L'apport musulman pour combler les vides culturels québécois

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor

L'actuel débat sur l'accommodement raisonnable, par-delà les craintes d'Hérouxville, le silence gouvernemental et le profond inconfort des institutions laisse en plan l'impensable, soit une accélération de l'Histoire (selon la conception hégélienne) qui fait en sorte que sitôt laïques on se fait rattraper par le religieux et que l'on doive faire une nouvelle synthèse. D'autant plus difficile que l'on ne peut, sinon par une fierté nationaliste hors du commun, nommer les valeurs québécoises. Que l'on mentionne le repli sur soi, le désir d'un certain parapluie d'État, de plus grand hédonisme, aussitôt 20 pays ou États américains lèvent la main.

«Le coeur de la culture vient traditionnellement du religieux» (Charles Taylor). À la suite de l'implosion religieuse du milieu des années 60 (plus de la moitié des religieux sont partis, et la relève s'est complètement tarie) et de la modernisation de la Santé et de l'Éducation, jointes à l'irrévérencieuse joyeuseté hippie, on s'est retrouvé d'office avec une société qui tend vers l'atomisation (familles se défaisant, repères culturels flottants, inconstances de nos élites) et un bébé dans les bras que l'on ne savait reconnaître: la laïcité.
Dérives occidentales
L'arrivée musulmane d'importance quoique non massive à Montréal amène à se pencher d'abord sur le visible. Ce fameux voile, le savons-nous, était celui des femmes chrétiennes et musulmanes lors des croisades. Les religieuses (les bonnes soeurs qui m'ont enseigné) le portaient avec beaucoup d'amidon durant mon enfance. Pourquoi nous fatigue-t-il tant? On se souvient de ce temps avec effroi? Pas du tout, je dirais surtout avec nostalgie. C'est le problème de la France que certains groupes de femmes transposent ici sans y mettre toutes les nuances nécessaires.
L'habillement musulman est décent. Au-delà des grandes robes qui vont jusqu'à terre, le jean est moins seyant, le nombril rarement à l'air, la poitrine moins surdimensionnée artificiellement. Cela dépend du contrôle des pères, frères et cousins, dira-t-on. L'habillement est aussi social. C'est une dérive occidentale de le croire uniquement individuel (Henri Mendras). Cela constitue un élément de réponse à l'hypersexualisation des jeunes filles dont il est largement question dans les débats public actuels.
Respect, autorité hiérarchique (parents, enseignants, patrons), politesse. Donc moins de gangs de rue et de violence. Demandez à la police s'il y a des musulmans dans ces dernières? Pour ainsi dire, non! Demandez aux autorités scolaires de révéler le taux de réussite musulman. Le plus fort des allophones.
Est-ce que des femmes peuvent se baigner sans se faire voir par des hommes? Est-ce un accroc à notre conception de l'égalité? Est-ce les hommes et les femmes sont plus égales depuis la mixité scolaire? Pas sûr! Ce sont les garçons qui ont de mauvaises notes, quelle étrangeté.
Prier dans les lieux publics? Une société libérale avancée ne peut physiquement l'interdire, surtout avec Internet et le cellulaire. En France et en Grande-Bretagne, des groupes se donnent le mot et à tel moment tous font spontanément tel geste de prière. Le ridicule tue, dit-on. Puis, une petite prière, croyez-le ou non, est un baume de l'âme, car elle est reconnu comme une méditation naturelle.
Retricotons certaines mailles que l'on a défaites sans penser qu'elles étaient centrales. Que cet apport musulman soit suffisamment un choc -- même s'il ne se vit pas comme un choc là où il se passe, soit à Montréal -- pour que l'on réinvestisse dans des valeurs sociales universelles, que reflètent bien ces musulmans. [...]
Pierre Coulombe, Conseiller pédagogique en enseignement moral et religieux à la retraite de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois.

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Conseiller pédagogique en enseignement moral et religieux à la retraite de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois.





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