Il n’y aura pas de paix israélo-palestinienne: voici pourquoi

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Vers une annexion de la Cisjordanie transformée en Bantoustan sud-africain


C’était quand même assez culotté, pour ne pas dire carrément indécent, de la part de Trump et de Nethayahu d’annoncer «l’accord du siècle» pour assurer la paix entre Israël et les Palestiniens sans les consulter. 


Mais disons-le, leur objectif n’était pas de proposer un vrai plan de paix acceptable aux Palestiniens et aux pays arabes: Trump et Nethanyahu voulaient détourner l’attention des procédures légales dont ils sont l’objet et, surtout, satisfaire leur électorat et leurs bailleurs de fonds. La droite religieuse américaine et le lobby pro-israélien appuient inconditionnellement la politique du gouvernement d’extrême droite du Likoud envers les Palestiniens. 


La Ligue arabe a rejeté du revers de la main le soi-disant plan de paix. Les dirigeants arabes ont réaffirmé que toute solution devait comprendre la reconnaissance de deux États distincts. L’État palestinien devrait correspondre aux frontières d’avant la guerre des Six Jours de 1967 et avoir pour capitale Jérusalem-Est, occupée et annexée «pour l’éternité» par Israël à l’encontre du droit international et dénoncée comme telle par la majorité des pays de la planète. Néthanyahu a déjà annexé illégalement le Golan syrien avec l’appui de Trump. 



Mahmoud Abbas avec une carte montrant le rétrécissement des territoires palestiniens dans le plan de paix américano-israélien.

Photo AFP

Mahmoud Abbas avec une carte montrant le rétrécissement des territoires palestiniens dans le plan de paix américano-israélien.




Affirmant qu’il ne veut pas qu’on se souvienne de lui «comme celui qui a vendu Jérusalem», le président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé la rupture de «toutes les relations», y compris sécuritaires, avec Israël et les États-Unis. Abbas a proféré de telles menaces dans le passé. On verra, cette fois, s’il tient parole. L’Autorité palestinienne avait déjà rompu avec les États-Unis en 2017, quand Trump avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. 


Le président turc Erdogan a qualifié le plan de Trump d’«absolument inacceptable», dénonçant la «trahison» de pays arabes qui l’appuient: «Jérusalem ne peut pas être laissée dans les griffes sanglantes d'Israël». La Turquie, la puissance économique et militaire montante du Moyen-Orient, est passée d’alliée d’Israël à une hostilité croissante envers l’État juif. Les Palestiniens et les musulmans n’abandonneront jamais Jérusalem-Est où se trouve le Mont du Temple et l’esplanade des Mosquées, troisième lieu le plus sacré de l’Islam d’où Mahomet est réputé être monté au ciel. 


Défiant les Nations-Unies, mais sous la protection du veto américain, Israël a installé quelque 500 000 colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les colonies juives couvrent maintenant quelque 40% du territoire de la Cisjordanie et leur développement se poursuit à un rythme effréné


Mais il n’en demeure pas moins que d’ici quelques décennies, les musulmans vont être majoritaires sur le territoire entre la Méditerranée et le Jourdain, qui englobe Israël, la Cisjordanie et Gaza. Deux États imbriqués peuvent-ils coexister dans un enchevêtrement d’enclaves et un empêtrement de juridictions? Cela m’apparaît impossible. 


La création de deux États véritables impliquerait d’importants transferts de population qui sont tout aussi irréalisables, compte tenu des animosités intracommunautaires et interethniques qui caractérisent Israël et la Palestine. Loin de s’atténuer, ces problèmes vont s’accentuer dans les années à venir. 



L'ancien président américain Jimmy Carter

Photo d'archives, AFP

L'ancien président américain Jimmy Carter




En réalité, dans l’accord de paix Trump-Netanyahu, il n’y aura qu’un véritable État, Israël, au sein duquel seront insérées des enclaves palestiniennes, de véritables «Bantoustans», ces entités créées à l’époque de l'apartheid en Afrique du Sud pour parquer les Noirs en leur accordant une certaine autonomie. L’ancien président Jimmy Carter a anticipé une telle évolution et a eu le courage de la dénoncer


Comment peut-on imaginer établir une paix durable dans de telles conditions? Ce plan de paix est le rêve de l’extrême droite israélienne. Il risque, un jour, de se transformer en cauchemar. 




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