L'immigration, grande négligée de la campagne

Québec 2007 - Analyse



À l'heure des accommodements raisonnables, aucun des partis politiques n'aborde franchement la question de l'immigration dans sa plateforme électorale. Le constat inquiète d'autant plus la Table de concertation pour les organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) que l'immigration est traitée sous la rubrique de l'identité québécoise.
«Il n'y a rien dans leur plateforme, sinon de façon indirecte. Le mot immigration est perdu. C'est qu'ils ne savent pas trop quoi faire. Ils n'ont pas de vision claire», estime Stephan Reichhold, porte-parole de la TCRI. La critique de M. Reichhold s'adresse autant aux trois principaux partis politiques qu'à Québec solidaire et au Parti vert. Tous parlent de principes; aucune mesure concrète n'est avancée.
Dans la plateforme du Parti libéral du Québec, on note qu'un effort sera fait pour la reconnaissance des diplômés étrangers. On affirme également vouloir mener une campagne de promotion de la qualité du français, notamment auprès des communautés culturelles pour assurer leur intégration économique et sociale. Il est aussi mentionné que des suites seront données aux recommandations de la commission d'étude sur les accommodements raisonnables présidée par Charles Taylor et Gérard Bouchard.
On indique que 15 millions seront dévolus au plan d'action contre le racisme. Mais, au déclenchement des élections, la rédaction de ce plan gouvernemental a été reportée.
Du côté du Parti québécois, on prône «une culture et une identité pour le pays». Un gouvernement péquiste «revitalisera les programmes de francisation», peut-on lire sans toutefois comprendre s'il s'agit d'augmenter les ressources budgétaires dans ce domaine. On s'engage également à lutter contre le racisme.
En marge d'une conférence de presse, la députée péquiste Elsie Lefebvre, a donné hier l'assurance que l'immigration était «une priorité pour le Parti québécois». «Nos écoles servent de lieu d'intégration», a-t-elle indiqué.
À l'Action démocratique du Québec, on s'engage à «instaurer une citoyenneté québécoise», afin de renforcer l'identité du Québec. On indique qu'un gouvernement adéquiste accompagnerait mieux les nouveaux arrivants en bonifiant notamment les programmes de francisation et d'intégration.
La citoyenneté proposée par Mario Dumont n'est pas sans rappeler les efforts déployés sous le gouvernement péquiste pour prendre une voie semblable, souligne Stephan Reichhold.
La TCRI tente d'organiser un débat sur la question de l'immigration la semaine prochaine. Or il semble que les partis politiques démontrent peu d'empressement à y participer. «Il est vrai qu'électoralement, ce n'est pas très payant de parler d'immigration», affirme M. Reichhold, reconnaissant même que, par les temps qui courent, cela peut être un sujet glissant.
Il souligne qu'en comparaison, le gouvernement canadien n'hésite pas à investir dans cette matière. Avec le dernier budget du gouvernement Harper, 300 millions ont annoncés pour améliorer les services d'intégration des immigrants. Seul le Québec ne bénéficie pas de ces mesures, compte tenu de l'Accord Canada-Québec sur l'immigration. Cette entente unique au pays accorde au Québec un certain contrôle sur son immigration. Pour y parvenir, le Québec reçoit annuellement d'importants transferts fédéraux.
En 1992-93, Ottawa a versé 82 millions. Pour l'année qui se termine à la fin du mois, c'est une somme de quelque 197,6 millions que recevra le gouvernement du Québec. Or toutes les sommes ne sont pas dépensées pour l'intégration des immigrants. C'est vrai sous le gouvernement de Jean Charest, et ce l'était également sous le précédent gouvernement du Parti québécois.


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