L'Afghanistan ou l'impossible victoire

Afghanistan après 2011, un narco-régime




Le conflit en Afghanistan entre dans sa dixième année. C'est d'ores et déjà la plus longue guerre que les Etats-Unis ont jamais menée. Il y a douze mois, Barack Obama décidait, à la demande de ses chefs militaires, d'augmenter les effectifs déployés sur place : 140 000 soldats de l'OTAN, dont une majorité d'Américains, appuyés par presque autant de contractants "civils", affrontent aujourd'hui la rébellion talibane dans un pays qui se vante d'avoir été, depuis la nuit des temps, le "cercueil des empires".
Le président américain avait promis de dresser en décembre 2010 un bilan d'étape un an après l'envoi de ces renforts (le "surge"). Ce fut fait, jeudi 16 décembre, sous la forme d'un document - dont un résumé de cinq pages a été fourni à la presse - que M. Obama, l'air sombre, a commenté en ces termes : l'opération afghane reste une entreprise "très difficile".
Le rapport enregistre deux points positifs. Là où elle est fortement présente, notamment dans le sud du pays, l'armée américaine contient l'insurrection des talibans. Elle a infligé de sérieuses pertes à cette dernière. Deuxième élément satisfaisant, selon le rapport : les forces afghanes, entraînées par l'OTAN, ont accru leur efficacité dans la lutte contre les talibans.
Le document est moins positif sur l'état du pouvoir central. Les relations restent difficiles avec le gouvernement du président Hamid Karzaï : bonne "gouvernance" et lutte contre la corruption progressent peu. Enfin, le document pointe que les talibans disposent toujours de bases arrière au Pakistan - pays qui ne lutte pas, ou pas assez, pour les démanteler.
M. Obama en conclut que son calendrier devrait pouvoir être respecté. L'année 2014 verrait les troupes afghanes prendre le relais des forces de l'OTAN, et l'été 2011 serait le point de départ d'un retrait progressif de l'armée américaine.
Mi-optimiste, mi-pessimiste, ce rapport d'étape n'est qu'une évaluation militaire. Son objet n'est pas de dire l'essentiel, qui serait de répondre à cette question : qu'est-ce qu'une victoire en Afghanistan ?
A l'origine, il s'agissait, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de chasser Al-Qaida d'Afghanistan. C'est fait, jugent tous les experts. S'agit-il aujourd'hui de vaincre la rébellion islamiste des talibans ? Tâche difficile, sinon impossible. Ils sont l'émanation de l'ethnie majoritaire dans le pays, les Pachtounes ; ils jouent sur le nationalisme d'une population rétive à toute présence étrangère sur son territoire ; ils peuvent exploiter l'incompétence et la corruption qui minent le pouvoir central.
Mort le 13 décembre, le haut diplomate américain chargé de l'Afghanistan, Richard Holbrooke, se disait convaincu qu'il n'y aurait pas de victoire militaire. Il prônait une négociation pour intégrer les talibans dans une coalition gouvernementale.
Il n'ignorait pas cette donnée-clé du conflit afghan : cette guerre est de plus en plus impopulaire aux Etats-Unis.


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