Jusqu'au bout de sa réflexion

Sports et politique

[->22655]Le livre de Bob Sirois, Le Québec mis en échec, énerve le poil des Anglos, fallait s'y attendre. J'ai déjà donné quelques entrevues à des médias anglophones et j'ai l'impression de débarquer à Ouagadougou.
«Il y a eu de la discrimination dans le temps de Maurice Richard, mais depuis...», m'a dit une charmante reporter de la CBC.
Je lui ai parlé de Don Cherry, en lui rappelant que n'importe quel commentateur qui dirait sur les Noirs la moitié de ce que dit Cherry sur les «Frenchs» serait congédié sur le champ. Alors que Cherry trône sur une chaîne publique financée avec vos impôts, une chaîne qui devrait être le modèle de la tolérance et du respect.
Je lui ai parlé de tous ces «fucking frogs» lancés aux Québécois sur la patinoire qui restent tolérés alors qu'un seul «fucking Jew» ou un seul «fucking nigger» entraînerait une suspension exemplaire.
D'ailleurs, dans son livre, Bob Sirois est très sévère envers tous les joueurs de sa génération, la génération des Serge Savard, Carol Vadnais, Guy Carbonneau et compagnie. «La plupart des dirigeants actuels du hockey dans la Ligue nationale sont les mêmes qui nous traitaient de «fucking frogs» ou de «fucking frenchies». Nous sommes responsables d'avoir essayé de sauver la face en amenuisant l'importance de ces insultes racistes», a souligné Sirois, hier. Un thème qu'il reprend dans son livre.
Évidemment, j'ai déjà entendu l'objection la plus facile: «On peut faire dire ce qu'on veut aux statistiques. « On peut faire dire toutes les vérités à une statistique. Mais à des milliers de statistiques qui se recoupent, c'est faux. Ainsi, les chiffres sur les 40 dernières années démontrent que les Québécois qui ont disputé 200 matchs dans la Ligue nationale ont reçu un pourcentage anormal d'honneurs. Trophées, sélections à un match d'étoiles et autres honneurs ; ils sont 42% des Québécois francophones à avoir été honorés, un ratio beaucoup plus élevé que pour les Anglophones. Ce qui prouve que pour jouer dans la Ligue nationale, un francophone doit être meilleur que son pendant anglophone. D'ailleurs, toutes les données le confirment: les défenseurs, les attaquants et même les gardiens fournissent des statistiques supérieures à celles des joueurs anglophones. Parce qu'ils doivent être meilleurs pour jouer. Exactement comme pour les Noirs et les Latins au baseball et au football. À talent égal, on prend un Blanc.
Le livre de Sirois démolit tous les mythes propagés par les «Detritus», ce personnage inspiré d'Astérix que Sirois a créé. Et il fait la lumière sur d'autres données ahurissantes. Ainsi, les Québécois anglophones qui sont repêchés sont deux fois plus nombreux que le pourcentage de Québécois anglophones vivant au Québec. Cette fois, la discrimination opère dans l'autre sens.
Ça fait des décennies qu'on sentait confusément que les Québécois francophones subissaient une discrimination plus ou moins subtile dans la Ligue nationale de hockey. Et évidemment, on ne parle même pas des équipes nationales où la discrimination est ouverte et effrontée. Pensez-vous qu'il est normal que les meilleurs joueurs juniors francophones soient systématiquement bannis de l'équipe nationale canadienne?
Encore là, les chiffres fournis par Bob Sirois donnent froid dans le dos.
Une responsabilité sociale et sportive
Depuis la disparition des Nordiques et surtout depuis l'arrivée de Pierre Boivin et de Bob Gainey à la direction du Canadien, les francophones ont perdu la seule porte d'entrée qu'ils avaient pour la Ligue nationale et ses postes de direction. Ils se sont fait barrer brutalement le chemin. Il est à souhaiter qu'un nouveau propriétaire montréalais saura comprendre que le Canadien a une responsabilité sociale et sportive importante envers le hockey québécois.
Par ailleurs, j'ai commis une imprécision dans mon texte de samedi. Il fallait lire que 6 Québécois avaient été choisis parmi les 20 premiers joueurs canadiens au dernier repêchage et non pas parmi les 20 premiers sélectionnés. Et le nom de l'associé de Bob Sirois est Neil Haché et non Neil Hachey.
Pour le reste, il faut se procurer ce livre et passer à travers tous les tableaux de statistiques qu'il offre. À l'avenir, on va pouvoir discuter en se basant sur des faits solides comme le béton. Grâce à un ancien joueur des Capitals de Washington qui a décidé d'aller jusqu'au bout de sa réflexion.
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