L'entre-deux

17. Actualité archives 2007



C'est l'histoire de l'oeuf et de la poule sur fond irakien. Voilà: des élus démocrates et républicains demandent une augmentation des troupes stationnées en Irak que les gradés concernés au premier chef ne veulent pas. Le président? Il hésite, il oscille, il ne sait pas. Lors d'une conférence de presse hier, il a tenu des propos contredisant ceux formulés il y a encore trois semaines, soit que des progrès avaient été réalisés, confessant que la situation actuelle est pire que celle envisagée. Mais revenons aux militaires.
Le général John P. Abizaid, chef d'état-major de l'armée au Moyen-Orient, ainsi que le général George W. Casey, chef d'état-major des troupes en Irak, ont clairement indiqué qu'ils ne voulaient pas d'une addition de GI dans la région de Bagdad. Les raisons de ce refus se résument comme suit: toute augmentation du nombre de soldats américains se solderait immanquablement par l'exacerbation des tensions déjà vives entre la population et une coalition composée uniquement d'étrangers. De plus, toute hausse aurait pour conséquence de retarder le jour où les Irakiens hériteront de tous les commandements en matière de sécurité.
Plutôt que d'ajouter des soldats, le duo Abizaid-Casey propose ou, mieux, souhaite que l'administration Bush s'applique à l'articulation d'une solution internationale. Cette position mérite qu'on s'y arrête. En effet, ce que veulent ces généraux, c'est qu'on reprenne certaines des solutions préconisées par l'Irak Study Group de James Baker et Lee Hamilton. À mots à peine couverts, Abizaid et Casey avancent qu'il faut discuter avec les pays voisins de l'Irak, notamment l'Iran et la Syrie. Ce que le président Bush a jusqu'à présent rejeté.
À ce propos, simultanément à la conférence de Bush et à la réaction des gradés, le premier ministre Tony Blair s'est introduit dans le débat. Actuellement en tournée au Moyen-Orient, le chef du gouvernement britannique a confié son sentiment selon lequel le monde fait face à un défi monumental entre modérés et extrémistes. Ces derniers, a pris soin de préciser Blair, ont l'Iran pour chef de file.
De cette intervention, il faut tout d'abord souligner la... géographie. Blair a prononcé ces mots en plein golfe Persique. Et alors? Au cours des dernières semaines, les nations sunnites, dont évidemment l'Arabie Saoudite, ont indiqué que jamais elles ne laisseraient l'Iran devenir la puissance de la région. On se souviendra qu'il y a 15 jours à peine, des responsables saoudiens avaient prévenu que tout départ précipité des forces américaines se traduirait par une intervention qualifiée de massive. Intervention à laquelle participeraient probablement la Jordanie et l'Égypte.
De cette intervention, il faut maintenant relever l'orchestration. En effet, en s'alignant, pour rester poli, sur la ligne que Bush a adoptée en ce qui a trait à l'amorce d'un dialogue avec la Syrie et l'Iran, Blair entend couper l'herbe sous le pied de ceux qui, aux États-Unis, se sont faits les champions des conclusions de l'Irak Study Group. À noter d'ailleurs que le sénateur John Kerry s'est déplacé en Syrie.
Ce qu'on peut retenir de ces derniers épisodes, c'est qu'on se rapproche à vitesse grand V du jour où le choix sera le suivant: la pacification de l'Irak, avec tous les avantages que cela suppose pour l'Iran, ou une guerre régionale. Rien de moins.


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