L'essentiel du CHUM 2010 : 700 lits sur un site unique

Par Denis R. Roy

CHUM

mercredi 5 janvier 2005
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Libre opinion - Il ne se passe pas de journée sans que les médias fassent état de la localisation et de la construction du CHUM. À titre de directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et de maître d'oeuvre de la construction du CHUM 2010, j'aimerais apporter des précisions sur ce qui constitue l'un des grands projets de la décennie.
Au-delà de la géographie, de la brique et du béton, n'oublions pas que le CHUM est un centre hospitalier universitaire, soit, mais d'abord et avant tout un centre hospitalier. Regardons donc ce projet à travers le prisme du patient. Oui, le patient au centre de nos préoccupations. Et ce patient, je le connais, ayant été dans ma pratique professionnelle antérieure médecin spécialiste traitant (en néphrologie), professeur et chercheur.
Un patient à qui l'on doit offrir obligatoirement un site accessible et sécuritaire. Un patient à qui l'on doit garantir les meilleurs soins et services. Un patient qui se verra proposer les dernières technologies diagnostiques et thérapeutiques sous un même toit. Un patient qui participera à la formation des futurs soignants. Un patient qui, entouré de ses proches, recevra toute l'information nécessaire pour assumer la responsabilité de sa santé.
Les projections et travaux des dernières années ont démontré clairement la nécessité d'un centre hospitalier universitaire de 700 lits sur un site unique. L'Université de Montréal, l'Agence de développement des services de santé et des services sociaux, le ministère de la Santé et des Services sociaux et, bien sûr, le CHUM se sont mis d'accord sur ce principe fondamental.
Pourquoi 700 lits ? En raison de la projection démographique et de l'évolution des technologies. Et le site unique ? Parce que nous avons actuellement l'expérience de trois sites et que nous en connaissons tous les écueils. Toujours pour le bien du patient et pour en faire profiter le plus grand nombre, nous travaillons d'ailleurs, dans le cadre de notre plan de transition vers CHUM 2010, à regrouper certaines des spécialités pour mieux utiliser nos ressources humaines et nos équipements.
Doté d'une vocation suprarégionale, le CHUM assume à la fois des fonctions de centre de référence et d'hôpital de proximité. Environ les deux tiers de la clientèle du CHUM proviennent de la région de Montréal, dont un nombre important de patients qui s'y présentent plusieurs fois par semaine. Qui dit bassin de desserte pour cette clientèle dit accessibilité. Ces deux questions intimement reliées ne doivent pas être escamotées dans le choix du site.
Il est proposé de plus en plus régulièrement de faire du CHUM 2010 un hôpital sur deux sites. Fractionner le projet serait une erreur historique grave dont le CHUM ne parviendrait à se relever qu'avec grande difficulté. Par ailleurs, le patient en serait le grand perdant.
Pour assurer la formation de l'élite de la santé de demain, il est nécessaire de créer cette synergie sur un seul site. Pour nos 700 professeurs et nos 5000 étudiants et stagiaires provenant de l'ensemble du Québec et répartis dans 40 professions de la santé, l'enseignement n'en sera que plus efficace et générateur d'une plus grande émulation chez notre population étudiante, pour qui nos quelque 500 000 patients accueillis annuellement au CHUM représentent une importante source d'apprentissage.
Le CHUM génère une production scientifique enviable dans laquelle le patient occupe un rôle de premier plan. Des centaines de publications scientifiques et des dizaines de conférences à des congrès internationaux sont réalisées annuellement par les quelque 350 chercheurs du CHUM. Considérant ces activités de recherche dans le domaine biomédical, le CHUM constitue un véritable incubateur de développement de la recherche en santé au sein de l'Université de Montréal.
Sans une masse critique suffisante de patients, les huit axes de recherche et les trois plateformes de développement du Centre de recherche du CHUM ne pourraient exister. Ainsi, trois nouveaux projets (FCI), qui sont au coeur de nos priorités, étaient récemment retenus : la création d'un centre de recherche sur le diabète à Montréal, la recherche sur l'interaction des gènes et de l'environnement, et la recherche de vaccins contre les nouvelles pathologies (maladies infectieuses et cancer).
Le Comité de planification et les professionnels du CHUM 2010 ont fait leurs devoirs en respectant les balises budgétaires proposées par le gouvernement du Québec. Rappelons que la commission Mulroney-Johnson recommandait l'étude du site du 1000 Saint-Denis, à quelques pas de l'hôpital Saint-Luc, orientation d'autant favorisée par le fait que, au cours des dernières années, cet hôpital a connu plusieurs opérations de modernisation.
À l'inquiétude manifestée par plusieurs sur le fait qu'un site au centre-ville serait inconvenant pour le développement de Montréal, je répondrai que la matière première de l'industrie du savoir, ce sont les cerveaux.
Bien sûr, nous devons préalablement implanter des infrastructures adéquates en termes d'espace, de laboratoires et de technologie, mais avant tout, nous devons recruter des scientifiques de haut niveau. Le Centre de recherche du CHUM a déjà créé des liens depuis nombre d'années avec plusieurs universités réparties dans le monde entier.
Inspirons-nous des grandes tendances observées dans les centres hospitaliers universitaires (CHU) en Amérique du Nord : le Northwestern Hospital (Chicago), l'UCLA Healthcare (Université de Californie à Los Angeles), le New York Presbyterian, le UCSF (Université de Californie à San Francisco) et le Johns Hopkins Hospital (Baltimore, Maryland), entre autres, ont pour caractéristiques communes à la fois une localisation au centre-ville et un rattachement à la faculté de médecine, et ce, à bonne distance du campus universitaire.
Il est important de savoir que, lors du choix du site de la nouvelle construction de l'hôpital Johns Hopkins, le président de cette institution a fait un retour sur les valeurs qui avaient dicté la construction originale et a décidé qu'il était essentiel, pour les soins et l'enseignement, d'implanter la nouvelle construction là où les patients se trouvaient.
Il est donc urgent que le CHUM d'aujourd'hui se transforme et se rassemble sur un site unique. Rappelons que, historiquement, aucun projet de société n'a atteint ou même conservé ce titre sans avoir pu compter sur l'expertise, l'enthousiasme et la dévotion des hommes et des femmes qui ont su mettre ce pour quoi ils avaient été formés au centre de leurs préoccupations et, dans notre cas, il s'agit du patient.
Denis R. Roy, M.D.
_ Directeur général, Centre hospitalier de l'Université de Montréal


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