L’inacceptable bévue avec Bombardier

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L'amateurisme du régime libéral : 1,3 milliard pour rien

Lors de la divulgation de l’entente en octobre 2015, le gouvernement Couillard devait obtenir un bloc de 200 millions de bons de souscription de Bombardier en retour de son investissement de 1,3 milliard de dollars dans la survie de la C Series. Finalement, allez savoir pourquoi, le gouvernement libéral a accepté de se faire octroyer seulement la moitié du bloc prévu, soit 100 millions de bons de souscription. Cela représente aujourd’hui un manque à gagner d’au moins 120 millions de dollars.


Ce n’est pas la seule bévue que Québec a commise dans l’octroi des bons de souscription. Pour vous montrer à quel point le gouvernement a mal négocié l’entente sur les bons de souscription, sachez que le prix d’exercice (2,21 $) des bons obtenus par Québec dépassait grandement à l’époque le cours moyen de l’action de Bombardier.


Comme l’action se négociait à l’époque à un prix moyen de 1,63 $, cela signifie que l’équipe Couillard a reçu des bons qui comportaient une prime de 35,6 % (+58 cents).


Concrètement ? Pour exercer lesdits bons de souscription et acquérir les actions de Bombardier, Québec devra payer les actions 35 % plus cher que le prix courant de l’action au moment de l’entente. Ridicule.


COMPARAISONS


J’aimerais rappeler qu’au début d’octobre 2015, juste avant l’annonce de l’investissement de 1,3 milliard $ de Québec dans la C Series, Laurent Beaudoin et ses collègues administrateurs de Bombardier se faisaient octroyer des actions à 1,56 $ pièce.


Et autre comparaison à nous faire dresser les cheveux sur la tête.


Sachez que Airbus, qui n’a pas investi un cent pour acquérir 50,01 % de la C Series, s’est fait accorder en octobre dernier par Bombardier un bloc de 100 millions de bons de souscription à un prix d’exercice ne comportant aucune prime par rapport au cours moyen de l’action.


En effet, Airbus a obtenu ces bons à un prix d’exercice de 2,29 $, lequel prix correspondait au cours moyen de l’action de Bombardier à la mi-octobre 2017.


On résume. Nous, on a investi 1,3 milliard $ dans la C Series et nos « grands » négociateurs de Québec acceptent des bons de souscription comportant une prime de 35 %, en plus de se faire amputer de moitié la quantité de bons initialement négociés.


RESPONSABLES


Qui sont les ministres responsables de la négociation de l’entente de 1,3 milliard $ avec Bombardier ? En octobre 2015, c’est feu Jacques Daoust, ministre de l’Économie, qui avait négocié les conditions initiales de l’investissement gouvernemental de 1,3 milliard $ dans la C Series.


Quant à l’entente finale survenue en juin 2016, elle impliquait cette fois Jacques Daoust (devenu ministre des Transports), Dominique Anglade (ministre de l’Économie) et Carlos Leitao (ministre des Finances). C’est ce trio ministériel qui a renégocié à la baisse le bloc de bons de souscription.


RÉSULTAT


Après avoir investi 1,3 milliard $ pour sauver la C Series du précipice, notre part dans la société en commandite de la C Series a fondu de 49,5 à 18,5 % et notre bloc de bons de souscription a été coupé de moitié.


Sans investir un cent, Airbus détient maintenant le contrôle de la C Series avec 50,01 % des parts, en plus de détenir la même quantité de bons de souscription que Québec.


Et Bombardier, tout en détenant encore 31,5 % des parts de la C Series, a vu sa valeur boursière exploser de 110 %. Une appréciation boursière dont on ne peut bénéficier que partiellement puisque le gouvernement a directement investi dans la C Series au lieu d’investir dans le capital-actions de Bombardier.