Dans «Qu’en est-il de la dimension historique ? », Guillaume Lavoie s’inquiète d’une possible mise au rancart de l’histoire durant les festivités du 375e de Montréal, dont il est conseiller de l’opposition. Une visite approfondie du site de la Société du 375edonne envie de crier au loup comme lui… Déjà, la phrase d’accueil sonne comme le glas de l’histoire : « Plus qu’une fête. C’est le moment où le futur de Montréal commence ». Le futur? Seulement? Et le passé? Aucune mention. Étrange…
Autre objet d’étonnement : les trois premiers portraits de Montréalais en ligne à ce jour mettent en vedette un itinérant, un pauvre bougre à l’air dérangé et un handicapé. Curieux choix : on n’a rien trouvé de plus réjouissant que de mettre en relief des Montréalais d’aujourd’hui plongés dans l’indigence? On cherche aussi en vain des portraits du passé, comme celui de Maisonneuve ou de Jeanne Mance, qui n’ont fait que... la fonder! Il faut le rappeler, puisque le comité semble croire que ce n’est pas là son rôle, lui qui affiche une préférence marquée et suspecte pour des portraits plus anecdotiques qu’historiques.
Tristes relents du 400e de Québec, qui avait laissé Champlain enfermé dans le silence de son introuvable tombeau et avait caché les symboles québécois. Pendant ce temps, à Ottawa, ce fondateur de la Nouvelle-France était visible partout et présenté comme le fondateur… du Canada.
Poursuivons notre petite enquête du côté du conseil d’administration de la société du 375e. Tiens, sa présidente s’appelle France Chrétien-Desmarais… Convaincre la fille de Jean Chrétien et épouse d’André Desmarais, héritier de Power Corp., de l’importance de souligner ne serait-ce que du bout des lèvres l’identité québécoise des Montréalais équivaut à lui faire avaler des couleuvres. Surfant sur la vague du 150e du Canada, célébré lui aussi en 2017, parions qu’elle imposera plutôt l’unifolié comme symbole de fierté. Parmi les projets qui lui seront soumis, je l’imagine rejeter du revers de la main celui qui oserait proposer par exemple de souligner le 50e anniversaire de la venue de Charles de Gaulle. La seule évocation de son célèbre cri du cœur lui donnera de l’urticaire. Cela fera pourtant 50 ans en 2017 que cet appel à la liberté aura retenti à la face du monde.
Les historiens écartés
Ceux qui chercheront un seul historien membre du CAou de l’équipe seront déçus : il est noyauté par des affairistes. Les historiens, ces fauteurs de trouble et empêcheurs de fêter en rond ne sont présents que par la bande, à travers un partenariat presque caché avec Montréal en histoires, organisme fondé en 2006. Cette alliance pourtant naturelle n’est même pas soulignée par un misérable hyperlien sur le site du 375e.
De là à dire qu’on nous prépare une fête vidé de substance historique comme à Québec en 2008, il n’y a qu’un pas.
Montréalais, écoutez-moi bien : pendant toute la durée du 375e, il vous faudra redoubler de vigilance. Dans ce Québec provincial inféodé à Ottawa, tout ce qui n’est pas purement canadien/canadian, comme la Nouvelle-France, sera évacué. Sans états d’âme. À moins que des voix fortes se fassent entendre. Ou que l’équipe de la Société du 375e se réveille et montre ce qu’elle a dans le ventre. Espérons qu’ainsi, on pourra faire mentir Guillaume Lavoie quand il constate que « l’histoire n’est pas centrale » dans l’affaire. Pour le moment, il a malheureusement tout à fait raison.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2015http://www.375mtl.com/societe-du-375e/conseil-dadministration-et-conseil-executif/
allez voir qui siège au conseil d'administration de ces fêtes et vous allez comprendre
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2015Je pense qu'il est possible de monter une fête parallèle avec Maisonnée et Jeanne Manche comme figure importante. Je fais appel à tous les historiens pour mettre sur pied une pièce de théâtre ou la lecture de texte historique ou la reconstitution d'époque avec nos figures emblématique. Ce n'est pas vrai qu'on va revivre les pathétiques fête du 400e à Québec avec Paul McCartney au lieu de la vivre avec tous nos artistes d'ici.
Gaston Deschênes Répondre
5 juin 2015Bonne idée de sonner le tocsin. Comme à Québec en 2008, l'histoire au 375e est sur la voie d'évitement.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
5 juin 2015Pour ces raisons navrantes, plusieurs piaffent maintenant pour aider PKP à "faire du Québec un pays."
En 2012, Gilbert Paquette dirigeait les Intellectuels pour la Souveraineté (IPSO, nés en 1995) pour publier, sous une préface de Jacques Parizeau: "L'indépendance, maintenant!" Il notait en intro qu'ils publiaient au moment où débutaient les États généraux sur la souveraineté, démarche citoyenne qu'ils appuient, évidemment: même objectif, soit actualiser le projet indépendantiste et approfondir la réflexion sur ses fondements.
En 2014, Paquette devenu Président du Conseil sur la Souveraineté préface: Forger notre avenir, Bilan des États généraux sur la souveraineté." Il y constate encore que le projet souverainiste fait du surplace. Ceci aura justifié tous ces militants de parcourir le territoire pour discuter en ateliers de:
-Interpeller le Québec sur son avenir
-Mettre l'indépendance au coeur de tous les débats et en faire un enjeu incontournable de société.
-Ouvrir un espace citoyen pour faire le point, identifiant les actions nécessaires à réaliser.
Il en est sorti l'identification de 92 blocages subis par le Québec dans le Canada. Puis, le projet d'une démarche constituante fondée sur la souveraineté populaire; des projets de développement économique dans un Québec-pays.
Pour la suite des choses, on ne peut pas dire que le terrain n'est pas défriché... Ceux qui se sont laissé distraire de la cause depuis 1995, sont peut-être encore sous la menace fédéraliste: "D'où viendra l'argent?" Quand le nouveau chef du nouveau Parti Québécois répète que Nous serons plus riches comme pays, même les jeunes "internationalistes" tendent l'oreille.
Notre position géographique, raison du Canada pour nous emprisonner, deviendra notre richesse. Tout le monde foule notre territoire avec des matières dangereuses, gratuitement. Surtout le fleuve, que Couillard s'apprête à livrer sans conditions à ceux qui viendront exploiter nos richesses naturelles, gratuitement, ne nous rapporte rien actuellement, incluant les ponts surélevés pour le passage des bateaux, qu'on paie de nos taxes, et bientôt d'un péage.
Qu'attendent les Québécois(e)s de tous partis confondus, pour s'unir dans ce projet? On refera des Partis par après.