Le discours de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) est tout à fait incohérent. D’un côté, cette organisation se prétend au service des étudiants et lance une vaste campagne contre la hausse des frais de scolarité. De l’autre, elle méprise notre langue nationale et anglicise sa manifestation organisée le 10 novembre prochain.
En effet, si vous allez sur l’événement créé sur une page Facebook, vous verrez que non seulement on a imposé une traduction anglaise, mais qu’on a en plus ajouté un « English version follows » avant le texte en français. Qu’on comprenne bien: cet événement concerne uniquement le Québec et les Québécois, et la langue commune du Québec et des Québécois est le français. Non seulement méprise-t-on ce fait en traduisant l’événement en anglais, mais on a le culot d’avertir les personnes intéressées par celui-ci qu’une version anglaise s’y trouve plus bas, question qu’elles ne se salissent pas trop les yeux en ayant à endurer la langue nationale du Québec.
Il s’agit ici d’une profonde contradiction de la part de la FEUQ, représentée sur cette page par Yanick Grégoire et David Charbonneau, qui n’ont pas hésité à censurer plusieurs Patriotes ayant souligné l’aberration de leur démarche. Lorsque interrogés sur la raison de ce mépris de la langue nationale des Québécois, M. Grégoire a répondu qu’il fallait respecter les anglophones et les allophones. Outre le fait que celui-ci semble assimiler implicitement les allophones à la langue anglaise, à l’opposé de toute démarche d’intégration, il méprise également le fait que la langue française doit être amplement suffisante pour fonctionner au Québec.
La vraie question, en fait, est la suivante: comment peut-on prôner une action collective visant le bien commun – une éducation accessible pour le plus grand nombre – et en même temps adopter une approche clientéliste visant à traiter les étudiants non pas comme un groupe collectif favorisant le mieux-être de notre nation mais comme des individus pouvant étudier ici et mépriser notre langue nationale? Comment peut-on oser demander au citoyen lambda de s’opposer aux hausses de frais de scolarité, d’adopter un comportement en faveur du bien commun et du même souffle fouler de ses pieds la langue commune des Québécois? Qui a décidé que l’éducation valait plus que la langue?
Cette approche clientéliste est vouée à l’échec. À partir du moment où on considère l’étudiant québécois comme un client ayant le droit de se faire servir dans une langue étrangère s’il le désire – For English Press Nine – on perd de facto toute crédibilité pour prétendre parler au nom d’un quelconque « mouvement » étudiant. Un mouvement, n’en déplaise aux anglomanes de la FEUQ, vise une embellie collective de ses conditions et fait passer le bien commun avant les intérêts particuliers.
En matière d’éducation, le bien commun constitue des études gratuites ou à peu de frais. En matière de langue, le bien commun consiste à respecter la langue nationale des Québécois comme seule langue en mesure de tous nous rallier. La FEUQ, en prônant d’un côté la primauté du bien collectif sur le bien individuel et de l’autre l’exact opposé, tient un discours tout à fait contradictoire. Elle méprise au mieux l’intelligence des Québécois sensibles au discours en faveur de frais d’éducation raisonnables, au pire celle des Québécois conscients de la nécessité de protéger notre langue d’autant plus fortement qu’elle est intensément menacée.
Il fut une époque où le mouvement étudiant était en phase avec sa communauté, allant au front pour l’amélioration de l’ensemble de la société. Aujourd’hui, si on devait résumer ce mouvement à la FEUQ, on y verrait un conglomérat d’individus désolidarisés se considérant chacun comme des PME déçues de voir leur ratio investissement-retour sur l’investissement baisser et méprisant non seulement le combat pour la préservation de notre langue nationale, mais également l’intelligence de Québécois.
L’éducation doit être gratuite du primaire au doctorat.
Mais pas au prix de notre disparition.
La FEUQ ferait mieux de militer pour qu’on mette fin au sur-financement des institutions de langue anglaise au Québec, qui reçoivent 29,3% du financement alors que la minorité anglophone historique forme seulement 5,6% de la population.
Voilà un enjeu COLLECTIF cohérent avec cet autre enjeu collectif que constituent les frais de scolarité.
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