L’ingratitude

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Fournier fâche les nostalgiques, mais dénonce une tare réelle du PQ : son incapacité à se réformer


Il y a quelques années, le confrère Antoine Robitaille a écrit, en collaboration avec le grand philosophe français Alain Finkielkraut, un essai intitulé L’ingratitude.


C’est le mot qui m’est venu en tête lorsque j’ai écouté Catherine Fournier faire ses adieux au PQ, lundi matin.


SAUTER EN PARACHUTE


Soyons francs : aussi sympathique soit-elle, madame Fournier n’aurait pas pu se faire élire dans Marie-Victorin (l’ancien comté de l’homme fort Bernard Drainville) si ce n’était du PQ.


Pour employer une expression toute québécoise, c’est le PQ qui l’a mise « sur la mappe ».


C’est le parti de Jean-François Lisée, de Véronique Hivon et de Pascal Bérubé qui l’a présentée comme « l’un des grands espoirs du mouvement souverainiste ».


Or, maintenant que le PQ traverse une zone de turbulence et que de la fumée s’échappe de ses moteurs, Catherine Fournier enfile son parachute et saute de l’avion en criant : « Ciao ! Don’t call us, we’ll call you ! »


Et c’est cette dame qui veut nous convaincre de l’urgence de construire un pays ?


Alors qu’elle n’est même pas capable de reconstruire un parti ?


Je m’excuse, mais construire un pays demande des sacrifices et une bonne dose d’abnégation. Il faut être capable de prendre ses distances avec l’instant présent pour se projeter dans le « long terme ».


Catherine Fournier aurait pu participer à la reconstruction du PQ avec ses consœurs et confrères. Elle aurait pu se relever les manches et mettre l’épaule à la roue.


Mais elle a préféré quitter le navire avant qu’il ne coule. Sous les projecteurs et devant les caméras. Avec un spectaculaire effet de toge.


Ça en dit long sur le genre de personne qu’elle est.


RAMER DANS LA CALE


Hier, dans sa chronique, Martine Desjardins disait que Catherine Fournier était représentative des milléniaux, parce qu’elle avait de la difficulté à s’identifier à un organisme ou à une association, préférant faire cavalier seul pour défendre sa cause.


L’analyse est juste. Mais je vais plus loin.


Comme beaucoup de milléniaux, madame Fournier ne dit pas « Qu’est-ce que je peux faire pour votre entreprise ? », mais « Qu’est-ce que votre entreprise peut faire pour moi ? »


Faire partie du PQ, oui, mais seulement si le PQ surfe le vent dans le dos.


Sinon, bonjour, bonsoir, je lève les feutres et je change de monture.


« Les milléniaux veulent tout de suite une grosse job, m’ont confié de nombreux employeurs qui ont de la difficulté à recruter de nouveaux employés et à garder leur main-d’œuvre. Ils ne veulent pas attendre... »


C’est l’impression que j’ai en regardant madame Fournier.


Travailler d’arrache-pied pour reconstruire un parti en difficulté ? Ramer fort dans la cale ? Être un membre de l’équipage parmi d’autres ? Bof...


Mieux vaut partir son propre mouvement, son propre parti ! Et le diriger du haut du pont !


SEVEN-UP


Le PQ n’est pas un parti parfait. Mais c’est le parti de René Lévesque, de Jacques Parizeau, de Bernard Landry, de Lucien Bouchard, de la Caisse de dépôt, de la loi 101 !


Ne mérite-t-il pas d’être sauvé ?


Selon Catherine Fournier, non.


Elle préfère le remplacer par une formation sans racine, sans histoire.


Sans passé.