La campagne de peur des conservateurs contre Kyoto

Assez, c’est assez ! Il est temps de dire les choses crûment : la seule raison pour laquelle le gouvernement fédéral n’a toujours pas agi pour appliquer Kyoto, c’est pour préserver les intérêts des grandes compagnies pétrolières et de l’Alberta. Des compagnies qui croulent sous les profits.

De Kyoto à Bali

Jeudi dernier (19 avril), 72 heures avant la marche du Jour de la Terre, les conservateurs de Stephen Harper ont tenté une nouvelle fois de torpiller le Protocole de Kyoto. À cette marche, qui a pour thème« Kyoto, pour l'espoir», les conservateurs de Stephen Harper opposent la peur, contre Kyoto. Nous invitons les Québécois à résister à cette campagne de peur et à choisir l'espoir.
Le Bloc Québécois intervient constamment sur la question des changements climatiques depuis une bonne dizaine d'années. Relayant la volonté des Québécois d'agir contre les changements climatiques, nous avons mené la charge pour que le Canada ratifie le Protocole de Kyoto, ce qui fut fait en décembre 2002.
Cela fait donc plus de 5 ans, au cours desquels les gouvernements libéraux et conservateurs ont refusé d'agir décisivement. Cinq ans de perdus. Et voilà que jeudi dernier, plutôt que d'annoncer enfin un plan concret pour agir, le gouvernement de Stephen Harper nous annonce que le Canada va manquer de temps! Pourtant, Stephen Harper dirige le gouvernement fédéral depuis maintenant 14 mois : 14 mois de perdus.
Il faut vraiment avoir du front tout le tour de la tête pour insulter ainsi les citoyens du Québec et du Canada. En se basant sur des hypothèses de convenance, John Baird annonce l'apocalypse économique — rien de moins — si le Canada devait respecter son engagement international. À la page 17 de son rapport, il est bien obligé d'admettre, cependant, que «Cette analyse offre une vision partielle». Nous sommes obligés de constater en fait qu'il offre une vision partiale de la réalité. Faut-il rappeler que Stephen Harper qualifiait autrefois le protocole de Kyoto de complot socialiste?
Assez, c'est assez! Il est temps de dire les choses crûment : la seule raison pour laquelle le gouvernement fédéral n'a toujours pas agi pour appliquer Kyoto, c'est pour préserver les intérêts des grandes compagnies pétrolières et de l'Alberta. Des compagnies qui croulent sous les profits.
C'est l'environnement et le Québec qui écopent. La production et les prix élevés du pétrole ont gonflé le cours du dollar canadien, ce qui nuit fortement à l'économie québécoise, tandis que les achats de produits pétroliers ont contribué grandement à miner l'industrie manufacturière québécoise et plonger le Québec en déficit commercial. De plus, l'absence du Canada du marché mondial du carbone prive les entreprises québécoises d'un accès à un marché dont le potentiel est évalué à 70 milliards $. Ce qui coûtera cher au Québec, ce n'est pas d'appliquer Kyoto, c'est de ne pas l'appliquer.
En plus d'être une nécessité pour l'humanité, l'application du Protocole de Kyoto sera un avantage économique pour le Québec. Les hydrocarbures et en particulier les produits pétroliers sont à la source de la très grande majorité des émissions de gaz à effet de serre au Québec. Or, il se trouve que le pétrole appauvrit le Québec et qu'il nous appauvrira toujours davantage à mesure que les prix continueront à augmenter dans l'avenir.
Il devient urgent, à la fois pour stimuler l'économie québécoise et pour combattre les changements climatiques, que le Québec réduise radicalement sa dépendance au pétrole. L'application du Protocole de Kyoto et l'implantation d'une bourse du carbone constitueront de puissants incitatifs pour atteindre cet objectif.
En plus des écologistes, une grande partie des chefs d'entreprises, l'Assemblée nationale et une majorité des élus de la Chambre des communes sont disposés à ce que le Canada applique Kyoto. Nous savons également qu'une grande majorité de la population québécoise appuie Kyoto. Plus de 120 000 personnes ont déjà signé une pétition en ce sens. Quant aux députés conservateurs élus au Québec, on se serait attendu à ce qu'ils défendent les intérêts économiques et environnementaux du Québec.
Nous devons impérativement résister à la politique de la peur mise de l'avant par le gouvernement conservateur. Ce n'est pas la peur qui doit nous guider, c'est la détermination et la responsabilité, autant vis-à-vis de nous mêmes que des prochaines générations.
Assez, c'est assez. Nous avons assez attendus. Nous avons assez payé pour l'industrie pétrolière. Nous invitons les Québécois à aller de l'avant. L'avenir du Québec conjugue l'économie et l'environnement : allons vers une réduction radicale de notre dépendance au pétrole. Appliquons Kyoto.
Gilles Duceppe et Bernard Bigras
Respectivement chef du Bloc québécois et porte-parole du Bloc québécois pour l'Environnement


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