L’ex-imam Hassan Guillet, devenu une star médiatique à la suite de son prêche remarqué lors de la cérémonie à la mémoire des victimes de la tuerie à la mosquée de Québec, est aujourd’hui un ex-candidat du PLC.
L’homme affichant sa modération se révèle donc sous un jour plus sombre. Le Parti libéral du Canada a découvert trop tard, il faut le croire, que son candidat élu lors de l’investiture dans la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel tenait dans un passé récent des propos antisémites du genre « les juifs contrôlent la politique américaine », une version de l’assertion que Hitler élargissait au monde entier pour justifier l’éradication de tous les juifs de la planète.
Hassan Guillet signait jusqu’à tout récemment une chronique dans le journal pro-Hezbollah montréalais Sada al-Mashrek (Écho du levant). La ligne éditoriale du journal est pro-iranienne. En novembre 2017, l’ex-imam – on ignorait qu’il existait des ex-imams – a écrit en arabe que les musulmans laïques qui critiquent l’islamisme font la guerre contre l’islam. À ses yeux, ces musulmans mènent une guerre pire que celles que font les autres ennemis de l’islam.
Bien-pensance
L’ex-candidat libéral a aussi fait l’éloge de toutes les tendances qui modèlent l’islam au Canada, une reproduction fidèle de ce qui existe dans le monde. Ce qu’on appelle, à vrai dire, l’islam politique semble donc bien vivant au Canada. Pourtant, nombre de Canadiens bien-pensants, naïfs ou admirateurs béats du multiculturalisme nient cette réalité. Ils sont plutôt portés à agiter le spectre de l’islamophobie pour stigmatiser les donneurs d’alerte.
Dans les médias, la rectitude politique est de mise. Rappelons-nous la célèbre phrase de Philippe Couillard concernant « les braises de l’intolérance ». L’ancien premier ministre caressait l’idée qu’un racisme systémique flottait sur le Québec, ce qui incluait à l’évidence l’islamophobie.
Le Parti libéral du Canada vient de recevoir une terrible leçon. Il a fait preuve d’imprudence en ignorant que les révélations aujourd’hui rendues publiques sur un candidat au profil idéal selon la vision multiculturelle canadienne étaient disponibles avec un minimum de recherche.
Négligence
Sans doute la peur de discriminer et d’ostraciser Hassan Guillet a-t-elle participé à cette négligence. Avec, dans ce cas-ci, des conséquences très négatives puisque la communauté italienne de la circonscription, fidèle parmi les fidèles du PLC, assurée depuis si longtemps de l’élection d’un candidat d’origine italienne, ne décolère pas.
Et l’on sait aussi que Hassan Guillet a mobilisé la communauté musulmane pour réussir à être désigné candidat. C’est également donc une déception pour elle. Le PLC se retrouve responsable d’un affrontement entre des communautés culturelles dont on sait qu’elles sont courtisées par la plupart des partis politiques dans cette élection à l’issue encore incertaine.
Quand on joue le clientélisme, comme le fait le PLC, le parti le plus multiculturel du Canada, on doit en payer les pots cassés. Et surtout apprendre la prudence, car dans notre société de transparence, le passé d’un candidat n’est plus à l’abri de l’intolérance qui vise d’autres communautés. Dans ce cas-ci, on ne peut pas reprocher à la communauté juive d’avoir été vigilante.