En l’espace d’à peine quatre ans, à la haute direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Christian Dubé a réussi à accumuler une rente de retraite qui vaut plus d’un million de dollars en termes de capital REER.
J’ai calculé qu’à son départ de la Caisse, en septembre 2018, et ce, en vue de se présenter aux élections avec la CAQ, M. Dubé avait droit à des prestations annuelles de retraite d’environ 69 450 $.
Pour qu’un fonctionnaire de l’État québécois réussisse à obtenir une rente équivalente à celle que M. Dubé a obtenue en 4 ans, il lui faudrait contribuer durant 36 années au régime gouvernemental, et ce, à un salaire moyen de 96 458 $ lors de ses trois années les mieux rémunérées !
CELA DIT...
J’ai transmis le calcul du montant de la rente (69 450 $) au bureau du ministre. « Avez-vous un commentaire à faire à ce propos ? » ai-je demandé à Myriam Marotte, la porte-parole du président du Conseil du trésor, Christian Dubé.
Sa réponse : « Pour des détails sur sa rémunération, vous pouvez consulter les précédents rapports annuels de la CDPQ qui sont publics. »
LE PROBLÈME ?
Les dernières informations publiques sur la rémunération de M. Dubé remontent au rapport annuel de 2017. Aucune information sur la rémunération que ce dernier a touchée en 2018 pour ses neuf mois de travail n’a été rendue publique dans le rapport annuel 2018 de la Caisse.
Voilà pourquoi il a fallu faire moi-même le calcul de ses prestations de retraite. Par extrapolation des données de 2017, j’ai ainsi évalué que Christian Dubé avait accumulé, lors de son départ de la Caisse en septembre 2018, des prestations annuelles de retraite de 69 450 $.
LA « PETITE » PRIME
Le ministre Dubé a fait la manchette cette semaine alors qu’à la suite d’une chronique de Francis Vailles de La Presse, on apprenait qu’il avait touché, en 2018, une prime au rendement d’environ 1 million $, même s’il avait quitté trois mois avant la fin de l’année.
Pourquoi lui a-t-on tout de même versé cette prime ? Parce qu’il a pris sa retraite, a expliqué la Caisse.
Si on résume la rémunération (salaire, primes au rendement) que M. Dubé a empochée durant ses 4 ans à titre de premier vice-président Québec, on arrive à une somme totale d’environ 4,6 millions $.
À cela s’ajoute la valeur de ses prestations de retraite de la Caisse qui représente plus d’un million $.
RADIN NÉGOCIATEUR
Que M. Dubé ait empoché, en aussi peu que quatre ans, tant de millions $ d’un organisme public comme la Caisse n’en fait pas pour autant un négociateur en chef « généreux » dans les offres salariales qu’il vient de déposer aux 550 000 employés des secteurs public et parapublic.
Au contraire : en tant que ministre responsable de l’Administration gouvernementale et du renouvellement des conventions collectives des employés de l’État, M. Dubé vient de se montrer particulièrement « radin » en leur offrant une hausse de la rémunération de 7 % sur cinq ans.
C’est insultant pour les employés de l’État de se faire offrir une hausse inférieure à l’inflation alors que lui-même et le premier ministre François Legault trouvaient raisonnable une augmentation en fonction de l’inflation !