C’est généralement entendu : le Parti Québécois pourrait disparaître en octobre. Au mieux, disent certains, il conservera un seul député, Pascal Bérubé, qui deviendrait, pour notre temps, un hybride entre René Chaloult et Fabien Roy.
Ce n’est pas un scénario impossible. Mais ce n’est pas le seul possible.
Car nous sommes témoins d’un étonnant renouvellement du PQ, qui parvient à attirer des candidats de qualité, alors qu’il n’a aucune chance de former le prochain gouvernement. Il attire aussi une nouvelle génération de militants indépendantistes qui vient rappeler que la cause nationale n’en est pas une de têtes grises. Comment l’expliquer ?
Jeunesse
Paul St-Pierre Plamondon, le chef du PQ, a entrepris, depuis son élection, à l’automne 2020, de recentrer son parti sur son objectif fondamental : l’indépendance. Plusieurs y ont vu un pari insensé : la question nationale semble la grande absente de notre vie politique actuellement.
En fait, elle ne l’est qu’en partie.
De la loi 21 à la loi 96, en passant par les débats sur l’immigration, sans oublier les tombereaux de haine qui nous viennent du Canada anglais, et plus particulièrement, de ses représentants à Montréal, c’est bien la question nationale qui revient.
J’insiste sur ce dernier élément : on voulait nous faire croire que malgré les désaccords circonstanciels entre les ordres de gouvernement, la cohabitation montréalaise était plutôt pacifique.
On découvre que c’est faux. La haine anti-québécoise s’est normalisée et banalisée.
Je résiste à la tentation de parler de racisme anti-québécois, puisqu’on utilise de manière abusive le terme « racisme » aujourd’hui. Et les Québécois ne sont pas une race !
Mais il faut quand même parler d’une hostilité qui ne se cache plus, et qui a le culot de se présenter dans le langage mielleux de la société inclusive.
Mais je reviens à mon sujet : la question nationale revient.
La CAQ contribue à cette renaissance, et en même temps, elle l’inhibe.
Elle y contribue en faisant du nationalisme le cœur de sa rhétorique politique.
Elle l’inhibe dans la mesure où elle ne nous explique jamais ce qu’elle fera quand elle constatera que le régime canadien est structurellement bloqué à toutes les revendications québécoises.
Il y a deux CAQ. Celle de Sonia LeBel et Pascale Déry et celle de Bernard Drainville et Simon Jolin-Barette. Laquelle l’emportera ?
C’est dans ce contexte que le PQ retrouve un espace politique et que son renouvellement porte fruit.
Il le fait en révélant les contradictions de la CAQ et en brandissant son propre idéal.
Deux millions
Il le fait aussi en rappelant aux Québécois que l’indépendance n’est pas ringarde. La publicité rappelant récemment qu’il y a deux millions de Québécois prêts à voter Oui était efficace.
On tend à l’oublier, mais c’est bien vrai.
Je ne sais pas si le PQ survivra aux prochaines élections.
La tendance lourde joue contre lui. Mais la tendance des dernières semaines laisse croire qu’il pourrait survivre, surprendre, et garder vivante la flamme du pays de l’indépendance à l’Assemblée nationale au moment où elle sera plus que jamais nécessaire.