Hillary avant Clinton

Chronique de Djemila Benhabib


Hillary Clinton a officialisé, hier, sa seconde candidature aux primaires démocrates, après sa défaite de 2008 contre Barack Obama. Elle dispose de vingt mois pour convaincre ses concitoyennes et concitoyens de la pertinence de la faire élire au sommet de l’État.
Elle, qui a été la femme de Bill mais pas seulement, se lance encore dans la course. Première dame de 1993 à 2001, sénatrice et secrétaire d’État, elle est devenue une figure incontournable de la politique américaine pour laquelle elle se passionne depuis les années 1970. De toute façon, cette femme en sait beaucoup trop pour rester dans l’ombre d’un mari, prisonnière de son histoire. Elle brode la sienne avec soin. Surtout, ses instincts la gardent éveillée et ce, depuis toujours.
C’est une professionnelle de la chose publique. Sang-froid, réflexes, calculs immédiats et sens de la répartie, une sorte de « surfemme ». Ses rivaux républicains ont à peine fait quelques voyages à l’étranger, alors qu’elle a rencontré des dizaines et des dizaines de présidents et de chef d’État et a jonglé avec des enjeux et des crises internationaux.
Restons prudents. Ce n’est pas parce qu’elle est choisie cinq fois par le Time magazine pour figurer sur la liste des cent personnes les plus influentes au monde et qu’en 2011 et 2012, Forbes magazine la classe au deuxième rang de la liste des femmes les plus puissantes du monde, que c’est gagné d’avance. Non, loin de là.
Femme publique qui ne craint pas de bousculer les normes. Elle admet qu’elle n’a que peu d’intérêt pour la mode. Son style a en effet souvent été raillé par la presse féminine.
Au moins avec elle c’est clair, il y a la politique, encore la politique et toujours la politique.

Ça bouge …un peu
Bien sûr le Brésil a réélu Dilma Roussef. L’Allemagne est dirigée par une main de fer par la chancelière, Angela Merkel, depuis 2005. Il s’agit là de son troisième mandat. La Finlande est le pays ayant élu le plus de femmes première ministre. L’Islande remporte la palme de la parité dans la représentativité politique. Les pays nordiques ne cessent de nous impressionner.

« S’il est vrai qu’aucun pays n’a atteint la parité entre hommes et femmes à tous les niveaux, les pays nordiques restent les sociétés les plus égalitaires du monde. L’année dernière, les quatre nations en tête du classement étaient l’Islande (1ère), la Finlande (2 ème), la Norvège (3 ème) et la Suède (4 ème), suivies du Danemark, qui est remonté de la huitième à la cinquième place. » – Le rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes

Dans quel autre parlement de quel autre pays, la quasi-parité existe? Et bien c’est au Rwanda. Ça bouge aussi sur le continent africain. Ellen Johnson Sirleaf a été en 2006 la première femme élue au suffrage universel à la tête d’un Etat africain, le Libéria. Et réélue en 2011. En tête des pays les plus égalitaires sur tous les plans, on retrouve aussi Nicaragua, le l’Irlande, les Philippines et la Belgique.
Une hirondelle ne fait pas le printemps
On le voit bien avec les statistiques qui sont chargées de moins de gloire. Une hirondelle ne peut faire le printemps. Les mentalités doivent changer. Si tant de femmes talentueuses échouent à s’accomplir dans le monde politique, encore très masculin, il y a forcément matière à réflexion et à action.
On ne peut évoluer qu’au prix d’un effort collectif qui implique les hommes, les organisations de travail et les pouvoirs publics. Il faut un engagement politique fort qui se traduit par des réformes sociales audacieuses, c’est à cela qu’étaient destinés les programmes des garderies abordables et les congés parentaux. Tout ce que le gouvernement Couillard s’attèle à défaire avec un malin plaisir.
Puis, il parait que la compétence se pose toujours pour les femmes et rarement pour les hommes. La célèbre journaliste et écrivaine française, Françoise Giroux, disait à ce sujet qu’on aura fait des progrès « le jour où autant de femmes incompétentes que d’hommes incompétents seront nommés». C’est une façon assez originale de voir les choses…N’est-ce pas?


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juillet 2015

    Si c'est Hilllary Clinton qui représente une avancée du féminisme, je veux bien manger mes bas.
    Yourcenar
    https://www.youtube.com/watch?v=F0N3EofaqkM
    Franchement...Qu'est-ce qu'elles vont gagner ? Qu'est ce qu'on va gagner ? Plus de terrorisme..Plus de guerre au moyen-orient. De voir une femme comme vous, qui militez pour la laïcité et contre l'islamisme radical, s'extasier devant la candidature de Clinton, ça me sidère.

  • Gélinas Claude Répondre

    18 avril 2015

    Madame Clinton rêve de devenir le Première présidente des États Unis. Un
    rêve ultime bien avant celui de défendre la classe moyenne. À tort ou à raison cette femme n'a pas la confiance des électeurs. Tout sonne faux !
    Si la tendance se maintient les États Unis sera devenu un pays incapable d'avoir comme président une personne autre que celle venant des dynasties Bush et Clinton.
    Toujours dotées des mêmes réseaux, des mêmes conseillers et des mêmes grands contributeurs à la caisse électorale qui par la suite tirent les ficelles afin qu'aucune mesure favorisant la justice sociale ou la réduction des inégalités ne soient adoptées.
    À la place de Madame Clinton j'aurais préféré la candidature de la sénatrice du Massachussets, une battante beaucoup plus crédible et moins inféodée au grand capital. Une femme libre qui n'a pas langue de bois. Malheureusement, elle ne souhaite pas être candidate.