Le tapis libéral - Un opportuniste de plus à la rescousse

Avant que les rats ne quittent le navire arrivent les parasites

Élection partielle dans Vachon




Le 31 mai, Jean Charest, premier ministre du Québec et aspirant
premier ministre du Canada aurait réussi un coup de maitre : il a recruté
l'ex-adéquiste Simon-Pierre Diamond et en a fait son candidat libéral pour
la prochaine élection partielle dans Vachon.
Comme vedette de son ancien parti -c'est quand même le citoyen ayant été le
plus jeune élu de l'histoire du Québec- et transfuge (on parle d'un
ex-directeur général de l'ADQ, ce n'est pas rien), il serait plus que
pertinent de connaitre sa position constitutionnelle, sa vision du Québec.
Après tout, sa jeunesse en fait un candidat potentiel pour qu'il ait un
jour un ministère ou qu'il soit même, sait-on jamais, premier ministre du
Québec.
Son C.V. est impressionnant, son parcours et son engagement scolaires aussi
alors je me pose une question, où a-t-il trouvé le temps pour lire, se
cultiver et connaitre la culture et l'histoire du Québec ? Sciences
humaines au Cégep de Maisonneuve et études en droit c'est bien, mais en
temps que membre des cercles d'affaires et des chambres de commerce et
surtout en tant que jeune politicien hyperactif, où a-t-il été cherché le
savoir nécessaire pour alimenter sa pensée critique et se forger une
véritable pensée politique, voire une vision de la société québécoise et
des moyens pour la faire advenir ?
Sa proximité des milieux d'affaires, à un si jeune âge a quelque chose
d'inquiétant. N'est-ce pas l'expression d'un conformisme assez étrange
qu'il ait été président d'assemblée pour le comité jeunesse du parti
défusionniste Union Montréal ? Ce genre de choix, contraire à l'activisme
que l'on attend d'ordinaire chez les jeunes (il y a des causes
environnementales et sociales pour lesquelles il aurait pu militer et qui
sont bien plus au diapason avec les préoccupations de la génération dont
est issu Monsieur Diamond) a malheureusement des relents d'opportunisme.
Il semble donc hautement nécessaire de l'interroger pour vérifier s'il est
vraiment conscient du jeu auquel joue. Le jeune politicien prétend que le
parti libéral a désormais un discours adéquiste. En effet, d'après le
programme de l'ADQ, « [l]e Québec est aujourd'hui mûr pour une voie
nouvelle qui lui permettra de s'épanouir et de satisfaire ses aspirations
profondes à l'intérieur du Canada, dans un esprit de collaboration et de
bonne entente. Cette voie nouvelle, c'est celle de l'autonomie politique,
financière et économique du Québec. » Le même programme souligne que «
[c]ontrairement à l'option fédéraliste, qui consiste à accepter le statu
quo, et à l'option souverainiste, qui prône l'indépendance du Québec à tout
prix, l'ADQ suggère que le Québec adopte une vision autonomiste,
s'inscrivant dans la continuité du Rapport Allaire. »
Simon-Pierre Diamond réalise-t-il qu'il passe d'une vision passablement
revendicatrice, celle qui prône une véritable réforme de la constitution
canadienne, à une vision qui s'apparente à la politique du tapis ?
La seule marge de manoeuvre qu'offre Charest est en effet cantonnée dans
les ententes administratives qu'il arrive à négocier avec le fédéral. En
refusant tout rapport de force fondé sur la légitime option de
l'indépendance, en étant l'otage d'une frange d'électeurs qui ne seront
jamais partisans d'une véritable réforme permettant aux francophones
d'avoir précisément l'autonomie nécessaire à leur épanouissement, Charest a
les mains liées et force ainsi le Québec à avaler les diverses couleuvres
que lui impose Ottawa.
Ottawa veut abolir le registre des armes à feu, Ottawa refuse de nommer des
juges bilingues à la Cour suprême, Ottawa veut faire une agence nationale
de règlementation des valeurs mobilières, Ottawa autorise Terre-Neuve à
creuser Old Harry en dépit des règles de sécurité et au mépris de la santé
du Golf du Saint-Laurent et la Cour Suprême invalide des pans de la loi 101
? Charest et le parti libéral ne peuvent rien y faire.
En définitive, il est incompréhensible qu'un jeune québécois francophone
instruit ne réalise pas combien les Québécois francophones sont
actuellement dans une impasse et plus que jamais menacés par la
constitution canadienne, la disparité économique et surtout la démographie
canadienne. S'il embrasse le parti libéral, c'est qu'il se moque
fondamentalement du destin de ses compatriotes et qu'il préfère choisir une
belle carrière.
Tant qu'il était adéquiste, sa position autonomiste pouvait paraitre
farfelue, mais elle avait au moins le mérite d'un certain idéalisme.
Simon-Pierre Diamond a choisi le navire libéral, un choix carriériste et
individuel tout à fait légitime, mais il doit assumer le prix qui
l'accompagne : le mépris collectif le plus absolu.
L'engagé


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2010

    Lorsque je parle d'indépendance nationale à des jeunes entre 25 à 35 ans; j'entends les mêmes interrogations et les mêmes objections que l'on nous servait dans les années ''70'' comme si nous étions revenu à la case départ et que 40 années de militance souverainiste n'avait rien donné du tout.
    On nous parle de niveau de vie, de baisse du dollar et des mêmes peurs et insécurités véhiculées par les fédéraux de l'époque. On a ressorti les mêmes bonhommes sept-heures et les mêmes épouvantails-à-moineaux. Nous pensions nous avoir immunisés contre cela et bien non! Ca marche encore! C'est désolant!

