L'avenir du Québec

Québec-in-Canada aboutit donc à une impasse - Sortons-en!

Le Québec souffre d'un retard économique. Son niveau de vie est inférieur à celui de ses partenaires, son économie est moins productive, et par conséquent, il dispose de moins de ressources collectives pour atteindre ses buts.
Malgré les apparences, le fait que le Québec ait mieux résisté à la récession que les autres ne lui permettra pas de faire de rattrapage. Au contraire, cela sera sans doute encore plus difficile, parce que notre population vieillit, que les effets de la crise ne sont pas dissipés, que l'économie mondiale sera plus compétitive et plus brutale.

C'est ça le problème. C'est important. Il faudrait en parler, non? Voilà pourquoi, au départ, on ne peut qu'applaudir au fait que le gouvernement ait réuni, pour deux jours, à Lévis, le monde des affaires, les syndicats, les acteurs politiques, pour aborder ces enjeux majeurs. Il serait en outre inconvenant de critiquer des politiciens, à qui l'on reproche d'habitude leur courte vue, de vouloir regarder le long terme et de penser à l'avenir.
Ce qu'il faut également applaudir, c'est la façon dont le premier ministre Jean Charest a abordé la question. Quand on parle d'avenir économique du Québec, le danger est grand de sombrer dans le défaitisme. Mais M. Charest a bien posé le problème, en se demandant comment on pourrait changer les choses, et pourquoi le Québec, au lieu d'être en mode rattrapage, ne serait pas un leader et un modèle.
La première question qu'on peut cependant se poser, c'est si quelques heures d'échanges, sans prise de décision, suffisent quand on comprend l'importance des enjeux. La réponse est non. Ce n'est pas assez, mais ce n'est pas de trop.
La seconde, c'est la qualité de la discussion. Comme toujours dans ce genre de forums, il y avait trop de priorités, trop de cassettes des lobbies, donc la tentation de la liste d'épicerie. Mais heureusement, on a aussi senti une remarquable convergence. Le gros des idées portait sur les mesures pour créer de la richesse: une très grande emphase sur l'éducation, beaucoup sur la productivité et sur l'innovation, sur le rôle de Montréal, sur la place de l'environnement.
On pourra trouver que ces idées étaient souvent des voeux pieux et des lieux communs. Mais il n'y a pas 10 000 façons de créer de la richesse. Et surtout, ces idées qui semblent maintenant un peu banales n'étaient pas des lieux communs il y a cinq ans; elles sentaient le soufre. Elles font maintenant l'objet d'un consensus pas mal large. Il y a un progrès du débat public. Cela donne de l'espoir pour l'avenir.
Il faut préciser que cet exercice n'avait rien de spontané. Les idées soumises au débat résultaient d'échanges intenses entre le gouvernement et les comités de vigie qu'il avait créés pour le conseiller dans la lutte à la récession. Le processus était très encadré. L'esprit général de ces discussions nous donne donc une assez bonne indication de la direction dans laquelle s'engage le gouvernement libéral.
Ce n'est évidemment pas avec des discussions qu'on va régler les problèmes de l'économie du Québec. Mais elles ont des vertus pédagogiques et peuvent faciliter des changements difficiles. Elles aideront aussi à rendre plus acceptables les décisions que Québec devra prendre, notamment dans le prochain budget.
Mais l'exercice ne sera vraiment utile que s'il est un point de départ, s'il y a un suivi, si cet esprit se retrouve dans les politiques du gouvernement. Et surtout, si l'on réussit à traduire ces idées un peu vagues en action. Pour changer, pour progresser, le Québec devra faire des choix, parfois difficiles. Le succès dépendra beaucoup de la détermination et du courage de ceux qui nous dirigent.


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