Patrimoine

Il faut agir maintenant pour sauver nos lieux patrimoniaux

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« Si le Québec est encore vivant aujourd’hui c’est à cause de notre devise : je me souviens. »

Nous avons reçu récemment dans notre boîte à lettres un pamphlet d'information de la paroisse Sainte-Victoire de Victoriaville (qui regroupe 3 églises) traitant du sujet pressant de l'avenir du patrimoine bâti de la paroisse. Il s'agit d'une réflexion nécessaire sur la pérennisation de nos églises. La paroisse est maintenant à la croisée des chemins. Le conseil de la fabrique sainte-victoire prendra donc les meilleures décisions qui s'imposent en concertation avec la ville de Victoriaville pour la pérennisation des églises de la paroisse.  


Les coûts liés à l'entretien des bâtiments vieillissants augmentent mais les revenus diminuent d'année en année. Même si plusieurs jeunes adhèrent aux valeurs chrétiennes, ils vivent leur foi de manière différente. Donc la relève n'est pas à un niveau nécessaire pour la pérennisation de nos églises. En 2019, moins de 10% des québécois assistait souvent à des services religieux, contrairement à 80% dans les années 60. 


L’avenir des églises


Cette situation est la même partout au Québec. Depuis 2003, 22% des églises de toutes confessions ont été en mutation au Centre-du-Québec, soit 26 églises sur 115. Depuis 2015, 10 églises catholiques ont changé de vocation ou ont été fermées au Centre-du-Québec. En 2019, 23% des 2751 églises du Québec vivaient un changement de vocation. L'avenir des églises représente un enjeu patrimonial majeur pour Victoriaville ainsi que pour toutes les autres municipalités du Québec.  


Le temps des réflexions est maintenant passé. Il faut agir maintenant car il sera trop tard très bientôt. Il faut désormais assurer la pérennité de ces lieux patrimoniaux et historiques importants. 


C'est ici et maintenant qu'entre en jeu la responsabilité du gouvernement du Québec. Prendre en charge tout le patrimoine religieux du Québec signifie bien entendu une charge financière très importante. Une politique globale de prise en charge aurait dû être élaborée il y a plusieurs années, ce qui n'a malheureusement pas été fait. Voici ce que je suggère à votre gouvernement: 


(1) il n'est pas question d'acquérir aucun bâtiment en ce moment. Seulement de mettre un frein et stopper les ventes des bâtiments ainsi que leur transformation, en accord avec les diocèses propriétaires du Québec. Il s'agit à ce stade-ci de prendre en charge uniquement les rénovations urgentes et nécessaires. Le Québec est extrêmement riche. Il est en mesure de trouver le financement nécessaire, possiblement en collaboration avec les municipalités et autres partenaires. 


(2) la pérennisation de ce patrimoine passe nécessairement par la pérennisation du financement, par la création d'une puissante fondation, par l'intermédiaire de la caisse de dépôts et placements. Je ne comprends pas que cela n'ait pas été fait il y a plusieurs années. Une surtaxe de 1% sur le profit des entreprises pourrait commencer à garnir le capital de la fondation. 


(3) des crédits d'impôts remboursables sur les frais d'électricité et de chauffage des bâtiments religieux doivent être offerts dès cette année. 


Mesures immédiates


Avec ces mesures, prises immédiatement cette année, et même cet été car le temps presse, la situation commencera à se renverser pour le meilleur. Nous aurons alors le temps de réfléchir à l'avenir de l'utilisation de ce patrimoine, en le conservant pour les générations à venir.  


La majorité des québécois demeure néanmoins croyante. Qui sait ce qui arrivera dans les décennies et siècles à venir. Les générations à venir nous remercierons d'avoir sauvegardé ce trésor magnifique qui est le nôtre. Mais il faut y voir immédiatement. Nous sommes à la croisée des chemins, maintenant, cette année. 


Aucun projet de loi n'est nécessaire pour commencer à bouger. Un décret gouvernemental suffit pour passer à l'action maintenant! Il n'y a plus de temps. Chaque jour qui passe nous fait perdre des trésors de patrimoine. 


Je ne suis pas pratiquant. Je suis non croyant. Cependant comme disait Churchill, un peuple qui n'a pas souvenirs n'a pas d'avenir! Les anciens qui nous ont précédés ont payé pour ce patrimoine. Ils ont payé pour nous. Si le Québec est encore vivant aujourd'hui c'est à cause de notre devise: je me souviens. 


Soyons maudits si nous échouons à cette tâche qui n'est pourtant pas si compliquée. En cela la France n'a pas échoué. C'est notre tour maintenant. Aujourd'hui! 



Yvan Leblanc, physicien théoricien


Victoriaville



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