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2010

    Monsieur Wahid!
    La défaite du candidat libéro-adéquiste dans Vachon est la défaite de l'enfant-roi québécois qui pensait qu'il n,avait qu'à avoir une belle petite gueule, un costume neuf et un téléphone portable pour devenir député et siéger à l'Assemblée Nationale. Il aura eu une bonne leçon d'humilité et beaucoup de croûtes à manger.
    En fait le gros problème; c'est que ma génération du moins plusieurs parmi nous avons échoué dans notre rôle d'éducateur dont celui de transmettre à nos enfants, nos valeurs indépendantistes et notre amour de la langue française et de notre identité québécoise.
    Nous avons trop souvent laissé Wall-Mart, Mac DO et Costco faire leur éducation. Nous récoltons ce que nous avons malheureusement semé.Ils sont plus matérialistes, plus superficiels et plus individualistes. Pas tous, mais beaucoup!
    Y a du gros travail à faire de notre part!

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juin 2010

    Le candidat libéral dans la circonscription de Vachon [ Longueuil ], Simon-Pierre Diamond, était directeur général de l’ADQ lorsque ce parti a commencé à réclamer une enquête publique dans le milieu de la construction. Cette circonscription est aux mains du PQ depuis 1994. Le scrutin aura lieu le 5 juillet 2010.

  • L'engagé Répondre

    3 juin 2010


    Merci Monsieur Bousquet pour le rappel de la véritable position de l'ADQ, cependant en faisant l'examen ce qui se trouve malgré tout dans le programme de l'ADQ, on arrive mieux à cerner l'hypocrisie du transfuge.
    Je crois que nous devons nous montrer plus agressif, en demandant aux politiciens : «quelle est votre position constitutionnelle», on les force à se compromettre.
    Soit ils avouent avoir peur (peur de l'indépendance, qu'on en parle) soit ils affichent leur mépris («les Québécois ne veulent pas que l'on parle de constitution», à quoi on répond : vous les croyez bête?)
    Le principal problème c'est que depuis 98 quand Charest brandissait la menace d'un référendum, le PQ déviait au lieu de l'affronter : «Charest a peur», «Charest a honte d'être québécois», «Charest ne croit pas les Québécois capables de diriger un pays». Voilà ce que nous aurions dû dire.
    L'alliance du parti libéral et des anglophones ainsi que sa position constitutionnelle est son talon d'Achille, il faut viser là, sans cesse.
    Quand le lien libéral-fédéral/fédéral-anglophones sera clair pour tous, ce parti dégringolera, mais pour l'instant, il y a plein de Québécois des régions, bien intentionnés qui assimilent encore le parti libéral au parti de Lesage. Il faut casser ça.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2010

    Le transgenre adéquiste Dia-Mond
    http://ygreck.typepad.com/.a/6a00d8341c5dd653ef0134828c3df6970c-800wi

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juin 2010

    Bonjour,
    Je suis immigrant, arrivé au lendemain du 11/09. J'ai bien sur selon les règles de l'art fait serment d'allégeance à la reine, le jour de l'obtention de ma citoyeneté.
    Mais après avoir compris les objectifs de la souveraineté et dans les faits le seul sement que j'ai réellement fait c'est celui pour la souveraineté du Québec.
    Dans les mois et les années qui suivirent mon installation j'ai observé avec quelle facilité les élus passent d'un parti à un autre sans état d'âme. Ce qui m'a le plus intéressé c'est que jusqu'à tout récemment les transfuges étaient des baby boomers...peut être était-ce du à une forme de frustration de n'avoir pas abouti...mais lorsque les jeunes deviennent des émules du pasage de l'autonomie et de l'indépendance au fédéralisme, je me demande si la souveraineté ne devrait pas se ressourcer pour un second souffle et surtout si l'on souhaite que les nouveaux arrivants se palcent du bon côté ?
    Un indépendantiste nouvellement arrivé

  • Gilles Bousquet Répondre

    1 juin 2010

    M. ou Mme L'engagé, depuis que M. Dumont a quitté l'ADQ, ce parti a viré carrément fédéraliste. Il n'est plus aussi autonomiste, ne parle plus de collecter tous les impôts, avait déjà refusé de se joindre au PQ pour faire passer une constitution et une nationalité québécoise, avant l'élection de 2008 et le reste des revendications autonomistes ne semblent plus exister. Ils ont enterré le rapport Allaire.
    M. Caire était déjà plus fédéraliste que M. Dumont et M. Deltell semble l'être encore davantage. Ils pourraient, tous les 2, sur la question constitutionnelle, se sentir très à l’aise au PLQ.
    Fait que, M. Diamond n’est pas très loin du nouvel ADQ en sautant au PLQ. Il va où il a une meilleure chance de gagner et d’arriver plus rapidement au pouvoir même si ce ne devait pas être à la prochaine élection complémentaire dans ce comté. Il sème pour son avenir.