Jean Raspail, le multivisionnaire

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Un livre prémonitoire à lire ou à relire

Maxime Jacob a 22 ans. Il était bien loin d’être né lorsque Jean Raspail publia Le Camp des saints en 1973. Les parents de Maxime eux-mêmes étaient alors de très jeunes enfants. Comment mieux illustrer le caractère prophétique – multivisionnaire – de l’œuvre du romancier ? Une source de réflexion permanente.

Polémia




Bientôt 50 ans que Le Camp des saints est disponible en librairie. Un succès littéraire édité et réédité. Dans un papier à son sujet, que peut-on apporter de nouveau qui n’a pas déjà été écrit et réécrit par d’autres ? C’est pourtant ce que je vais tenter ici.


Lorsque nous lisons un article sur ce roman de Jean Raspail, souvent nous pouvons trouver le terme de visionnaire ou de prémonitoire. Il avait en effet prédit l’arrivée de hordes du tiers-monde qui se déverseraient sur l’Europe. Ensuite, le papier nous montre, par une multitude d’exemples, à quel point Raspail avait raison et que l’invasion a bien eu lieu. Mais, en réalité, ce n’est pas la seule vision prémonitoire qu’il a dans ce roman. Et plus les années passent, plus ses prémonitions se réalisent. Revenons un peu sur celles qui ont été vérifiées avec le temps.


Commençons par ce qui concerne les médias. Raspail décrit une presse plutôt unanime, sans diversité idéologique (ou presque, seul un journal au tout petit tirage s’oppose à l’invasion). Le système médiatique prétend que les races n’existent pas, qu’Indiens et Français sont les mêmes, que nous sommes tous des « hommes ». Mais aussi que les Français devraient avoir honte de ce qu’ils sont, et de ce que leurs ancêtres ont fait. Cette presse serait qualifiée aujourd’hui de bien-pensante, et nous la connaissons. Elle est montrée dans l’ouvrage comme un véritable outil de propagande. Là pour laver les cerveaux et expliquer qu’il est normal d’accueillir un million d’étrangers venant de l’autre bout du monde. Vous savez, tout comme moi, que la presse française actuelle en serait capable. Et, d’ailleurs, elle l’a déjà fait. En 2015, quand il a fallu accueillir un million de Syriens en Europe, la presse a fait un travail de propagande formidable.


Ce travail de propagande s’illustre avec Alan Kurdi. Rappelez-vous, cet enfant de 3 ans mort noyé en tentant, avec ses parents, de rejoindre l’Europe. La photo de son corps abandonné par la vie sur la plage va faire la une des médias (mais ils ne parleront pas de la condamnation des passeurs turcs qui ont été jugés responsables de sa mort). Le but : apitoyer les Européens, et les forcer à accepter cette invasion. Raspail a une phrase prophétique : « Rien n’est plus tolérable pour l’Occident. Que crèvent de misère, parmi des milliards d’humains, un seul Indien des Andes, un nègre du Tchad ou un Pakistanais et voilà que l’Occident se doit d’entrer en transes repentantes » (p. 111). Cette propagande médiatique par l’image pour nous faire accueillir un million de clandestins, Raspail l’a prédite dans son livre. Quarante ans avant le petit Alan, il écrivait : des « photos […] bouleversantes […] furent publiées en scoop dans les journaux du monde entier » (p. 99), « exactement aptes à émouvoir les âmes sensibles » (p. 150).


Toujours en ce qui concerne la presse, vous vous souvenez des pressions des annonceurs publicitaires qui refusaient que Zemmour intervienne sur CNews ? Raspail nous conte l’embarras d’un patron de presse qui ne peut remplacer Durfort, chroniqueur immigrationniste, par Senconac qui, lui, est opposé à l’immigration, car ce serait la fin de « dizaines de millions de francs » de recettes publicitaires.


D’un point de vue international, dans le roman, l’ONU passe son temps à gesticuler sans arriver à trouver de solutions. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Et en ce qui concerne les pays européens, le romancier écrit qu’ils ne cherchent pas de solution commune pour refouler les envahisseurs, mais qu’ils cherchent plutôt à se les répartir. On croirait lire une description de la politique migratoire de l’Union européenne.


Autre prémonition, le fait que les envahisseurs, qui voguent vers l’Europe sur de vieux rafiots, refusent l’aide alimentaire qui leur est fournie. Nous pouvons voir aujourd’hui des situations analogues. Comme celles où les clandestins refusent la nourriture non halal, mettent le feu à leur centre d’accueil ou jettent à terre les repas apportés par les organisations humanitaires car la nourriture ne leur convient pas.


Enfin, ce qu’est devenue l’Église du XXIe siècle avait été écrit dans Le Camp des saints. Déjà Raspail parle d’un pape Benoît XVI quarante-deux ans avant son intronisation, et aussi d’un pape sud-américain. Mais surtout, il avait vu le penchant migrantophile de l’Église qui veut tous les accueillir sans même chercher à les convertir. Dans le roman, lorsque les Indiens approchent de l’Europe, l’Église tente de les aider. Ils répondent en jetant des cadavres de Blancs sur les missionnaires. Le message n’est pourtant pas assez limpide pour l’épiscopat qui persiste dans sa volonté d’accueil et, pour cela, cache les crimes commis par ses protégés. L’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016 (où le père Hamel avait été égorgé par un musulman) est un bon exemple de l’aveuglement de l’Église d’aujourd’hui. Elle a préféré se soumettre plutôt que demander la fin de l’immigration. L’esprit d’Urbain II est bien loin.


Mais Raspail n’avait pas tout prédit. Il n’était pas assez imaginatif. Il n’avait pas pensé que le pape irait baiser les pieds des migrants !


Pour finir sur une note plus légère, Raspail a aussi inventé Jean Messiha. Il s’appelle, dans le roman, Hamadura, c’est un Indien, plus Français que les Français.


Alors, oui, je ne saurais que trop vous conseiller de lire (ou de faire lire) Le Camp des saints de Jean Raspail. Malgré les années qui passent, il est de plus en plus d’actualité.


Maxime Jacob

09/05/2020