PIERREFONDS

L’éthique derrière le projet immobilier est remise en question

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Des enjeux de principe

Toujours dans le but de freiner le vaste projet de développement immobilier dans Pierrefonds-Ouest, des citoyens ont déposé le 8 juillet une plainte au Commissaire au lobbyisme du Québec.

Envoyée au nom de Floris Ensink, président du Sierra Club Québec, un organisme environnemental qui s’oppose à tout développement dans des milieux naturels montréalais, la plainte vise la société Grilli Développement inc. et son principal administrateur, Jean-Pierre Grilli, pour des activités de lobbyisme illégales.

Selon le document, M. Grilli, l’un des promoteurs impliqués dans le projet, aurait procédé à « des activité de lobbyisme sans [être] inscrit au Registre des lobbyistes ». Il aurait maintenu ses relations « avec des élus municipaux, dont le maire de l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro [Jim Beis] », a expliqué Floris Ensink.

Or, en vertu de l’article 25 de la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme, « nul ne peut exercer des activités de lobbyisme auprès d’un titulaire d’une charge publique s’il n’est inscrit sur le registre des lobbyistes relativement à ces activités ».

« La loi est claire, insiste la directrice des communications au bureau du Commissaire au lobbyisme du Québec, Émilie Giguère. Toute personne — promoteur inclus — qui entreprend des communications d’influence auprès d’un ou de plusieurs élus est tenue de s’inscrire au Registre. »

Le Groupe Grilli n’a pas répondu aux demandes d’entrevue du Devoir.

Conflit d’intérêts ?

La plainte transmise au Commissaire allègue aussi que David Cliche, d’ACB Consultants et lobbyiste-conseil pour le Groupe Grilli, se serait placé en situation de conflit d’intérêts compte tenu de son passé comme consultant pour la Ville de Montréal sur le même projet.

En effet, M. Cliche se serait vu octroyer plusieurs contrats, en 2008, afin de « diriger le processus de planification menant aux ententes visant leprojet de conservation et de développement de la partie Ouest de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro ».

Chose que le lobbyiste n’a toutefois jamais cachée. En entrevue téléphonique, M. Cliche admet qu’il s’implique dans ce dossier depuis 2005, d’abord comme contractuel pour la Ville, puis pour le compte des cinq promoteurs impliqués. « On m’a demandé d’être un facilitateur parce que je connais bien le contexte, insiste-t-il. Tout le monde a toujours été au courant ! »

M. Cliche s’est d’ailleurs dit outré de cette atteinte à sa réputation. « Cette plainte est frivole ! Elle ne vise qu’à ralentir le projet, a-t-il vociféré. Eux aussi exercent des pressions sur les élus. Pourquoi ne sont-ils pas inscrits au Registre ? »

Interrogée sur le sujet, la directrice des communications du bureau du Commissaire au lobbyisme indique que « les citoyens peuvent interpeller leurs élus sans avoir à s’inscrire au registre », selon l’article 3 de la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme.

Question de transparence

Pour le chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez, ce transfert est plutôt inquiétant. « Ce lobbyiste était au coeur des travaux de la Ville, il a accumulé beaucoup d’informations, souligne le maire du Plateau-Mont-Royal. Ça soulève des questions éthiques sur tout le projet. » Et si la plainte n’aura sans doute pas de conséquences concrètes, selon lui, elle devrait donner un outil supplémentaire poursensibiliser la population à l’arrêt du projet immobilier.

Pour sa part, l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro a refusé de répondre aux questions du Devoir. Il a fait valoir qu’il ne lui « est plus possible de répondre à aucune question au sujet de Pierrefonds-Ouest depuis que le dossier est judiciarisé ». « C’est devant les tribunaux que les échanges se feront à ce sujet », a répondu Johanne Palladini, chef de division des relations avec les citoyens et des communications.


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