Les Américains viennent de perdre en Afghanistan un avion de surveillance électronique E-11A, qui s’est écrasé à Ghazni, une région contrôlée par les talibans, entraînant la mort de ses occupants. Des images circulent en ligne des débris de l’avion et de restes carbonisés de personnes à bord. Il s’agit d’un Global Express de Bombardier que j’ai présenté dans un blogue sur les versions militarisées de l’avion d’affaires.
La destruction de l’appareil a amené les Iraniens à rêver en couleurs et à prendre leurs désirs pour des réalités. Plusieurs sites médiatiques iraniens importants, disant se baser sur des sources au sein des services secrets russes, ont affirmé que l’un des maîtres-espions de la CIA, Michel D’Andrea, se trouvait à bord de l’appareil. Rien pour l’instant ne permet d’authentifier cette information. Chef des opérations de la CIA pour l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan, D’Andrea est présenté comme l’homme qui a orchestré l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani à Bagdad au début de l’année.
C’est une excellente occasion de présenter l’individu qui pourrait sortir d’un thriller d’espionnage. Pas dans le rôle du héros, mais dans celui du vilain exécuteur de basses œuvres. D’ailleurs pour illustrer son reportage à son sujet la chaîne iranienne d’information continue a montré une image de l’acteur Fredric Lehne qui incarne un personnage inspiré D’Andrea dans le film Zero Dark Thirty, la dramatisation de l'assassinat du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.
L’administration Trump lui a confié la responsabilité des opérations de la CIA contre Téhéran en 2017 avec pour mandat d’avoir une attitude plus agressive envers l’Iran. L’exclusivité du New York Times avait mené le secrétaire d’État Mike Pompeo a déclaré que la publication du nom de Michael D’Andrea par le Times, était “unconscionable” (indéfendable, inadmissible) et le journal avait dû se défendre et expliquer sa décision .
Surnommé Ayatollah Mike, Prince Noir et Croque-mort, D’Andrea est l’une des personnalités les plus bizarres et critiquées de la CIA .
D’abord, chose pour le moins surprenante, c’est un musulman! Il s’est converti à l’islam pour épouser sa femme issue d'une grande famille de l'île Maurice. Le couple s’est rencontré lors de la première affectation D’Andrea à l'étranger en Afrique de l'Est.
Depuis 20 ans, il a dirigé les activités les plus répréhensibles et les plus dénoncées de l’agence de renseignement. Selon le New York Times, c’est D’Andrea qui avait la responsabilité de la campagne d’assassinat par drones de la CIA qui, a tué des milliers de militants islamistes à travers le monde arabo-musulman, mais aussi des centaines de civils qui avaient le malheur de se trouver à proximité des individus ciblés par les Américains, devenant ainsi des «dommages collatéraux»...
Après le 11 septembre 2001, il a pris en charge le Centre de lutte contre le terrorisme de la CIA où il a été au cœur du programme d’interrogatoires renforcés (enhanced interrogations) l’euphémisme pour désigner la torture. En plus d’avoir supervisé la traque et l’exécution d’Oussama ben Laden, il a dirigé celles d’un leader du Hezbollah, Imad Mughniyah , à Damas, en Syrie avant de superviser l’exécution du Général Soleimani.
Pour les Iraniens et tous les autres ennemis des États-Unis au Moyen-Orient, D’Andrea est l’homme à abattre. D’ailleurs, après l’assassinat de Solemani, le commandant en chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, le général Hossein Salami, a juré de le venger et a averti qu'aucun commandant militaire américain ne serait en sécurité si l'administration Trump cible les commandants iraniens.