Harper à la chasse aux «séparatistes»

Coalition BQ-NPD-PLC



(Ottawa) Stéphane Dion et le Parti libéral ont trahi le Canada en s'alliant aux «séparatistes» qui veulent détruire le pays. Et Gilles Duceppe a trompé les souverainistes en s'alliant au père de la Loi sur la clarté.
Nous l'avons entendu hier, vous l'entendrez tous les jours, car telle est la ligne officielle du Parti conservateur dans la crise en cours : plus qu'une crise politique, le pays vivrait une crise existentielle.
Les conservateurs utilisent tous les moyens pour sauver leur pouvoir, mais l'argument de fond demeure le même : Dion et Duceppe, même combat.
Pour l'instant, ils visent le public anglophone, plus facile à alerter. Ainsi, à quatre reprises au parlement, hier, Stephen Harper a répondu dans sa langue à des questions posées en français.
L'objectif visé : démarrer une nouvelle saison de chasse aux souverainistes, appelés «séparatistes» dans l'autre langue, au risque de s'aliéner les nationalistes mous.
Finie l'ère de la flatterie envers le Québec, et les ministres et députés québécois sont laissés à eux-mêmes, forcés de régurgiter les lignes directrices du bureau du premier ministre.
Car si la version officielle est que Dion prépare la fin du Canada en s'alliant à Duceppe, la version française, elle, soutient que «Duceppe a trompé les membres de son parti en s'alliant à l'ennemi», dixit, entre autres, le député charlesbourgeois Daniel Petit.
Vu du Québec, nous qui connaissons M. Dion, l'argument paraît totalement farfelu. Comment M. Dion peut-il trahir le Canada? Poser la question, c'est y répondre.
Seulement, ce qui était vrai durant la campagne électorale demeure vrai aujourd'hui : M. Dion n'est pas le meilleur comédien en ville, il n'a pas la prestance qui convient à son rôle.
À l'inverse, Stephen Harper ? le seul responsable de la crise en cours ? manie à merveille le négativisme et a déjà repris le sentier de la guerre.
Croisé dans les corridors du parlement, Thomas Mulcair, qui ne se privait pas d'attaquer Stéphane Dion alors que tous deux étaient ministres de l'Environnement, n'en revient pas des passions soulevées par la réaction des conservateurs contre la coalition «séparatiste».
Il ressortait d'une ligne ouverte sur une station de Winnipeg et disait que les gens, là-bas, étaient tout simplement pompés contre l'initiative de l'opposition. Fouillez un peu sur les blogues, et vous verrez par vous-mêmes que plusieurs ont la haine du Québec à fleur de peau.
M. Mulcair lui-même s'est fait traiter de «traître» à son entrée au parlement, et le ton de la madame l'a sérieusement inquiété.
Il faut dire que le langage venu d'en haut n'incite pas à la retenue, quand le ministre Jean-Pierre Blackburn accuse le Bloc de vouloir «foutre le bordel dans le pays».
Évidemment, M. Blackburn et ses collègues ont déjà oublié que leur propre gouvernement a survécu aux 18 premiers mois de son mandat avec justement l'appui du Bloc québécois, avant que ce dernier réalise qu'il perdait des voix en se collant au pouvoir.
Mais la mémoire est une faculté qui oublie...


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