L’amitié politique

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Les «explications délirantes» de Philippe Couillard






L’amitié a le dos large. Surtout en politique où elle devient le sésame qui ouvre les portes aux privilèges, à l’accès direct au pouvoir et aux subventions et autres subsides aux entreprises.




Dans les bureaux d’ingénieurs, d’entrepreneurs divers, de même que dans les cabinets d’avocats, l’on trouve beaucoup d’amis de politiciens. C’est pratique, utile et rentable.




Comme l’amour, l’amitié politique est parfois aveugle. Notre premier ministre Couillard vient de le démontrer. Son ami de longue date, Sam Hamad précisons-le, est «noble et courageux» de s’être volontairement retiré de son poste de président du Conseil du trésor pour permettre au commissaire à l’éthique d’enquêter sur les allégations de trafic d’influence portées contre lui par l’émission Enquête.




Noble et courageux? Sont-ce bien les mots qui conviennent? Ne serait-ce pas ceux qui résistent aux pressions par éthique qui font preuve de noblesse et de courage? À ce jour, le qualificatif qui décrit Sam Hamad serait plutôt ratoureux ou accommodant ou onctueux.




Congé de maladie?




Et le premier ministre sans doute choqué par la diffusion du reportage s’enfonce dans des explications délirantes. Le retrait de Sam Hamad, a-t-il déclaré, est «une sorte de congé de maladie». Pour un médecin, la comparaison est étrange. À moins qu’il estime que les conflits d’intérêts et les trafics d’influence relèvent de la pathologie plutôt que de la morale.




L’amitié politique se dilue dans les défaites. Souvent, elle ne survit pas souvent à la perte du pouvoir. Plusieurs politiciens voient leurs prétendus amis les abandonner. Du jour au lendemain, le téléphone ne sonne plus.




Ceux qui partagent les mêmes idées politiques ont des raisons de se fréquenter et il arrive que leurs liens perdurent. Mais en général, nombre de militants qui adhèrent à un parti aux convictions molles comme les libéraux d’aujourd’hui se transforment facilement en affairistes grisés par le pouvoir que leur engagement leur confère. Ils ratissent large dans leur milieu, se vantant entre autres de posséder les numéros de portable des ministres et de leurs proches collaborateurs.




Fini le rêve libéral




Le PLQ est devenu un parti des gestionnaires, Or dans le passé, le PLQ fut plutôt un moteur de progrès social. Le rêve libéral a bien existé. Il s’agissait de défendre les intérêts inaliénables du Québec à l’intérieur du Canada.




Le fédéralisme de statu quo de Philippe Couillard a mis fin à cette vision libérale. Dorénavant, l’on gère au quotidien. Se créent ainsi des groupes d’intérêts entre amis libéraux à travers les circonscriptions qui tentent de tirer profit de tous les avantages du pouvoir. L’UPAC est née des abus de ce gouvernement d’affairistes.




Le PQ, la CAQ et QS sont des partis plus idéologiques, composés de militants qui ne sont pas des saints, mais pour qui les idées politiques sont indissociables de leur engagement militant. Ce qui expliquerait que peu de gens associés au PQ, qui, lui, a dirigé le gouvernement, ont été mis en cause par des malversations liées à l’exercice du pouvoir.




L’amitié politique intéressée est une réalité à géométrie variable. Combien de temps encore Sam Hamad aura-t-il autant d’amis?




 



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