Le problème du PQ

L'accessoire qui tue l'essentiel

Tribune libre - 2007

Si le Parti Québécois veut réaliser l’indépendance du Québec, il faudrait
d’abord qu’il en fasse vraiment la promotion. Depuis le vol de 1995 et la
démission de Parizeau, les chefs successifs du parti n’ont jamais su
propager le goût de l’indépendance parmi la population. Comment demander au
peuple d’appuyer le PQ, alors que ses leaders n’ont pas véritablement parlé
de la nécessité de réaliser l’indépendance depuis plus de onze ans, trop
empêtrés dans les sables mouvants du référendum?
Le désastre de lundi dernier résulte du manque de leadership des trois
successeurs de Parizeau, l’indépendantiste, sur la question nationale.
Bouchard, le partenariatiste, n’a rien fait durant son règne pour
promouvoir la nécessité de réaliser l’indépendance. Il s’est contenté
d’attendre les conditions gagnantes, comme si elles tomberaient du ciel.
Lors de son discours de démission, il s’est dit déçu de constater que le
peuple ne semblait pas assez enthousiaste à la tenue d’un autre référendum.
C’est vrai, le peuple suivait son exemple, il attendait, mais autre chose
qu’un référendum casse-gueule.
Landry, le confédéraliste, a assuré la continuité. Comme son prédécesseur,
il n’a pas su propager l’idéal indépendantiste et s’est entêté à défendre
l’étapisme référendaire. En 2003, sous son leadership, le PQ a mangé sa
première bonne raclée depuis l'époque du beau risque et de l'affirmation
nationale. En 2005, refusant d’admettre que le problème fondamental du PQ
réside dans son incapacité à surpasser le dogme référendaire suicidaire et
à réellement parler au peuple d’indépendance, que fait Landy? Il propose la
tenue d’un référendum le plus vite possible à l’intérieur du prochain
mandat du PQ. Il faut être masochiste pas à peu près. Encore une fois
l’obsession référendaire l’emporte sur la nécessité du déploiement d’une
véritable stratégie de promotion et de concrétisation de notre idéal.
Secoué par les résultats du vote de confiance, il démissionne
cavalièrement.
Boisclair… est-il seulement indépendantiste? Que dit-il le lendemain d’une
raclée encore plus sévère que celle subie il y a quatre ans par le PQ? Il
faudrait penser à mettre l’indépendance en veilleuse, car les Québécois ne
veulent pas d’un référendum à court terme. Logique non? Voilà ce qui arrive
lorsque l’on est aveuglé par l’accessoire, on oublie l’essentiel. Alors que
l’idéal d’indépendance est partagé par environ 45% des Québécois, Boisclair
devrait plutôt comprendre que plus de la moitié des indépendantistes,
compte tenu du taux d’abstention, ont rejeté le discours électoral
provincial péquiste contenu dans sa fameuse feuille de route, son propre
leadership timoré quant à la promotion de l’idéal indépendantiste et
l’absence de solution de rechange au fameux référendum consultatif
suicidaire.
L’obsession référendaire tue l’idéal d’indépendance.
Un sérieux ménage doit être entrepris au Parti Québécois. Ça commence par
le chef dont le nationalisme civique à la sauce multiculturelle de Trudeau
ne rejoindra jamais le cœur des Québécois. Le prochain chef devra aussi
véritablement incarner l’indépendance. Il devra en être le porte-étendard.
Son discours devra être axé sur les raisons fondamentales justifiant
l’indépendance du Québec : raisons identitaires, culturelles et
linguistiques. Il devra expliquer au peuple que seule l’indépendance lui
permettra de pleinement s’épanouir et d’assurer sa pérennité. Il devra lui
proposer un projet de pays. Il devra redonner aux Québécois le goût de la
liberté. Liberté qui sera acquise par un autre moyen qu’un référendum volé
d’avance.
Éric Tremblay, avocat
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


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2 commentaires

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    30 mars 2007

    Il faut un gouvernement péquiste de prime abord qui investit dans la culture afin d'appuyer l'identité nationale. Un gouvernement qui ose parler de notre condition linguistique de la fragilité du français à Montréal et aussi en Outaouais. Du bilinguisme encore obligé au travail.
    Si d'abord le PQ dans la prochaine campagne électorale n'en parle pas c'est qu'il se sera institutionnalisé à un point tel que ce sera sans retour. La dernière élection a montré l'échec d'un nationalisme civique qui s'accommode du multiculturalisme.
    L'intégration linguistique et culturelle est le complément d'une nation qui se souvient.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mars 2007

    Vous proposez une élection référendaire qui se résume à l'expression suivante:un vote pour le PQ égal un vote pour l'indépendance!
    Si l'on obtient la majorité absolue à l'élection provinciale,on fait l'indépendance point à la ligne!De cette manière,on force les autres partis à démontrer l'échec du fédéralisme asymétrique.En cas d'un appui populaire inférieur à 50 % lors d'une élection provinciale,le PQ dissout le parlement et déclenche des élections jusqu'à ce que l'on obtienne la majorité absolue des voix.Cela empêcherait les carrièristes du PQ d'opter pour le "bon gouvernement" une fois au pouvoir.
    Frédéric Coulombe,souverainiste qui a hâte de passer à autre chose!