L’opposition de Trudeau à la loi sur la laïcité a fait mal aux libéraux, estime Legault

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Legault a tout fait pour aider le Bloc


Le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau devra tenir compte du « vote nationaliste » des Québécois, notamment en s’abstenant de contester la Loi sur la laïcité de l’État, a soutenu le premier ministre québécois, François Legault.


Les deux hommes se sont entretenus par téléphone mardi avant-midi au lendemain d’une soirée électorale mouvementée durant laquelle les Québécois ont élu 35 députés du Parti libéral du Canada et 32 députés du Bloc québécois à la Chambre des communes.


« Je lui ai répété, et je pense que c’est important que tous les partis fédéraux le comprennent, qu’il y a une grande majorité des Québécois qui appuient l’interdiction des signes religieux pour les personnes en [position d’]autorité. Donc, il devrait respecter la grande majorité des Québécois », a souligné M. Legault en point de presse sur la colline Parlementaire mardi avant-midi.


« On ne se trompe jamais quand on défend les intérêts d’une majorité des Québécois. Je pense que le premier ministre du Canada n’a pas d’autres choix que de tenir compte de la volonté de la majorité des Québécois », a-t-il ajouté.


Par médias interposés, M. Legault a suggéré au chef libéral d’appuyer la Loi sur la laïcité de l’État québécois s’il souhaite voir le PLC faire mieux lors du prochain rendez-vous électoral. « Le message est clair : si vous voulez, la prochaine fois, plus d’appuis, soutenez le projet de loi 21 », a-t-il dit en anglais.


En plus d’exiger de leur part de s’abstenir de contester la Loi sur la laïcité de l’État, M. Legault réclamait en campagne électorale aux PLC, PCC et NPD l’équivalent des pleins pouvoirs en matière d’immigration, l’assujettissement des entreprises de charte fédérale à la loi 101 et la création d’une déclaration de revenus unique administrée par le Québec.


M. Legault s’est dit « confiant » mardi de voir le fédéral donner suite aux quatre principales demandes qu’il avait formulées aux grands partis politiques, et ce, malgré les vives réticences exprimées par M. Trudeau.


Le premier ministre québécois a invité son homologue à Québec dès que son Conseil des ministres sera formé.


Nation québécoise


Le chef du gouvernement québécois veut dissuader le PLC ― et le NPD ― de concrétiser « beaucoup d’engagements [contenus dans leur programme électoral respectif] qui sont de possibles intrusions dans les champs de compétence du Québec, entre autres en santé, en éducation, en environnement ».


« C’est important que le gouvernement fédéral respecte le Québec comme nation », a-t-il insisté, tout en disant ne pas être le seul premier ministre qui « tient beaucoup à son autonomie ».


Les électeurs québécois ont élu lundi soir 35 députés du PLC (-5), 32 du Bloc québécois (+22), 10 du PCC (-2) et 1 du NPD (-15). L’équipe de Justin Trudeau comptera donc 22 % d’élus québécois (35 sur 157) dans son groupe parlementaire.


Loin de voir une résurgence du mouvement indépendantiste dans la nouvelle force de frappe des bloquistes à la Chambre des communes, François Legault a dit vouloir s’en servir pour conclure de nouvelles ententes dans les dossiers du logement, des infrastructures, des travailleurs étrangers temporaires et du branchement des régions à l’Internet haute vitesse.


Cela dit, M. Legault ne veut pas voir le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, jouer les entremetteurs à Ottawa. « Ce que je veux, c’est de travailler directement avec monsieur Trudeau. […] Mon interlocuteur, ce sera Justin Trudeau », a répété le chef caquiste.


Le premier ministre Legault a aussi indiqué qu’il donnera suite à la demande de rencontre du chef bloquiste, mais après avoir d’abord tenu une séance de travail avec Justin Trudeau.


« Dur réveil » pour Legault ?


« Ç’a été un dur réveil pour monsieur Legault aujourd’hui », a commenté le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Pierre Arcand, en appelant le chef caquiste à collaborer avec le nouveau gouvernement fédéral. Il soupçonnait mardi avant-midi le premier ministre québécois de rêver à l’élection d’un gouvernement conservateur minoritaire avec « la balance du pouvoir » au Bloc québécois.


« Non, pas du tout », a rétorqué M. Legault en faisant allusion à la défense des intérêts du Québec et au respect de la Loi sur la laïcité de l’État. « Je pense que le résultat de l’élection montre, avec ce gouvernement minoritaire, que le message que j’ai passé a été entendu. »


« On est dans le même Canada qu’on était hier, c’est-à-dire un État pétrolier », a réagi pour sa part la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. Le résultat prouve, à son avis, que la seule solution pour sortir du pétrole est de réaliser l’indépendance du Québec.


« Aucun député du Bloc québécois n’a caché qu’il était indépendantiste », a rappelé le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, en point de presse, sans manquer de rappeler qu’il avait lui-même incité Yves-François Blanchet à embrasser une carrière politique en 2008.




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