Il fut un temps où il semblait avantageux pour les libéraux de maintenir l'ADQ en vie pour diviser le vote d'opposition. Elle est maintenant trop faible pour jouer ce rôle.
Pour le PLQ, la meilleure chance de faire bonne figure à la prochaine élection partielle dans Vachon est de récupérer à son profit les électeurs adéquistes qui sont restés chez eux en décembre 2008, après être venus à 227 voix de faire mordre la poussière au péquiste Camil Bouchard en mars 2007. Près de 6000 électeurs dûment inscrits avaient boudé les urnes.
Le premier ministre Charest était visiblement content de son coup hier matin. Plus jeune député à avoir été élu à l'Assemblée nationale, Simon-Pierre Diamond, que le collègue Gilbert Lavoie a surnommé «Le p'tit Coderre», était l'adéquiste le plus prometteur sur la Rive-Sud. Il sera un redoutable adversaire pour la péquiste Martine Ouellet.
Ce fils d'organisateur libéral a la piqûre de la politique et, à 24 ans, il n'a rien à perdre et tout à gagner. Si, contre toute attente, il l'emportait dans Vachon, il deviendrait un véritable héros. S'il mord la poussière, on lui trouvera un emploi, en attendant de lui donner une autre chance dans une meilleure circonscription.
Bien entendu, on va lui remettre sous le nez les propos très durs qu'il avait tenus à l'endroit de ses anciens collègues Pierre Michel Auger (Champlain) et André Riedl (Iberville), qualifiés de putes quand ils avaient rejoint les rangs libéraux à quelques semaines des élections de 2008.
Il faut toutefois reconnaître que les circonstances sont différentes. Contrairement à MM. Auger et Riedl, M. Diamond a fait face à la situation en 2008. En quoi sa défection est-elle différente de celle d'anciens unionistes, comme Raynald Fréchette ou Jean-Guy Cardinal, qui ont jadis été élus sous les couleurs du PQ? Sans parler des transfuges du PC qui ont fondé le Bloc québécois.
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L'ancien député de Marguerite-d'Youville n'a rien d'un idéologue. Il apparaît surtout comme un jeune homme pragmatique et ambitieux, qui se sentira aussi à l'aise au PLQ qu'il l'aurait été au PLC, si on lui avait proposé une circonscription sûre.
Il a parfaitement raison de penser qu'il n'a aucune chance de retourner à l'Assemblée nationale sous les couleurs de son ancien parti. D'ailleurs, les conditions qui avaient permis son élection dans Marguerite-d'Youville en 2007, notamment le débat sur les fusions-défusions, ne risquent pas d'être réunies de sitôt.
Dire que la région de Montréal ne constitue pas une priorité pour l'ADQ serait un euphémisme. Pour assurer sa survie, si la chose est encore possible, elle devra investir la quasi-totalité de ses maigres ressources à Québec et dans les environs.
À ce que je sache, M. Diamond n'a jamais manifesté le moindre penchant pour la souveraineté, et les orientations «lucides» du budget Bachand sont tout à fait compatibles avec le discours traditionnel de l'ADQ.
En revanche, qui peut croire qu'au terme d'une «réflexion de plusieurs mois», ce fidèle de Mario Dumont en est arrivé à la conclusion qu'il ne se retrouvait plus dans le «populisme» de la nouvelle direction? Sacré farceur! S'il y a une chose qui n'a pas changé à l'ADQ, c'est bien cela.
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En juin dernier, le PQ avait eu une très mauvaise surprise à l'élection partielle dans Rivière-du-Loup, quand Paul Crête avait été battu nettement par Jean d'Amours, qui faisait pourtant l'objet d'une enquête du commissaire au lobbyisme.
Après toutes les allégations de favoritisme et de corruption dont le gouvernement a été l'objet au cours de la dernière année, une défaite dans Vachon serait un véritable désastre pour le PQ et sa chef.
Même une victoire le moindrement serrée serait inquiétante. Cela signifierait que M. Charest a réussi à convaincre la population qu'au chapitre de l'intégrité, le PQ ne vaut pas mieux que le PLQ. Si elle n'est pas encline à punir le gouvernement maintenant, qu'en sera-t-il dans deux ou trois ans?
Il n'est pas nécessaire d'être un grand stratège pour prévoir que la campagne dans Vachon sera le prolongement estival des débats de l'Assemblée nationale, qui seront ajournés dans dix jours.
Même si les hostilités ne sont pas encore déclenchées officiellement, la publicité libérale a déjà pris les devants. «Créer des emplois plutôt que créer des doutes», peut-on lire sur les affiches. Ou encore: «Lancer des projets plutôt que lancer des rumeurs». Autrement dit: laissons le fumier aux péquistes et concentrons-nous sur les vrais problèmes.
Pour plus de précautions, M. Charest semble avoir opté pour une élection fantôme. Si personne n'en entend parler... Même si Camil Bouchard a annoncé son départ en décembre, il est déjà trop tard pour tenir le scrutin avant le début de l'été. Encore un peu et il coïncidera avec les vacances de la construction. Que voulez-vous, il faut bien respecter la loi!
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mdavid@ledevoir.com
L'élection fantôme
« Créer des emplois plutôt que créer des doutes », peut-on lire sur les affiches. Ou encore : « Lancer des projets plutôt que lancer des rumeurs ». Autrement dit : laissons le fumier aux péquistes et concentrons-nous sur les vrais problèmes.
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