par Denis Lessard - Si l’Action démocratique est portée au pouvoir, les parents d’enfants d’âge préscolaire auront droit à un chèque de 100 $ par semaine pour chaque enfant qui n’occupe pas une place dans une garderie subventionnée.
«Cela veut dire 5200 $ par année par enfant, non imposables», de préciser Mario Dumont dans une entrevue accordée hier à La Presse à son domicile dans le Vieux-Québec. Cet engagement sera au centre de la campagne de son parti, «le plus gros morceau du programme», prévoit-il déjà.
«C’est une politique pour aider les familles et, disons-le, nataliste. En France, de telles politiques ont augmenté significativement les taux de naissance, et le Québec est rendu là», insiste-t-il.
En 2003, l’ADQ avait proposé des «bons de garde» destinés aux parents, en remplacement de subventions aux garderies.
Mais la mesure était bien plus timide ; on parlait alors de 1,2 milliard sur cinq ans. L’allocation promise cette fois coûtera 900 millions par année. L’argent qu’on compte dégager en sabrant les dépenses publiques – l’aide sociale notamment – et en misant sur la croissance économique rendent cette cible réaliste, estime-t-il.
La promesse tombe à point nommé. Confirmant que les élections seront déclenchées la semaine prochaine, le premier ministre Jean Charest a demandé au président de l’Assemblée nationale de convoquer les députés pour le dépôt d’un budget par le ministre Michel Audet, mardi prochain, le 20 février. Les élections devraient être déclenchées le lendemain, pour un vote le 26 mars. D’ici là, comme c’est le cas depuis plusieurs jours, les annonces de subventions gouvernementales se multiplient.
Mario Dumont soutient être prêt. Prêt surtout à livrer un combat bien différent de celui de 2003. Son parti avait été porté aux nues, avant de piquer du nez. Un électrochoc pour le chef d’un jeune parti qui était revenu au Parlement avec moins de députés, lui qui rêvait déjà d’être premier ministre.
«On avait placé alors les attentes dans le plafond, on a été plus humbles cette fois. Les candidats ne sont pas à se distribuer des postes de ministres», ironise le chef adéquiste, calé dans un fauteuil sans cachet dans un appartement plus anonyme encore.
Les hommes d’affaires, les lobbies tournaient depuis des semaines autour du jeune politicien avant les dernières élections, «c’est plus tranquille cette fois-ci», laisse-t-il tomber. La campagne adéquiste avait coûté alors plus de six millions. «On faisait des rallyes qui mobilisaient les bénévoles pendant des jours, uniquement parce que les autres partis en faisaient… On ne se fera pas prendre cette fois», prédit le chef adéquiste.
À la différence de 2003, l’ADQ a choisi de publier son programme dès décembre dernier. À la dernière campagne, les réunions de formation des candidats avaient eu lieu avant même que leurs engagements politiques soient imprimés. Le programme avait été disponible une semaine seulement avant l’émission des brefs.
Allocation «significative»
C’est dans ce programme de décembre qu’on retrouve, vague à souhait, l’engagement de l’ADQ de «redonner aux parents la liberté de choix, offrir à toutes les familles une allocation familiale significative pour chaque enfant d’âge préscolaire ne fréquentant pas le réseau des garderies subventionnées».
«Allocation significative», cela veut dire 100 $ par semaine !» lance désormais Mario Dumont. Bien davantage que les 100 $ par mois, imposable, qu’avait mis Stephen Harper dans son programme l’an dernier – M. Dumont avait à l’époque chaudement applaudi cette initiative qui laissait plus de liberté aux parents.
Avec l’ancien président du CPQ, Gilles Taillon, M. Dumont a réalisé un cadre financier qui prévoit que cette cible peut être atteinte dans le cours du mandat de quatre ans. Et plus vite si la croissance économique le permet : «On veut le faire le plus vite possible, mais on restera responsables».
La mesure serait mise en place progressivement, mais une fois le rythme de croisière atteint, cette mesure supposera une ponction de 900 millions par année dans le budget québécois «si le nombre d’enfants restait le même qu’aujourd’hui», précise Mario Dumont.
Pour bien des observateurs, la campagne de Mario Dumont est à des années-lumière de celle de 2003. Les candidats de prestige – Pierre Bourque, Diane Bellemare, Guy Laforêt, Hubert Meilleur et Bernard Généreux –, ne sont pas, cette fois, au rendez-vous.
En revanche, Gilles Taillon a passablement plus d’expérience politique, précise, défensif, M. Dumont.
Les hommes d’affaires, comme Marcel Dutil, sont toujours un actif dans une campagne électorale, confie-t-il. Sauf quand leur inexpérience politique les fait contredire publiquement le chef du parti sur des éléments importants du programme.
Pour l’heure, Mario Dumont refuse de spéculer sur un nombre d’élus le soir du 26 mars. Dans les coulisses, on chuchote qu’il veut au moins 12 députés, le seuil pour être un parti reconnu à l’Assemblée nationale.
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