L'effet Sarko-Parizeau

Les propos de Nicolas Sarkozy, à savoir que le monde n'a pas besoin de division mais plutôt d'unité, visaient-ils le Québec?

France-Québec : fin du "ni-ni"?



(Québec) La recette est infaillible. Un peu de Sarkozy, assaisonné d'un «soupçon» de Paul Desmarais, ajoutez-y une pincée de Parizeau, et vous aurez un sauté québécois à la sauce souverainiste.
C'est ce qui est arrivé hier : pendant que les chefs d'État et de gouvernement de la Francophonie parlaient récession, environnement et droits de la personne, c'est une nouvelle crise existentielle au sein de la famille souverainiste qui
occupait les médias. Jacques Parizeau venait de dénoncer les propos du président français, propos applaudis et louangés la veille par Pauline Marois, Bernard Landry, Louise Beaudoin et compagnie. Malaise immédiat au sein des péquistes, qui se sont mis en mode gestion de crise.
On peut toujours compter sur M. Parizeau pour ramener les troupes dans le droit chemin lorsqu'il estime que le commandant en chef fait fausse route. En général, on lave le linge sale en famille quand la visite est partie, mais pas Jacques Parizeau. Alors, imaginez un peu la réaction de la presse étrangère devant ce débat sémantique entre l'amitié pour les Canadiens et la fraternité pour les Québécois. «On ne comprend pas très bien ce qui se passe», m'a admis un journaliste africain, hier midi.
Il sera intéressant de voir ce que les médias français et l'Élysée retiendront de cette petite controverse. Mais, en attendant, les fédéralistes s'en régalent. «C'est pas mal pour un gouvernement qui n'achète même pas de publicité», s'est réjoui un fonctionnaire fédéral, sous le sceau de l'anonymat. Les ministres Lawrence Cannon et Monique Gagnon-Tremblay en ont remis, pendant que l'entourage immédiat de Jean Charest se faisait discret. Pourquoi attiser le feu quand Jacques Parizeau s'en occupe?
Après quelques heures d'attente, Pauline Marois est finalement sortie en point de presse, pour expliquer que M. Sarkozy avait probablement mal compris le projet souverainiste, et que c'est son discours qui comptait. Admettez que c'est plutôt surprenant d'entendre un politicien dire que le discours du président, rédigé par des fonctionnaires, reflète davantage sa pensée que ses propos livrés en conférence de presse... C'est d'autant plus surprenant que M. Sarkozy a insisté, au cours de la même conférence de presse, pour dire qu'il avait très bien suivi le dossier des relations du Québec et du Canada avec la France. Quand on pense que les péquistes déploraient, la semaine dernière, le peu de temps prévu par le président français à Québec. Imaginez s'il était resté 24 heures de plus...
Les propos de Nicolas Sarkozy, à savoir que le monde n'a pas besoin de division mais plutôt d'unité, visaient-ils le Québec? Hier, son sherpa au Sommet de la Francophonie nous a rappelés au texte du discours devant l'Assemblée nationale, pour soutenir que la position de la France n'avait pas changé. Mais Bernard Landry a fait valoir que toute la presse québécoise a compris l'inverse, et que, si tel était le cas, il s'agissait d'une ingérence inacceptable dans les affaires canadiennes. Si M. Sarkozy a été mal compris, il doit s'expliquer, a conclu M. Landry.
La question est bien posée. Tant et aussi longtemps que le président laissera ses subalternes expliquer ses propos, il faudra conclure qu'on l'a bien compris. Et pour avoir assisté à la conférence de presse du président, je doute qu'il se rétracte...
Quant aux retombées de cet incident, les souverainistes retiendront que c'est Jacques Parizeau et non Pauline Marois qui a appuyé sur la sonnette d'alarme. Disons que Mme Marois n'avait pas besoin de cette visite de la belle-mère à une semaine de la conférence des présidents du PQ, où l'on doit justement discuter de souveraineté.


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