Selon l'ancienne ministre Nathalie Normandeau

Il y a encore du ménage à faire au PLQ

Elle refuse de porter seule le poids des magouilles

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L'anguille sous Roche

L'ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau a prétendu devant la Commission Charbonneau qu'elle ne savait rien des «magouilles illégales» utilisées pour financer le PLQ ni des combines de son propre chef de cabinet pour renvoyer l'ascenseur aux firmes de génie-conseil. Elle affirme toutefois «qu'il y encore du ménage à faire au sein du parti» de Philippe Couillard. Deux mensonges et une vérité pour prévenir les libéraux qu'elle pourrait cracher dans la soupe s'ils la laissent tomber.

Tout en se défendant de jouer à la victime, Mme Normandeau soutient néanmoins qu'elle a probablement été trahie par les siens. D'abord par Jean Charest qui a fait de Bruno Lortie son chef de cabinet; ensuite par Lortie, en dépit du fait qu'elle avait avec lui une relation de «confiance totale»; puis par Marc-Yvan Côté, «père spirituel» de Lortie, qui traficotait avec lui dans son dos pour renvoyer l'ascenseur aux généreux ingénieurs qui finançaient ses cocktails de financement.

La pauvre Nathalie, elle ne savait rien de tout ça ou presque. Elle n'était pas assez «naïve» pour s'imaginer que les ingénieurs n'espéraient rien en retour, mais elle ne leur a rien donné, affirme-t-elle d'une voix indignée. Elle déclare ensuite avec force qu'elle a érigé un mur entre son ardeur de militante et son rôle de ministre pour ne rien laisser passer. Y croit qui veut bien, mais elle n'a jamais parlé de son mur au personnel de son cabinet avec les résultats que l'on connaît.

Pendant qu'elle était ministre des Affaires municipales Mme Normandeau a utilisé son pouvoir discrétionnaire à 32 reprises afin d'augmenter les subventions à des municipalités dévitalisées qu'elle souhaitait appuyer davantage. Coïncidence, des firmes sollicitées par Marc-Yvan Côté ont arraché la part du lion: Roche a remporté 15 de ces projets et BPR 10. Nathalie Normandeau a quand même déclaré devant la Commission qu'elle ne savait pas quelles étaient les firmes en cause. Fiou, certains auraient pu prétendre que c'était arrangé avec le gars des cocktails.

Contrairement à ce que s'imaginent des esprits chagrins, Mme Normandeau a versé des subventions majorées aux municipalités défavorisées de la Gaspésie. Elle souhaitait envoyer un message clair à l'effet que le gouvernement était prêt à adapter ses programmes à la réalité sur le terrain. En somme, compenser la rigueur des normes bureaucratiques grâce à son pouvoir discrétionnaire de ministre. C'est un geste de noblesse qui en couvre un autre autrement plus terre à terre, financer le parti.

Mais Nathalie Normandeau a de nouveau affirmé hier qu'elle n'a «jamais commis d'acte criminel» dans l'exercice de ses fonctions. Il faut toutefois préciser que la loi sur le financement des partis politiques ne relève pas du code criminel. Il s'agit d'une infraction qui relève du droit pénal. Voilà, elle est blanche comme neige et elle a tout de même récolté jusqu'à $150 000 pour son parti lors de ses bonnes années de ministre des Affaires municipales. Pas mal pour quelqu'un qui ne savait rien du financement sectoriel avant d'entendre les témoins défiler devant la Commission Charbonneau. Pas curieuse l'oie blanche!

Devenu chef du PLQ, Philippe Couillard a clairement indiqué qu'il n'y avait pas de place pour Nathalie Normandeau au PLQ lorsqu'elle a laissé entendre l'année dernière qu'elle pourrait bien revenir un jour à la vie politique. Le dossier est loin d'être clos cependant puisque celle-ci y pense encore. Mais peu après avoir livré son spectacle devant la juge Charbonneau cette semaine elle se disait toutefois dégoûtée de ce que certains «magouilleurs» libéraux avaient fait de la politique. Sans doute que sa détermination est encore négociable, si M. Couillard comprend bien où se situe son intérêt.

On ne sait pas exactement pourquoi Nathalie Normandeau a choisi de quitter le gouvernement Charest alors qu'elle était une étoile montante du conseil des ministres. C'est à croire qu'il y avait probablement anguille sous Roche.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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4 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    20 juin 2014


    «L’ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau a prétendu devant la Commission Charbonneau qu’elle ne savait rien des « magouilles illégales » utilisées pour financer le PLQ...»
    Génial, la maîtrise de la langue, l'intelligence linguistique de notre ancienne vice-première ministre... Oui, car bien sûr, cette distinction (les «magouilles illégales») était fort nécessaire, car nous savons tous qu'il existe des magouilles parfaitement légales, n'est-ce pas?
    Continue comme ça, on t'adore, Nathalie!

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    20 juin 2014

    Pour une fois que cela brasse à RDI :
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2014/06/19/003-normandeau-recommandations-commission-charbonneau-temoignage.shtml
    ....
    http://ici.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=/global/Medianet/dernier/Dernier_RDI_24HeuresEn60Minutes.asx
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2014

    En plus d'avoir répété le mot "sincèrement" une dizaine de fois à l'entrevue de 24 heures en 60 minutes avec Anne-Marie Dussault; ce qui abat le record de l'ancienne ministre Courchesne ( Je l'ai aussi reconnu et je le regrette très sincèrement ), voila que Nathalie Normandeau nous ressort la réponse prémâchée libérale: Laissons la Commission Charbonneau et l'Upac faire son travail.
    Qu'espérer de plus à l'avenir avec des politiciens corrompus qui s'en tirent avec des entourloupettes toujours plus acrobatiques devant une population toujours plus septique et cynique, c'est que le mur se fissure et qu'un chef de cabinet qui vient de se faire larguer publiquement par sa ministre se mette à table et divulgue la face cachée du maître magouilleur premier ministre libéral Jean Charest.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2014

    Drôle quand même l'attitude un ti-peu complaisante de la juge en chef Charbonneau devant son ' invitée '' de classe, Nathalie Normandeau . Pourtant , depuis le début de cette Commission les fonctionnaires ont passés au cash , les syndicats ont passés au cash , les ingénieurs ont passés au cash et les entrepreneurs ont passés au cash !!! Et Nathalie , elle , a eu droit a beaucoup d'empathie et de douceur de la part des responsables de ce cirque nauséabond !