L'enfer, c'est les autres...

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La désert intellectuel des Couillard, Barrette et Weil





Faisons un petit retour à la «tempête» PKP de la semaine dernière provoquée par ses remarques controversées sur l’immigration, la démographie et la souveraineté.


Jeudi dernier, après avoir refusé de le faire en matinée, rappelons que Pierre Karl Péladeau s’en était finalement excusé dans la soirée.


Chez ceux et celles qui ne voyaient dans ses propos qu’un simple «constat», ses excuses publiques en ont choqué plusieurs. Mon analyse n’épouse pas ce point de vue. Sur le plan politique, pour les raisons que j’expliquais ici dans ma chronique, ses excuses étaient nécessaires.


Or, pour ou contre ses excuses, d’autres propos – pourtant choquants sur le fond des choses -, n’en ont malheureusement mérité aucune.


Parce que bien au-delà de l’inévitable joute partisane, ces propos n’étaient pas anodins. Parce qu'ils se perdent aussi rapidement dans le tourbillon de l'actualité, il  importe d’y revenir. Je parle ici de certaines déclarations faites en réaction aux propos initiaux de PKP.


***


 


Selon le premier ministre, Philippe Couillard, les propos controversés du candidat à la chefferie du Parti québécois marquent «une déviation claire vers le nationalisme ethnique depuis l’époque de la charte qui, d’après moi, doit faire frémir ceux qui ont fondé ce parti-là


Depuis des décennies, les Québécois ont certes pris l'habitude d’entendre cette même accusation de «nationalisme ethnique», parfois envers le Québec lui-même, d'autres fois envers les souverainistes en général et d'autres fois encore, envers le PQ plus spécifiquement. Cette accusation vient toutefois habituellement des médias canadiens-anglais ou anglo-montréalais.


Venant d’un premier ministre du Québec, c’est une accusation qui pèse nettement plus lourd. Les mots ayant un sens, le premier ministre accuse en fait l’opposition officielle de xénophobie.


Pour ce faire, il marque même chronologiquement l’apparition de cette tare gravissime en faisant référence à la charte des valeurs de Pauline Marois. Or, qu’en est-il dans les faits ?


En septembre 2013, j’avais déjà expliqué clairement les raisons de mon opposition au volet «signes religieux» de la charte des valeurs. Sur mon blogue de l’Actualité, voici ce que j’écrivais plus spécifiquement sur cette question de la «xénophobie» :


«Enfin, il importe de noter que la motivation du gouvernement (derrière la charte des valeurs) est essentiellement électoraliste et non pas xénophobe. Il n’y a pas de Front national version québécoise dans notre parlement.


Qui plus est, selon certains sondages, l’«opinion publique» au Canada anglais serait également divisée sur ces sujets sensibles.


Au Québec, par contre, la question se pose autrement. La «proposition» d’une interdiction à géométrie variable des signes religieux pour régler un «problème» que le gouvernement refuse de démontrer, aura-t-elle malgré tout l’effet d’alimenter un sentiment d’exclusion au sein de certaines communautés québécoises? Bref, sans que sa motivation ne soit xénophobe, son annonce risque-t-elle toutefois de produire le même effet? Y aura-t-il dommages collatéraux sur ce plan majeur du même «vouloir-vivre» ensemble?»


En d’autres termes, le premier ministre Couillard est allé trop loin.


***


Ce qui nous amène à une autre réaction.  Selon Gaétan Barrette, le tout est «extraordinairement inquiétant». Avec les propos de PKP, le PQ, dixit le ministre, montre «son vrai visage», soit celui d’un «parti sectaire» qui, après le «profilage vestimentaire» passe maintenant au «profilage de la citoyenneté». Selon le ministre, le PQ importe carrément ici le «Front national» - un parti français d'extrême-droite.


Ce sont là d’autres propos lourds de sens parce qu’ils proviennent d’un ministre du gouvernement du Québec et non pas d’un chroniqueur du National Post.


Une autre réaction est toutefois passée inaperçu. Les propos de Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, étaient pourtant les plus troublants d’entre tous.


Troublants parce qu’ils laissaient voir un préjugé d’une telle force qu’on ne s’attendrait jamais à entendre ce genre de déclaration de la part d’une ou d’un membre du conseil des ministres, quel que soit le parti qui le forme. Un préjugé sous forme de généralisation grossière qui, dans les faits, transcendait même la caricature la plus primaire.


Mme Weil laissait en effet tomber ceci :


«La moitié d’entre nous, surtout du côté du gouvernement, sommes issus de l’immigration. (...) Il faut changer de ton. (...) Je pense que globalement, ils ont un problème du côté du Parti québécois. La charte des valeurs 0.2 /sic / (...) On voit que la question identitaire, c’est vraiment un problème pour eux. Sont pas capables de se défaire de ça. (...) On dirait qu’ils ne rencontrent pas ces personnes-là que moi je rencontre, que nous, on rencontre. On dirait qu’il n’y a personne dans leurs familles qui fait partie de ces gens extraordinaires qui viennent enrichir le Québec. On dirait qu’ils sont tellement éloignés de cette réalité. (...) C’est quoi cette affaire-là, d’avoir peur de l’autre?»


Traduction : selon la ministre, les élus «péquistes» ne seraient même jamais en contact avec des Québécois de diverses origines au point où, toujours selon elle, il n’y en aurait même pas dans leurs propres «familles»...


Bref, la ministre passe ici de la xénophobie prêtée à l’opposition officielle à leur prêter même, individuellement, une espèce d'autarcie personnelle, autant sur le plan familial que social et culturel.


Si c’est là ce que la ministre pense vraiment, cela en dit très long sur ses propres préjugés hautement personnalisés envers des élus qui siègent au même parlement qu'elle. 


Si, toutefois, cette sortie n'était en fait qu’une «ligne» sensationnaliste lancée en plein «scrum» pour épater la galerie, ce serait faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle franchement spectaculaire.


Dans sa réaction, la ministre avait cependant raison sur au moins une chose lorsqu'elle a remarqué que la semaine avait été tout simplement «désolante». Malheureusement, ses propres propos ont fait partie de l'ensemble de l'oeuvre...




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