Mise à jour budgétaire

Il faut revoir le plan

Budget Québec 2010

Pas facile pour un ministre des Finances de dresser un portrait positif d'une situation financière aussi difficile que celle du Québec, tout en prévenant les contribuables qu'ils devront payer davantage pour les services publics même si leurs revenus sont gelés. Avant de dire oui au plan Bachand, il faudrait tirer des leçons de l'expérience des années 1990.
Contrairement à l'Ontario qui a dû additionner 10 milliards aux 14 milliards de déficit déjà prévus pour l'année en cours, le ministre Raymond Bachand ne corrige le tir que de façon marginale en ajoutant 750 millions aux 3,9 milliards qui étaient inscrits au dernier budget. Le Québec s'en tire donc un peu mieux que l'Ontario dans cette récession, mais comme notre économie se relèvera plus lentement, nous serions mal avisés d'imiter la grenouille de la fable en parlant de nos voisins.
Avec une structure de services publics aussi lourde à soutenir et des prévisions de croissance très faibles pour les prochaines années, la question qui vient à la lecture de la mise à jour du ministre Bachand est de savoir s'il est réaliste, et même souhaitable, de suivre ce gouvernement dans son plan de retour à l'équilibre en quatre ans. Ni Ottawa ni l'Ontario ne visent un objectif aussi ambitieux.
La dernière fois que Québec a voulu faire vite, sous Lucien Bouchard, la qualité des services publics en a souffert sans que la situation financière soit enviable par rapport à l'Ontario, qui avait choisi de prendre quelques années supplémentaires.
Le ministre des Finances prétend que c'est l'importance de notre dette qui justifie d'agir ainsi. Rappelons que l'objectif d'un gouvernement n'est pas d'éliminer la dette, mais de la réduire par rapport au PIB pour diminuer la facture annuelle des intérêts. Or, à l'heure actuelle, ces intérêts accaparent 10 % des revenus du Québec, contre 17 % il y a 10 ans. Si ce pourcentage est appelé à augmenter, c'est à cause du déficit anticipé, certes, mais aussi, ou sinon surtout à cause du gâchis à la Caisse de dépôt et des 40 milliards que Québec veut consacrer à son programme d'infrastructures entièrement financé par des emprunts.
Pour ralentir la croissance de la dette, on pourrait donc très bien diminuer le rythme des investissements dans les infrastructures, y compris dans celles d'Hydro-Québec, ce qui aurait pour effet secondaire non négligeable de faire chuter la pression sur les coûts. N'est-ce pas d'ailleurs ce que le gouvernement Charest lui-même a fait en prenant le pouvoir en 2003? Puis, n'y a-t-il pas de limites à encourager une seule industrie, celle de la construction (et de la collusion...) sous prétexte de stimuler la croissance? D'autres moyens existent, tout aussi efficaces, comme d'investir dans le savoir, la recherche et le développement, une voie que l'Australie a privilégiée avec plus de succès que nous au cours des récentes années.
Selon le plan du gouvernement, Québec devra non seulement comprimer ses dépenses de façon irréaliste (3,6 % de hausse annuelle au lieu de 4,6 % en moyenne ces dernières années), mais il lui faudra aussi puiser au moins 6 milliards de revenus annuels supplémentaires dans les poches des citoyens à l'horizon de 2013, y compris l'augmentation de la TVQ en 2011. Ça n'a aucun sens dans un contexte où la vaste majorité des salariés ne connaîtront à peu près aucune hausse de revenus!
La consultation qui débutera bientôt doit être l'occasion d'explorer d'autres avenues que celles qui ont été empruntées lors du premier exercice de retour à l'équilibre, sous Lucien Bouchard.
j-rsansfacon@ledevoir.com


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