Islamophobie: intoxication idéologique

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Au fond, les Occidentaux aimeraient que l'islam soit une sorte de christianisme exotique... ce qu'il n'est pas !


Tel est le titre de l’ouvrage essentiel que Philippe D’Iribarne vient de publier chez Albin Michel.


Le sous-titre est : « Anatomie d’une imposture ».


Le titre et le sous-titre donnent le programme : déconstruire un concept, « l’islamophobie », qualifié de « leurre » et d’« illusion ».


Anthropologue, Philippe D’Iribarne est une des gloires des sciences sociales françaises.


Il a passé sa carrière à étudier comment les cultures nationales influencent le comportement des individus dans les entreprises.


À 82 ans, il ne craint plus les représailles professionnelles.


Manipulation


Sa thèse centrale est que le mot « islamophobie » est une construction idéologique visant à faire croire que l’Occident aurait une « phobie », donc une peur globale et irrationnelle de l’islam au grand complet et de tous les musulmans.


Cette thèse est martelée par des organisations internationales, par des gouvernements de pays musulmans, par des associations militantes, par des universitaires, par des journalistes.


En vrai chercheur, D’Iribarne confronte cette « phobie » aux données disponibles.


Il examine les enquêtes sur l’opinion de la population majoritaire dans nos sociétés.


Il examine les enquêtes sur la perception qu’ont les musulmans de leur traitement.


Il examine les enquêtes sur ces employeurs qui, supposément, discrimineront impitoyablement s’ils ont à choisir entre les CV d’un « André Martin » et d’un « Mohammed Abbas ».


On découvre alors, dit-il, une méthodologie fautive et trompeuse, conçue pour parvenir au résultat voulu d’avance.


On découvre ensuite des réactions infiniment plus diversifiées et nuancées que cette hostilité globale à laquelle on veut faire croire.


Ces réactions nuancées tiennent à ce que les répondants comprennent, à des degrés divers, que l’islam comporte deux dimensions.


La première dimension est celle de n’importe quelle autre religion : une démarche spirituelle.


D’Iribarne montre que tant que le croyant musulman reste dans ce registre et dans ses manifestations concrètes – comme prier ou faire le jeûne du ramadan –, il n’y a guère d’hostilité.


Mais la majorité voit aussi, avec raison, que l’islam comporte souvent une deuxième dimension, qui est le projet politico-théologique de parvenir à imposer un nouvel ordre social.


Deux aspects de ce projet sont particulièrement inacceptables pour la majorité des Occidentaux.


Le premier, c’est le refus de la liberté de conscience. Dans cette conception rigoriste de l’islam, le musulman ne peut changer de religion ou abandonner sa foi.


Le second, c’est le statut inférieur de la femme, qui ne se limite pas aux vêtements « pudiques » ou à l’interdiction de marier un non-musulman, mais qui a souvent des prolongements légaux, notamment pour les héritages.


C’est ce projet expansionniste, revendicateur, militant qui est rejeté.


Ce qui est rejeté, c’est le volet de l’islam incompatible avec les valeurs occidentales de liberté et d’égalité.


Le discours sur « l’islamophobie » abolit cette complexité, ces nuances, minant toute réflexion sérieuse sur les conditions d’une intégration réussie.


Responsabilité


Nous devons « échapper à cette manipulation et cultiver un regard de vérité ».


Pire, dit l’auteur, « en faisant croire aux musulmans qu’ils sont des victimes systématiques, ne les prive-t-on pas de leur sentiment de responsabilité ? »


Une seule chronique ne peut rendre justice à un ouvrage d’une telle richesse. J’y reviendrai.




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