L'empire culturel

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Quand la pseudo-objectivité n'est que vilaine tartufferie

Le poids de Québecor sur la vie économique et culturelle du Québec n'a fait que s'accroître depuis l'entrée en politique de son propriétaire.
Si Pierre Karl Péladeau devenait un jour premier ministre, on ne trouverait dans aucune autre société démocratique une telle concentration de pouvoirs entre les mains d'un seul homme, serait-ce via une fiducie, à l'exception du cas Berlusconi en Italie. (Il va sans dire que je parle ici de pouvoir et non pas des personnalités, M. Péladeau ne pouvant être comparé à l'ancien président du conseil italien, que ses moeurs et ses magouilles ont souvent mené devant les tribunaux.)
Le problème dépasse de beaucoup la question du contrôle de l'information. Par l'intermédiaire des industries culturelles dans lesquelles il est un joueur prédominant, Québecor est en mesure d'influencer la vie de l'esprit, les mentalités et les valeurs de la société.
Il pourrait aussi, en vertu du quasi-monopole qu'il exerce dans plusieurs domaines, exclure ou boycotter les compétiteurs de l'entreprise ou les critiques de PKP et/ou de son parti politique.
Québecor contrôle, avec le Journal de Montréal et le Journal de Québec, le plus gros tirage de la presse quotidienne. Le gratuit 24 heures a obtenu en 2011 l'exclusivité de la distribution dans le métro, après celle des trains de banlieue.
Son agence de presse, QMI, fait maintenant concurrence à la Presse Canadienne, à qui Québecor a donné un dur coup en annulant son abonnement. Dans un autre ordre d'idées - celui de l'éthique - Québecor s'est retiré du Conseil de presse, qui a ainsi perdu son autorité morale sur la plus grande partie de l'information au Québec.
Avec TVA, LCN et sept chaînes spécialisées, Québecor est de loin le plus important télédiffuseur au Québec.
Grâce à l'acquisition récente des studios Mel's (Cité du Cinéma), la plus grosse maison de production cinématographique au Québec, Québecor devient l'un des maîtres du cinéma québécois.
Vidétron détient une part très importante du marché de la distribution télé, son réseau recouvrant les territoires où vivent 90% de la population.
Québecor est aujourd'hui en situation de quasi-monopole dans les magazines, grâce à l'acquisition récente des publications de Transcontinental (Véro, Elle Québec, Coup de pouce, etc.). Les seuls magazines généralistes qui échappent à l'empire sont L'actualité et Châtelaine.
Québecor contrôle la presque totalité du domaine du livre, ayant acheté au fil des ans toutes les grandes maisons (Éditions de l'Homme, Hexagone, Stanké, VLB, etc.). Il est plus simple d'énumérer les maisons d'éditions que Québecor ne possède pas: Québec Amérique, Boréal, Les Éditions La Presse, et une quinzaine de très petits éditeurs. Rien d'étonnant à ce que les Messageries ADP, propriété de Québecor, soient le plus important distributeur de livres au Québec.
Avec Archambault, Québecor détient la deuxième plus grande chaîne de librairies au Québec.
Québecor avait déjà le quasi-monopole de la distribution de revues, par l'intermédiaire de Messageries dynamiques... statut aujourd'hui confirmé grâce à l'acquisition de LMPI (l'héritier de Benjamin News), transaction qui fait passer dans le giron de Québecor le reste de la presse périodique.
Messageries Dynamiques distribue également trois quotidiens anglophones, ainsi que Le Devoir, dont il est à ce titre un collaborateur important.
Depuis son entrée à l'Assemblée nationale, M. Péladeau est intervenu auprès du ministre Daoust et d'Investissement Québec pour favoriser Québecor dans la vente de Vision Globale (alors propriétaire des studios Mel's).
Plus récemment, la chaîne d'information continue LCN a diffusé une heure en direct du lancement de la campagne de PKP au leadership du PQ, ce que le réseau n'a pas fait pour d'autres candidats.
Disons que l'affaire commence mal.


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