progressiste-conservateur (Joe Clark) et du Bloc québécois (Gilles Duceppe) formeraient un gouvernement de consensus.
Les partis s'engageaient à «respecter les compétences légitimes des provinces canadiennes, y compris le Québec». «Nous sommes d'accord pour appuyer Stockwell Day en tant que premier ministre du Canada.» Rappelons que M. Day était la risée de l'époque, lui qui avait mené une campagne électorale désastreuse et s'était présenté vêtu d'une combinaison de plongée juché sur une motomarine à sa première conférence de presse.
Ce document avait été envoyé au Bloc québécois par l'entremise de l'avocat de M. Day, Gerry Chipeur. Celui-ci n'en a pas nié la validité hier, mais il prétend que son client n'était pas au courant de ses démarches. MM. Harper et Day ont nié ces faits en Chambre. «Je n'ai jamais vu ce document, je n'ai jamais entendu parler de ce document et je n'ai jamais autorisé ce document, a lancé M. Day. Il s'agit d'une fabrication de toutes pièces.»
Pour M. Duceppe, cela démontre à quel point les conservateurs sont «hypocrites». «C'est drôle le nombre de fois que les uns et les autres se dénoncent de recevoir l'aide des séparatistes, comme ils disent, mais que chaque fois ils ont besoin des séparatistes, comme ils disent, pour rester au pouvoir.»
Les conservateurs ont continué de tenir un double discours. En anglais, ils condamnent le «veto» accordé aux «séparatistes». En français, ils accusent les «souverainistes» d'avoir trahi les Québécois. M. Harper a agité le spectre de Jacques Parizeau, le citant déclarant qu'il était «immensément satisfaisant» que le gouvernement à Ottawa soit perçu comme étant «faible et désorienté». M. Harper n'a pas cru bon de préciser que ses paroles avaient été prononcées... en 1991.


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